Le Maroc a célébré, le week-end dernier, une Journée Internationale de la Femme pas comme les autres. Entre ce 8 mars donc, et le 10 octobre, Journée nationale de la femme, les portes des communales leur sont maintenant grandement ouvertes. En lançant la 2ème campagne nationale de sensibilisation dans les 16 régions du Royaume sous le slogan «Femmes dans les communes : un levier de la gouvernance locale», la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité a réussi un coup de maître en faisant équipe soudée avec un Département de l'Intérieur présent en force. Aux côtés des ministres Yasmina Baddou et Nizar Baraka, Nouzha Skalli et Chakib Benmoussa ont, à eux seuls, assuré le spectacle qui valait bien le détour pris par les partis politiques, les ONGs féminines, les experts et les organisations internationales partenaires.
La revanche des femmes Il fallait réparer le tort préjudiciable de l'exclusion massive des femmes des communales de 2003 où elles ne furent que 127 à être élues dont deux présidentes de conseils (Essaouira et Safi). Un scandale reléguant la parité aux calendes…marocaines puisque ce nombre représente…0,56% du total des élus locaux, tous genres confondus. Heureusement, les derniers amendements de la charte communale, du code électoral et les incitations à l'encouragement au soutien et au renforcement des capacités de représentativité féminine permettent de tabler sur un minima incompressible de 12% de femmes correspondant à 3260 élues de proximité dont nous en espérons un bon nombre à la tête des conseils municipaux. Une belle revanche pour entamer résolument une nouvelle ère d'égalité des chances entre les sexes dont les prémices étaient annoncées avec le quota parlementaire de 10% genre des listes nationales (elles sont 34 députées aujourd'hui à la 1ère Chambre). Elles sont aussi 5 ministres et secrétaire d'Etat dans l'actuel gouvernement. Nouzha Skalli est déterminée à tout mettre en œuvre pour atteindre, à terme, le quota de 30% de représentativité genre dans les communes. Une certitude : beaucoup de choses changeront après le 12 juin 2009 dans la gouvernance de proximité grâce au sérieux et à l'intégrité des femmes marocaines, leurs compétences, leur fibre sociale aiguisée. L'ambiance dans la grande salle, ce samedi 7 mars, était à l'enthousiasme. L'appel de Benmoussa a retenti en ces termes : «Il faut arriver à dépasser la présence symbolique de la femme dans la participation politique pour qu'elle soit en mesure de jouer un plus grand rôle dans la gouvernance locale». Un appel suivi dans la foulée de deux autres à l'adresse des partis politiques et de la société civile féminine les invitant, respectivement, à soutenir le renforcement des capacités féminines et à sensibiliser la femme à la chose électorale. Concrètement, est mis en place un fonds de soutien alimenté de 10 millions DH au titre de la Loi de Finances 2009 ouvert aux projets éligibles au soutien de la représentativité locale des femmes jusqu'à concurrence de 200 000,00 DH par initiative. «La femme doit accéder aux fonctions de décision dans tous les domaines », conclut le ministre de l'Intérieur. De son côté, Nouzha Skalli a appelé à « ouvrir une nouvelle page, celle de la participation de la femme à la gestion communale, de leur rendre ainsi justice, de permettre aux femmes de contribuer au développement social dont elles sont un levier essentiel et, enfin, d'utiliser leurs talents , leur compétence et leur sens élevé du social au service de la gestion locale».