Pour sa deuxième édition, la Casa del Arte a organisé avec succès la deuxième édition du festival de tango argentin, MaTango, qui s'est tenu du 8 au 12 avril à Casablanca et Meknès. Un rendez-vous de musique et de danse pour professionnels, amateurs et curieux. « Vamos a milonguear ! » S'il est un lieu qui peut désormais rivaliser avec Buenos Aires, la capitale du tango argentin, c'est bien Casablanca ! L'Art Déco, c'est le trait d'union qu'ont su exploiter les organisateurs de MaTango pour créer des passerelles entre deux univers à l'histoire commune, et diffuser la culture du tango au Maroc, à travers une large programmation de spectacles de grande qualité, de bals de tango, mais aussi de projections de films, de conférences, d'expositions et de cours de danse avec des grands noms du tango argentin, comme Jorde Rodriguez. Tango et Art Déco «Casablanca est la petite sœur de Buenos Aires de par son histoire et son architecture. N'oublions pas que l'architecte français Jean-Claude Nicolas Forestier a travaillé sur les plans d'aménagement des deux villes dans les années 1920», a-t-on pu entendre lors de la conférence organisée aux Transculturelles des Abattoirs sur le thème «Art Déco, Architecture et Tango». Ce jour-là, l'architecte argentin Marcelo Martin a retracé l'histoire de cette danse sur fond de révolution architecturale, au son des grands airs de tango classique. Ici comme là-bas, l'Art Déco a ainsi transfiguré le paysage urbain, au fur et à mesure que l'architecture donnait à cette danse ses lieux d'expression dans la capitale argentine, cabarets, cafés et dancings. Milongas et despedida Mais MaTango est aussi et surtout un festival de danse et de musique. «Vamos a milonguear !» C'est la phrase commune lancée par les habitués du tango avant d'entrer dans le cercle des tangueros. Le soir de l'ouverture du festival, la cathédrale du Sacré-Cœur a résonné du chant triste et de la longue plainte de l'accordéon argentin. La milonga, ou bal de tango, a réuni les couples de tangueros à la mine grave, qui ont exécuté les pas lents de cette danse d'origine africaine, métissage des multiples cultures qui ont forgé l'Argentine actuelle. Pas moins de quatre milongas ont été organisées durant l'événement. Le dernier soir, les danseurs ont clos le festival par une despedida, séance d'adieu en espagnol, au complexe de la Casa del Arte. Entre les deux soirées, les concerts se sont succédés à Casablanca et Meknès. Premier temps fort vendredi 10 avril au théâtre Touria Sekkat de Casablanca, avec le couple de tangueros argentins Julia et Andrès Ciafardini, sur la musique du sextet Las Malenas, un groupe de 6 jeunes musiciennes argentines et françaises qui mélangent compositions originales et anciens tangos revisités. Sans oublier les artistes marocains, à l'honneur durant ces quatre jours. Le groupe Macadam et son chorégraphe Abdelillah Mesbah ont ainsi enflammé la salle du théâtre Mohammed VI de Casablanca, pour une rencontre entre hip hop et tango, avant de laisser la place aux guitaristes Nabil Benhassoune et Redouane Haouti, accompagnés par l'accordéoniste Amine Izagaren. Les danseurs Mehdi Kennar et Atika Ratim ont poursuivi ce tableau par leur interprétation du Tango Nuevo. Pour les organisateurs de l'édition, elle fut un succès, même s'ils déplorent une moindre affluence à Meknès. «Le public de Meknès est un peu plus frileux, mais nous comptons sur le bouche- à-oreille pour les prochaines éditions», précise Adam el Mahfoudi, l'un des organisateurs. Décidément, le Maroc bruisse en ce moment d'un souffle de créativité. On en redemande ! ■