En prenant ses désirs pour des réalités, le cabinet El Fassi n'est pas prêt pour affronter une crise profonde qui était prévisible avec du simple bon sens. « Gouverner c'est prévoir» disait l'adage, ce à quoi le Maréchal Lyautey avait rétorqué «au Maroc gouverner c'est pleuvoir: Heureusement pour nous que c'est une année pluvieuse, parce que le gouvernement s'est emmuré dans une certitude incompréhensible, celle selon laquelle la crise économique qui secoue la planète, épargnera notre croissance et que l'impact sera nul sur notre économie. La pluie sauve la mise, parce qu'elle assure une année agricole exceptionnelle, si tout se passe bien et que donc elle influencera positivement, le seul indicateur fétiche, d'une communication en décalage avec son temps, le fameux taux de croissance. L'on sait pourtant depuis longtemps, qu'il faut raisonner hors agriculture pour avoir une image exacte de l'évolution de l'économie nationale. L'on savait aussi, dès septembre, nous l'avions écrit, et tous les économistes de ce pays l'avaient clairement formulé, que la transformation de la crise financière en crise économique toucherait durement le Maroc, parce que justement de plus en plus intégré dans l'économie Mondiale. Mieux, les secteurs à haut risque ont été identifiés dès cette époque. Pour notre malheur, ils sont utilisateurs de main d'œuvre. Les lanternes et les vessies Le gouvernement a refusé d'agir en conséquence. Sa loi de finances, celle adoptée par le Parlement et qui devrait donc encadrer son action pour l'année en cours est optimiste, au-delà du raisonnable. Accordant quelques baisses d'impôt, elle table sur une augmentation des recettes de l'Etat, en s'appuyant sur les résultats de 2007, qui ont permis de terminer l'année sur un quasi-équilibre budgétaire. Equilibre qui, soit dit en passant, est critiquable du point du vue de l'effort de développement. Les statistiques nous renseignent sur l'historique. Les projections qu'on en tire sont aléatoires, quelles que soient les précautions prises par les modèles économiques. Un changement de contexte aussi brutal que celui que nous vivons les rend caducs, c'est aussi simple que cela, et il ne s'agit que de méthode, sans qu'aucun positionnement politique n'y intervienne. C'est d'ailleurs ce qui explique, que les gouvernements de tous bords, multiplient les plans de relance, réajustent leurs prévisions en permanence. Crise de déstockage ou déflation ? Aucun économiste n'a l'outrecuidance de vouloir délimiter avec certitude l'ampleur, la profondeur et la durée de la crise. Ce que tous s'accordent à dire c'est que c'est une catastrophe. La crise financière n'a pas fini de livrer ses impacts sur l'économie réelle. Les milliers de milliards de dollars déversés pour sauver les banques et huiler à nouveau le système financier pour lui permettre de jouer son rôle, sa fonction première, celle d'assurer le financement de l'activité, ont évité l'effondrement du capitalisme et rien de plus. Dans ces conditions on ne peut comprendre l'attitude qui consistait à nier tout impact sur le Maroc et à refuser de mettre en place des mécanismes réactifs. Attitude battue en brèche par la réalité, ce qui a imposé au gouvernement de mettre en place une cellule de veille, ce qui annonce des plans de sauvetage à la pelle. Dans une véritable démocratie, cela devrait passer par une loi de finances rectificative, mais ce n'est même plus un objet de discorde, tant les nuages sont chargés de périls. La cellule de veille constituée ne doit pas se limiter aux conséquences sur les secteurs concernés et devenir le réceptacle des doléances, assurément légitimes des professionnels. La difficulté d'une politique publique dans le contexte actuel, c'est qu'elle est totalement dépendante de la crise internationale, des politiques des autres gouvernements, en particulier ceux du G 20. Elle est enfin liée par la nature de cette crise, ses développements et les changements qu'elle ne manquera pas d'induire à tous les niveaux. La crise financière en elle-même, n'a pas d'impact direct sur des pays tels que le Maroc. Sa transformation en crise économique, si. Or, il se trouve, que non seulement les économistes n'ont pas les moyens scientifiques, d'en définir la durée et la profondeur, mais ils hésitent à définir sa nature profonde. Le dernier trimestre de 2008, cette crise était une crise de déstockage. Les difficultés du crédit ont amené les consommateurs à réduire leurs achats, en particulier ceux de produits d'équipements et les entreprises à réduire le niveau de leurs stocks. Le cercle vicieux, ainsi parti, est déjà catastrophique. Il signifie la réduction d'activité de tout l'appareil économique, le chômage, la réduction des ressources des ménages, le ralentissement de l'investissement. Mais depuis la décision de la FED, la réserve fédérale des USA, de baisser son taux directeur à pratiquement zéro, le danger est plus important, c'est celui de la déflation, d'une baisse de prix généralisée, d'un effondrement comparable à celui de 1929. Dans ce cas de figure la crise serait plus sévère et surtout s'étendrait dans le temps. C'est une funeste supposition que les économistes les plus sérieux n'écartent plus totalement. Heureusement que les autres pays, même en baissant leurs taux directeurs, ne sont pas allés aussi loin que Washington et n'ont pas annihilé les revenus des emprunteurs. L'Amérique peut donc se permettre, parce qu'elle est considérée comme le meilleur risque de la planète, mais aussi parce qu'elle a les moyens politiques et économiques de contraindre la Chine et les autres emprunteurs, avec un impact limité sur les circuits mondiaux. C'est aussi le seul pays au Monde qui peut se permettre un déficit budgétaire atteignant les 10 %. Les autres, ceux de l'Union Européenne en particulier, savent qu'à la sortie de la crise, il faudra des années d'effort, et une certaine dose d'inflation, pour éviter que les déficits ne se transforment en point de blocage. Mais le risque de déflation existe aussi, par la volonté de sauver à tout prix l'appareil productif, tout en refusant toute relance par la demande, par injection de pouvoir d'achat, par peur de la rigidité en matière d'acquis sociaux, et donc à l'atteinte à la compétitivité des économies nationales. Fatalement, il faudra de nouveaux plans qui allient les deux : soutien de l'offre et facilitation de la demande. Fatalement les crises sociales, les conflits, les mobilisations politiques impacteront les choix de politiques publiques. Le gouvernement d'un pays comme le Maroc n'a aucune emprise sur ces développements. Il doit cependant les suivre au plus près, les apprécier au plus juste, pour pouvoir atténuer les effets négatifs et profiter des opportunités, car il y en a. Tout en sachant que nous n'avons ni la même nature de périls, ni la même latitude financière et que nous devons trouver nos propres recettes. L'impact sur le Maroc L'insignifiante imbrication du marché financier à l'international, en particulier grâce au refus des autorités, Fathallah Oualalou en tête, de céder aux pressions du FMI de la Banque Mondiale de libérer les changes, l'absence de produits complexes, devenus «Toxiques» nous ont préservés. Notre système bancaire tient la route et pourra traverser sans grand risque la crise actuelle. Cependant, croire que tout va continuer comme auparavant est un leurre. Les liquidités s'épuisent et l'Etat va commencer à s'endetter beaucoup plus que ces dernières années, parce que ses ressources vont diminuer, l'activité économique étant déjà atteinte. L'autre choix, celui de différer l'investissement en infrastructures programmé serait attentatoire au développement du pays, socialement ruineux et politiquement irresponsable. Aucun décideur, à juste titre, n'en évoque la perspective. La crise qui s'annonce affecte la solvabilité d'entreprises et de particuliers c'est certain. Dans quelle mesure ? Même les banquiers n'ont pas la réponse, mais l'augmentation de la sinistralité est certaine. Cela signifie que les deux conditions nécessaires à l'augmentation des taux, sinistralité et tarissement des liquidités, sont là. Ce n'est plus qu'une question de temps. Quant à l'accès au crédit, sur le terrain, il est déjà plus difficile, parce que les créditmen, des gens dont le métier est d'évaluer le risque, sont prévenants. C'est un impact dérivé, il n'a aucun lien direct avec la crise des marchés financiers internationaux, mais il est le produit par ricochet de celui de la crise sur l'économie réelle. Les secteurs les plus exposés étaient connus d'avance. D'abord le textile. Il a déjà perdu des dizaines de milliers d'emplois, et les convulsions monétaires sur les pays acheteurs aggravent la situation. Sur certaines niches, c'est encore une crise de déstockage. Les marchés ne sont pas perdus, mais les clients travaillent en «flux tendu». C'est un ralentissement de l'activité, dont le premier impact est le chômage, sur un secteur où la précarité est de mise, le second étant de différer tous les investissements. Sur d'autres, la situation est plus grave, parce que la contraction de l'activité risque de se faire, aux dépens du produit Maroc. Ce secteur, globalement, mérite du respect. Il a résisté aux aléas dans le passé et relevé plusieurs challenges en se structurant. Les dernières petites unités, dans l'informel, vivent leurs jours ultimes. Il vaut mieux se concentrer sur les premières, celles qui sont compétitives sur la qualité et non seulement sur les coûts. Le tourisme n'est pas en meilleure santé. Les réservations baissent alors même qu'il s'agit de séjours programmés avant l'éclatement de la crise actuelle, dans ses dimensions qu'on connaît. Contrairement au début des années 90 les professionnels se battent et plutôt bien. Cependant, les risques sont là : baisse des nuitées et baisse des tarifs pratiqués. Les Tours opérator n'ont qu'une seule stratégie, peser sur les prix, en s'appuyant sur la situation dans les marchés émetteurs. Les hôteliers ne sont pas dans les meilleures conditions pour négocier. Là aussi la généralisation cache des disparités entre catégories, entre genres de tourisme, que professionnels et autorités ne peuvent que tenir en compte pour mieux affiner une politique. Soulignons que ce secteur a été très réactif puisqu'il a mis en place un dispositif, qui risque de se révéler insuffisant, mais qui a le double mérite d'exister et de démontrer que la vigilance est de mise, malgré la communication lénifiante de l'exécutif. D'autres secteurs sont déjà souffreteux. Celui des équipementiers automobiles se prépare à vivre une sale période. Le chiffre d'affaires a baissé de 10 % et ce n'est qu'un début. Il n'y a pas de relance de l'activité prévue. L'artisanat subira de plein fouet la contraction à venir du tourisme, mais aussi un probable repli des exportations, même si, de l'aveu de tous les spécialistes, le produit Marocain n'utilise pas tout son potentiel. L'immobilier enfin connaît déjà un recul sur plusieurs segments. Le logement social n'est pour le moment pas touché, la baisse des coûts de production est une bonne nouvelle. La tendance est au minimum à une contraction de l'activité, au pire à un véritable marasme. Tous ces secteurs sont fort utilisateurs de main d'œuvre. Un chômage a plus de 10 % est déjà une réalité, le retour à des taux plus importants n'est pas exclu, or, c'est ce qu'il faut éviter à tout prix. Que faire ? Ces vérités sont établies, les prévoir était d'une simplicité enfantine dès lors que la crise s'est déclenchée. Les officiels ont préféré communiquer sur la crise financière et faire comme si la situation qui protège le secteur financier était un paratonnerre dont les bienfaits s'étendent à l'ensemble de l'activité économique. C'est d'abord une faute politique de la plus haute des importances. En effet, le gouvernement fait face aujourd'hui à des tensions sociales qu'il a des difficultés à gérer. La situation aurait été toute autre s'il avait communiqué sur les aléas de la crise, nous serions aujourd'hui dans un contexte où l'enjeu est la préservation de l'emploi. La cellule de crise, appelée de «veille», n'a été instituée que fin janvier, alors qu'on aurait pu, à l'instar du tourisme, faire preuve d'anticipation. Heureusement que l'opposition est atone, quand on voit ce qu'endure Sarkozy qui en est à son troisième plan de relance. Qu'importe, il s'agit aujourd'hui de ne pas se tromper de stratégies, ni d'objectifs, et surtout éviter le piège du court terme qui entrave l'action de développement. Aider les secteurs concernés ? Oui mais comment ? Il y a deux pistes sérieuses, les efforts de l'Etat en matière de fiscalité, en suspendant certaines taxes, en finançant des opérations d'accompagnement sectoriel, mais aussi d'assurer la fluidité du financement. Les milliards n'étant pas disponibles, c'est vers des fonds de garantie qu'il faut se diriger, la caisse centrale de garantie étant un acteur à privilégier, y compris pour la détérioration des changes. Les modalités, les techniciens de l'administration, d'excellente qualité souvent, peuvent en imaginer et des plus novatrices. C'est politiquement que cela risque de grincer. Ces efforts doivent être liés à la restructuration, la poursuite de la modernisation entamée, à une vision prospective. Car quelle que soit la durée de la crise, elle prendra fin un jour. Le plus important est d'être placé au mieux à la relance. C'est en ce sens qu'on dit que la crise offre des opportunités. Celles nées des reclassements qu'elle induit, qui sont en cours et qu'il est impératif de bien lire et de voir comment s'y repositionner. C'est une telle vision qui doit refonder la politique publique. Sans oublier, bien évidemment, la solidarité nationale, la cohésion sociale. Sur ce front, il est urgent d'utiliser la baisse pérenne du coût des matières pour allouer des aides directes aux nécessiteux. Les chantiers sont pharaoniques, de ceux-là même qui revalorisent la fonction des politiques. Encore faut-il en avoir les attitudes, celles du parler vrai, de la force de conviction, de l'anticipation, parce que même quand il pleut, gouverner c'est toujours prévoir. Mesures gouvernementales. Trois grands axes Cette semaine, les différents acteurs des secteurs touchés par la crise multiplient les réunions avec les représentants du gouvernement afin de présenter le programme national d'émergence pour le secteur industriel. Tourisme, automobile, textile et immobilier sont les secteurs qui bénéficieront d'aide de l'Etat. Le gouvernement s'est attaché à faire du benchmark auprès des pays voisins pour étudier les aides envisageables. Si les dernières précisions concernant ce plan d'aide sont en train d'être affinées, trois grands axes vont être mis en place pour venir en aide aux entreprises nationales. Afin d'aider les entreprises dans leurs difficultés de financements de leur fonds de roulement, l'Etat va créer un fond de garantie pour une période précise. Il pourrait être couplé avec une mesure permettant aux entreprises de faire basculer leur crédit à court terme en crédit à moyen terme. Cette aide sera appliquée aux entreprises au cas par cas selon nos sources et pour une période bien déterminée. Afin de soutenir les entreprises à l'export, il est prévu un budget de promotion des entreprises. Nombre d'entreprises en difficultés dépendent fortement de la demande extérieure, leur activité pâtit fortement de la chute des exportations. Dans ce but, l'Etat a indiqué qu'il serait prêt à allouer un budget de promotion aux entreprises, sans distinction particulière. Il reste ouvert à toute proposition venant des entreprises tant qu'elles lui soumettent un programme de promotion. Enfin, pour maintenir la compétitivité des firmes nationales, l'Etat va s'engager à prendre en charge une partie des charges sociales pendant quelques mois. Les entreprises souhaitent une suppression des charges sociales de 100% sur une période déterminée, mais le gouvernement s'y oppose catégoriquement. Il est néanmoins en train d'effectuer des simulations pour étudier la meilleure solution possible. A quelle hauteur, pour combien de temps et quelles sont les entreprises qui bénéficieront de ces aides, à l'heure où nous mettons sous presse, les conditions exactes de ces mesures sont encore en négociation. Immobilier. Luxe ou social ? Rien ne va plus dans l'immobilier au Maroc ? Pas forcément. Seulement entre l'immobilier de luxe et celui du social, les différents standings ne sont pas logés à la même enseigne. Selon Youssef ibn Mansour, président de la fédération nationale des promoteurs immobiliers, «Certes le secteur de l'immobilier connaît un développement important, mais vu que l'Etat a changé de stratégie, le partenariat public-privé se fissure». Après l'expansion des constructions et une surenchère des prix, la bulle spéculatrice est en train d'exploser notamment dans la ville vitrine du Royaume, Marrakech, où les prix auraient baissé de 20 à 30% depuis 2008. De même, l'immobilier de luxe, dépendant de la demande internationale, commence à connaître un tassement. Alors qu'il était en pleine essor, le tout luxe ne parvient plus à séduire comme avant, surtout dans un contexte de crise. Concernant, le haut et moyen standing, les acheteurs potentiels ont bien compris une chose, avec la crise, les prix vont baisser puisque les logements ne trouvent actuellement pas preneurs. Conséquence classique et logique de cette situation, les ménages vont retarder leurs actes d'achats pour profiter de la baisse des prix. Retarder mais jusqu'à quand ? Quant au logement social, si le secteur connaît un fort besoin, ce sont les promoteurs immobiliers qui font grises mines. Le projet de logement social à 140 000 DH afin de combattre l'habitat insalubre ne semble pas attirer les promoteurs. Ils opteraient plus pour des logements à 250 000 voir 300 000 DH afin de réaliser des marges plus confortables. Rajouter à cela l'augmentation du coût des matières premières, vous obtenez un secteur dans la tourmente. Bourse. L'arnaque au petit porteur Après les baisses du 16 et 17 septembre dernier, le gouverneur de Bank Al Maghrib Abdellatif Jouahri et le ministre des Finances étaient montés au créneau. Ils ont expliqué tous les deux que la place de Casablanca n'étant pas liée à l'Etranger, les baisses n'étaient que psychologiques et qu'il fallait rester optimiste. Le ministre est allé plus loin en affirmant sa conviction qu' « à la fin de l'année la bourse gagnera plus de 15 % ». Le rebond qui a suivi a été de courte durée, avant que ne se déclenche un trend baissier irrésistible faisant perdre à l'indice des années de croissance et virtuellement des milliards de DH. Le drame c'est que pour beaucoup d'observateurs, la campagne sur la bourse dans son aspect officiel, mais aussi médiatique, ne visait que ce rebond, ces quelques jours de répit. Les analystes affirment que lors de ces jours d'embellie, ceux qui utilisaient le levier, qui étaient endettés auprès des sociétés de bourse ou des banques, ont pu sortir en empochant leurs gains. Au même moment, les petits porteurs étaient piégés par les propos rassurants, y compris de leur courtier. Aujourd'hui les cours sont au plus bas, certaines valeurs ont perdu plus de 50 %, sans que le bilan de l'entreprise ait enregistré des changements notables. Addoha, valeur vedette, faiseur de marché pendant plus de deux ans, est passée de 204 à 86 DH, soit près de 60 % de baisse. Or rien n'a changé de manière significative dans la marche du mastodonte de l'immobilier et la baisse d'activité du secteur globalement n'est pas aussi importante. En vérité, l'action était surévaluée à 204 DH, par un marché que l'Euphorie, les petites manipulations entre copains et coquins, l'implication d'une presse dont les patrons sont eux-mêmes de gros boursicoteurs, avaient transformé en casino à Jackpot assuré. Le cours est assurément sous-évalué. Une banque de la place avait fixé le cours « raisonnable » entre 112 et 120 DH, cette recherche-là n'avait pas été rendue publique pour ne pas fâcher les concernés. C'est sans doute un cours dans ces zones là qui constituerait la prochaine étape, si le marché retrouve un fonctionnement serein. Car il n'y a effectivement pas de lien entre l'impact de la crise sur le Maroc, qui n'est qu'à ses débuts et qui ne concerne que l'économie réelle et l'effondrement de la bourse, surtout de ses valeurs les plus liquides. C'est du côté de la confiance qu'il faut chercher. Les volumes échangés, montrent que les institutionnels ne cèdent pas à la panique et attendent une stabilisation puis une remontée des cours. Leurs bilans risquent d'en souffrir, puisqu'ils seront obligés de provisionner les baisses, mais ce n'est qu'un jeu comptable qui diffère les résultats sur l'année d'après. Ceci bien évidemment, si la baisse est enrayée et si le marché repart à la hausse pour retrouver des cours conformes au potentiel des valeurs cotées. Les petits porteurs ruinés n'ont pas cette latitude, rares sont ceux qui ont gardé leur portefeuille en attendant des jours meilleurs. Pour retrouver la confiance, il faut nettoyer les écuries d'Augias, moraliser le jeu des intervenants et donner un signal que les petites combines entre coquins c'est fini. Ce n'est pas en gardant les mêmes qu'on y arrivera aussi rapidement que l'exige la situation, car il y a urgence. Crise Internationale. Des MRE jusqu'au Maroc Bruxelles et le FMI ont annoncé leurs prévisions de croissance pour la zone euro. Sans grande surprise, elles ne sont pas optimistes et vont jusqu'à annoncer la pire crise européenne depuis la seconde guerre mondiale. Faillite des banques, fermeture d'usines, chômage record, nos MRE ne seront pas épargnés par le déclin de l'empire européen. L'ambiance à l'annonce de prévisions de croissance de la zone euro des grandes organisations, tombe comme un véritable coup de massue sur la zone des 27. Pas un des nombreux fonds ou commissions ne publie de chiffres encourageants et tous voient constamment ces prévisions à la baisse à un rythme quasi-mensuel. L'organisation pour la coopération et le développement économique anticipe une contraction de 0,6% de la croissance. La Banque centrale européenne tablait sur un recul du PIB de 0,9%. C'est en publiant ces derniers chiffres que la commission européenne a elle-même revu ses prévisions à la baisse. Après des chiffres annoncés en novembre 2008 de 0,1% de croissance pour la zone euro en 2009 puis, 0,9% en 2010, la dernière annonce fait l'effet d'un uppercut. Croissance négative de 1,9% en 2009, perte de près de 3,5 millions d'emplois, un taux de chômage au delà de 10% et une reprise de l'inflation de 1,8%. Une croissance négative de 1,9% en 2009 ? Si l'on jette un œil sur les quatre dernières années, c'est un véritable retournement de situation. Après avoir rencontrée une croissance de 1,7% en 2005, 2,9% en 2006, 2,7% en 2007 et proche de 1% l'année dernière, l'Europe en 2009 s'apprête à un retour à l'âge de pierre. Elle doit se préparer à « une récession profonde et prolongée » selon Bruxelles. Pour le FMI, c'est la zone euro qui serait le plus durement touchée avec une contraction de 2% (après +1% en 2008). Nos MRE, quelles conséquences ? D'un point de vue statistique, le nombre de MRE est passé de 1634520 en 1992 à 3 200 000 en 2006 soit plus de 10% de la population selon le dernier recensement. Avec plus de 85 % des MRE vivant en Europe, ils ne vont pas passer entre les gouttes de la crise. D'autant que si l'on considère que les nouvelles vagues de MRE sont des profils qualifiés ou très qualifiés sortant de la main d'œuvre originaire, les secteurs, épargnés pour l'instant, attendent d'être contaminés sous peu, comme si la peste envahissait l'Europe. Le corolaire à cette crise au Maroc ? La grande intégration des 2 700 000 marocains vivant en Europe. Bruxelles annonce pour la France (1 600 000 MRE) un taux de chômage de 9,8% en 2009 et 10,6% en 2010. Pour l'Espagne, avec ses 700 000 MRE, la situation est encore pire avec un taux de chômage de 18% pour 2010. En Belgique, il s'approche des 9,5%. La situation économique de nos MRE va très certainement impacter l'économie marocaine. Le cabinet d'intelligence économique Oxford Business Group rappelait que les sommes transférées par les MRE s'élevaient à 3,5 milliards de dollars pour les six premiers mois de 2008. Une hausse de 5% était d'ailleurs constatée alors que la crise ne pointait pas encore son nez. Désormais, le cabinet prévoit une forte contraction de ces envois pourtant les plus importants du monde arabe. On assiste d'ailleurs, d'après les chiffres du Haut-commissariat au plan, à une première contraction des recettes des MRE. Le mois de novembre 2008 a connu une baisse des recettes de 1,2% par rapport au même mois de 2007. En dehors des transferts de fonds, si l'on se félicitait de ne pas avoir de capitaux boursiers liés au reste du monde, rappelons que le CDVM relève que les MRE représentent 58% du nombre total d'étrangers qui ont investi dans la bourse de Casablanca. Sortis du secteur financier et boursier, les MRE jouent aussi un grand rôle dans les secteurs de l'immobilier à travers l'investissement et du tourisme (plus de 3,5 millions de MRE en 2008). Alors quand la population européenne ne voit pas de lendemain, compte chaque jour les chômeurs supplémentaires et n'entend parler que de plans de relance et autres mesures exceptionnelles on peut déjà sentir les effets de la crise par nos marocains résidant à l'étranger. Haro sur le tourisme Réunis à Marrakech, les responsables du tourisme ont mis en place un plan d'action qui devrait limiter les effets de la crise. Marrakech, 1ère destination du tourisme au Maroc depuis 2005 aura-t-elle à souffrir cette année de la crise internationale ? C'est la question que viennent de se poser les autorités locales, les responsables de l'OMNT et les professionnels du secteur lors d'une réunion organisée par le CRT de la ville ocre sous la présidence du ministre du Tourisme. Les inquiétudes et le pessimisme ambiant n'ont pas atténué la volonté de tous de «mettre les bouchées doubles» pour attirer une bonne partie des quelque 900 millions de personnes qui devraient voyager en 2009 dans le monde. Bien au contraire, pour faire face à la récession qui n'épargne aucun marché, les acteurs du tourisme marrakchi se mobilisent : ils viennent de mettre sur pied un plan d'action musclé pour 2009 qui s'articule autour de 4 axes, avec un dénominateur commun, rehausser la qualité dans tous les secteurs concernés. En premier lieu, donner à la ville une image « qualité » en améliorant l'accueil, en mettant à niveau la formation sur les filières prioritaires et en accentuant la professionnalisation des métiers du tourisme. Priorité est également donnée au respect et à la qualité de l'environnement. Viennent ensuite des mesures qui concernent l'hébergement : nécessité de suivre l'évolution de la capacité d'accueil -évaluée actuellement à 40 980 lits avec une prévision de 80 200 en 2013-, que ce soit en termes de qualité qu'en termes de diversité, tout en veillant sur les tarifs hôteliers pratiqués qui doivent rester adéquats avec les prestations proposées. Dans le secteur hôtelier, une priorité sera faite pour encourager l'investissement. Une douzaine de nouvelles unités hôtelières doivent en principe entrer en service cette année et Marrakech prévoit une large place à l'ouverture de nouvelles enseignes internationales destinées à capter une clientèle haut de gamme. Le 3ème axe concerne le transport aérien avec une volonté d'équilibrer l'offre entre les sièges d'avion et la capacité hôtelière. L'idée étant de maintenir un dialogue permanent avec les différents acteurs du transport aérien, compagnies régulières, charters et low cost. Enfin, le dernier axe s'attaque à la promotion et au marketing, avec l'objectif d'élaborer une véritable politique promotionnelle régionale qui devra s'appuyer sur un marketing moderne : réactualisation des supports de communication, en particulier sur le web, installation de kiosques de communication, programmation d'émissions télévisées ou cérémonies de remise de cadeaux à l'aéroport, entre autres exemples. Avec la participation de la Région Marrakech Tensift Al Haouz et du Conseil de la ville qui s'engagent quant à eux à doubler le budget alloué au CRT : 6 millions de DH prévus pour la promotion et l'animation en 2009. Concrètement L'ONMT s'engage de son côté à revoir son budget promotion, marketing et communication et action du CRT de Marrakech, en l'augmentant de 20%, c'est-à-dire de le faire passer à 140 millions de DH cette année au lieu des 117 millions de 2008. Enfin, si le CRT tient à consolider ses marchés principaux-les touristes français qui représentent 60% de parts de marché, suivis par les Marocains, 12% et les Britanniques, 11%-, il mettra l'accent sur l'Espagne, l'Italie, le Benelux et l'Allemagne qui cumulent ensemble une part de marché de 16%. Sans oublier une politique stratégique vers de nouveaux marchés comme la Russie, les Emirats Arabes Unis et l'Amérique du Nord, qui ne représentent actuellement qu'1% du flux. Autant de mesures qui devraient permettre d'amoindrir l'impact de la crise sur le tourisme de Marrakech. Motivés, mobilisés, faisant fi du pessimisme que peut inspirer l'année qui commence, les responsables du CRT sont bien conscients que le tourisme est au cœur de la croissance de la région et que la région est essentielle au développement du pays. C'est la raison pour laquelle ils ont choisi d'appeler leur plan d'action «Réussir ensemble pour Marrakech». Textile. Vulnérabilité face aux exportations Fortement tournées à l'export pour les débouchés de leurs produits, les entreprises nationales du textile ont subi de plein fouet la contraction de demande européenne. Le secteur du textile a été logiquement l'un des premiers touchés par la crise internationale. Les professionnels du secteur tablaient sur une baisse des exportations de l'ordre de 10%, les derniers chiffres annoncés ont confirmé cette tendance avec un recul de 9,9% pour 2008. Ce n'est pas fini, si l'ensemble du secteur a une vision floue du lendemain, il n'en connaît pas moins une certitude. Mohamed Tamer, président de l'Amith, annonce «un recul des exportations de l'ordre de 30% sur le premier semestre 2009. L'activité du secteur tourne donc au ralenti. Corollaire à cette crise, les effets directs sur l'emploi. Selon une récente étude du ministère de l'Emploi, pas moins de 50 000 emplois ont disparu sur l'exercice 2008. Pour autant, les membres de l'Amith ne sont pas restés les bras croisés à attendre que le ciel leur tombe sur la tête. Ils avaient déjà relevé une baisse inhabituelle de l'activité et un manque de visibilité. «Nous avons entrepris des concertations avec le gouvernement depuis plus de trois mois» confie Mohamed Tamer. Selon le président de l'Amith, si chaque entreprise est un cas à part, il reconnaît qu'elles connaîtront une baisse d'activité proportionnelle à la baisse des exportations. Sans concessions, la crise touchera les entreprises quelles que soient leur taille, activité ou structure.