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Accusé de graves délits qualifiés de «crimes» : Belkora sera déféré devant la justice
Publié dans La Gazette du Maroc le 06 - 02 - 2009

Choix prémédité du timing politique, signal politique en prélude des prochaines batailles électorales, harcèlement du PJD par l'Etat… tous les prétextes ont été étalés pour alimenter un faux débat autour de la destitution du maire de Meknès. Sauf que des révélations compromettantes enfoncent Aboubakr Belkora et mettent encore plus à mal son parti, le PJD.
Il existe des dépassements dans toutes les communes», c'est en ces termes que le Wali en charge de l'IGAT (Inspection générale de l'administration territoriale) du ministère de l'Intérieur, a tenu à faire éclater au grand jour les quatre vérités d'un Etat souvent accusé à tort, de calculs étroits à l'approche de chaque grande échéance électorale. Et tous ceux qui s'entêtaient à mettre en doute la crédibilité de ce dernier «diabolisé» tout en «victimisant» la bande à Abdelilah Benkirane, devront ravaler leurs salades. Sauf que des sanctions sont prononcées dans les cas de délits graves comme «l'enrichissement personnel d'un responsable élu ou de membres de sa famille en accordant délibérément des autorisations de construire ou en dérogeant aux règles et textes pour encourager l'habitat anarchique comme cela a été dûment relevé par les inspecteurs à Meknès», persiste et signe Mohamed Fassi Fihri. Le maire mis en cause, en dépit de ses gesticulations publiques proclamant son «innocence» et excipant de sa prétendue «transparence» pour tromper l'opinion publique et ses électeurs sur une «machination montée de toutes pièces contre lui», devra s'expliquer devant la justice puisque le dossier a été déféré devant les juridictions compétentes au motif de délits graves qualifiés de «crimes» en matière d'infractions délibérées à la gestion de la chose locale aux fins d'enrichissement personnel et familial.
L'audit de l'IGAT à Meknès a été diligenté de longue date, en juin-juillet dernier et la procédure d'investigations complémentaires aux mois d'octobre et de décembre 2008 a été complétée par des recoupements avec la Cour régionale des comptes de la capitale ismaélienne confirmant les dépassements constatés. Dans la demande d'explication écrite adressée au maire Belkora le 22 juillet, celui-ci a largement dépassé le délai de quinzaine règlementaire pour ne daigner répondre que le 15 août 2008 en endossant les «erreurs» auditées par l'Intérieur tout en se prévalant de sa bonne foi. Et si la décision de destitution n'a été prise que récemment, il faut dire que le concerné incriminé et le chef de son parti en étaient dûment informés depuis deux semaines avant qu'elle ne soit rendue exécutoire.
Sur le même banc des accusés
Et que reproche-t-on au maire ? La liste des abus et trafics d'influence est longue selon le rapport de l'Inspection : infraction aux lois et textes régissant les marchés publics, dérogation aux règles de la concurrence dans la procédure d'appel d'offres pour le choix des entreprises de travaux, délivrance illégale de 8 permis de construire et de 18 permis d'habiter, défaut de sanction contre les irrégularités commises en matière d'urbanisme (Plus de 500 cas constatés en 2007), autorisation (illégale) à l'épouse du maire pour la construction d'un complexe immobilier de 200 appartements répartis sur 9 immeubles et construction d'étages supplémentaires (interdits), exemption illégale de paiement par l'épouse des taxes et impôts d'une valeur de plus de 1.000.000,00 DH sur les constructions entreprises… et la liste n'est pas encore finie. Et ceux qui croient à la «persécution» du PJD, devront démontrer la crédibilité de ce dernier dont les hauts cadres, déjà mis à mal avec les «gaffes politiciennes» sur le compte de solidarité avec Gaza, puisque sur tous les cas incriminés en plus d'une année, la formation de Benkirane est la seule à contester les mesures prises par l'IGAT. En effet, au terme des 188 missions de contrôle effectuées depuis janvier 2008, et dont 65 inspections ont intéressé la gestion communale, 18 présidents de communes urbaines et rurales et 5 vice-présidents appartenant à différents partis politiques toutes tendances confondues, ont été destitués (Khouribga, Oulmès, Moulay Abdellah, Meknès, Lahraouiyine, Ben Khaled, Ouled Frej ; Harbil…). Pire encore, la majorité et l'opposition se partagent les sanctions et les plus grandes formations n'ont pas été épargnées. A ces résultats peu dignes de la moralité de l'action partisane, il faut ajouter la décision prise par l'Intérieur de suspendre de leurs fonctions 20 vice-présidents et élus locaux, comme ont été relevés de leur poste 5 autres présidents et leurs adjoints. Fassi Fihri s'est appliqué à convaincre, à la rencontre de clarification du lundi 2 février que l'action de l'IGAT est normalement programmée sur l'ensemble d'une année et les conclusions des audits effectués ne sont dirigées contre personne, contrairement aux rumeurs sans fondement «victimisant» le PJD. Le Wali patron de l'Inspection a tenu à rappeler que l'action menée avec la rigueur et l'impartialité qu'elle connaît entre dans le cadre de la mise en œuvre des Instructions Royales sur la moralisation de la vie publique. «Personne n'est au-dessus de la loi et la transparence doit être de mise dans la gestion de la chose locale», sont les avertissements solennellement donnés en maintes occasions par un ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa déterminé à faire respecter la loi par tous. ■
A l'heure de l'épreuve de vérité. L'hypocrisie des «faux dévots»
«Cachez ce sein que je ne saurai voir…», ce passage de Molière dans la célèbre comédie de « Tartuffe » est encore d'actualité dans un parti islamiste versant désormais dans la surenchère et le chantage politique depuis la déroute électorale aux législatives du 7 septembre 2007. Les carottes seraient-elles cuites pour un PJD dont le nouveau leader aligne les «gaffes» à chacune de ses sorties, semant la confusion dans l'opinion publique, avide d'agitation politicienne et cherchant désespérément à redorer le blason de la formation à la lanterne en voie d'extinction. Si le département de l'Intérieur semble résolument disposé à jouer à fond la carte de la transparence et de la moralisation publique, autant que la chasse donnée aux «ripoux» et barons de la drogue sans épargner les mis en cause épinglés dans les rouages des corps sécuritaires de l'Etat, il ne se trouve que le PJD de Benkirane pour s'en offusquer en vue de maintenir le Maroc des abus et des privilèges. Le Maroc ne l'entend pas de cette oreille et a décidé de sévir partout et à tous les niveaux pour révéler au grand jour l'étendue de l'hypocrisie des «faux dévots» tartuffes en puissance déviant des bonnes pratiques morales et consciencieuses de la gouvernance locale. Et quant aux Cassandre arguant du «calendrier» pour récuser le bien-fondé des conclusions de l'IGAT et des sanctions prononcées à l'encontre des élus contrevenants, ils se contenteront de savoir que toutes les procédures mises en œuvre sont conformes aux lois en vigueur et à la nouvelle charte communale et qu'elles sont applicables à tous les élus, quelles que soient leurs couleurs politiques. Elections ou pas, la loi doit être appliquée et le nettoyage salutaire opéré en prélude à un scrutin propre et intègre.


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