Parler de fatalité, c'est faire preuve d'un défaitisme déplacé. Les raisons de cette «suprématie» tunisienne seraient plutôt évidentes. S'il fallait une autre preuve, le Club Africain vient de nous l'administrer via l'un des clubs phares du football marocain, l'ASFAR en l'occurrence. L'occasion ne pouvait être classée parmi ces manifestations mondialement reconnues. Il s'agissait tout au plus d'un tournoi à quatre, nouvellement crée par une télé jamais à court d'idées pour meubler ses programmes et tenter d'attirer, dans la foulée, plus d'abonnés ou d'annonceurs. L'enjeu ne manquait pas pour autant. Rien à voir avec la poignée de dollars promise aux vainqueurs. Le caractère nord-africain, maghrébin surtout, donnait à ce tournoi des allures de derby. La rivalité était du coup promise de même que les duels qui devaient aller avec. Une finale, quoiqu'en deux manches entre Marocains et Tunisiens, c'était l'occasion rêvée pour que les débats gagnent en intérêt et en ampleur. On était donc, pour ainsi dire, servi. De ce côté-ci, on semblait avoir plus de raisons pour s'intéresser davantage à un tournoi, somme toute, minime. L'ASFAR avait réussi, assez laborieusement, à éliminer les Kabyles de Tizi Ouzou, pour arracher, par la suite, un nul méritoire depuis Rhadès face au redoutable Club Africain de Tunis. Restait la deuxième manche programmée dans un autre grand stade : le Complexe sportif de Fès. Après le nul blanc ayant sanctionné le match de l'aller, les observateurs avisés avaient estimé que rien n'était joué. Ils ne croyaient pas si bien dire. Le même nul blanc marquera les débats au retour. Mais le résultat final et le sacre de cette première édition ne reviendront pas moins aux Tunisiens, qui ont fait preuve d'une meilleure gestion du match et de ce flegme indispensable pour négocier au mieux l'épreuve cruciale et fatale des tirs au but. S'il ne s'était agi que d'une rencontre, cela aurait été sans grand intérêt. Sauf que cette autre défaite semble faire partie de toute une série qui n'a pas l'air de vouloir prendre fin de sitôt. Juste avant ce énième revers, le MAS de Fès avait réussi «mieux». Il était parti contraindre l'Espérance à un nul très prometteur. Quatre buts partout, il fallait le faire ! Même si c'était face à la deuxième équipe de cet autre grand calibre tunisien. Et là, aussi, comme par enchantement, on allait trouver le moyen de manquer l'immanquable. C'était en demi-finale de cette autre coupe nord africaine, réservée aux vainqueurs des coupes. Entre les deux défaites, il y en a eu une autre, concernant un autre club tout aussi représentatif du football marocain. Le Raja qui, en coupe arabe, cette fois, allait tomber face au F.C Sfax. Trop c'est trop s'exclameraient alors les âmes footeuses désabusées. Surtout qu'en 2004, ce sont ces mêmes Tunisiens qui nous ont privés de caresser de nouveau le Trophée continental, après l'avoir fait une première et dernière fois en 1976. Ils récidiveront peu de temps plus tard en nous privant du Mondial allemand. Faut-il s'en étonner ? Absolument pas. Si cette fameuse série est ce qu'elle est, c'est que le football tunisien a su évoluer. Cela fait des années qu'il est entré dans le professionnalisme tel qu'il est conçu dans le monde du football professionnel, pendant que notre football ne cesse de tanguer entre réformes et pseudo-réformes. Et comme par on ne sait quelle malédiction, il y a toujours ceux qui s'opposent à toute évolution dans le bon sens. Ils savent pertinemment qu'ils n'auront pas de place dans un football autrement géré que celui dont ils tirent aujourd'hui les commandes. Un ex-secrétaire général de la Fédération, n'avait-il pas passé deux longues années pour mettre sur pied un projet devant mener à un professionnalisme qui ne saurait se faire sans réduire le nombre des clubs de l'élite, en éliminant ceux qui sont incapables de répondre aux conditions d'un cahier des charges préalablement établi ? Il s'est vu par la suite obligé de rendre le tablier, laissant sévir les empêcheurs de tourner en rond. n