«Al khottab» est l'un des indémodables tubes du début des années soixante dix, interprété, avec humour et effronterie, par le fameux trio Toulati Amenna. Nous souhaitons beaucoup de prétendants. Qui viennent taper, à toute heure, à nos portes Pour nous demander en mariage. Nous le souhaitons, nous le désirons, ô nos amis…» Les nouvelles générations ont découvert la chanson «Al hob wa al abkaria», plus connue sous le nom d'Al khottab, au cours de l'une des soirées de Studio 2M, reprise par les concurrentes Halima Alaoui, Sanna Gouja et Fatim Zohra Mounir. Le lendemain, les fans d'Alizé et de Lorie la fredonnaient à travers le pays. De retour d'un voyage d'études en Egypte et dans les pays arabes, qui a duré un an, le talentueux compositeur Abdelati Amenna constatait que le Maroc manquait de voix féminines. Fasciné par les expériences orientales, notamment celle de «Toulati Al Marah» au Caire, il finit par convaincre trois filles de sa propre famille et crée le trio Toulati Amenna. Les nostalgiques se souviennent du look de Najiba, Rachida et Fatiha, de leur coupe garçon et pantalons patte- d'éléphant, ainsi que de leurs morceaux à la thématique sociétale et originale tels «Zouaj bi al ajnabia» (le mariage avec une étrangère), «Yaghagh oumarg» (nous souffrons d'amour», en Tamazight, et surtout le fameux «Al hob wa al abkaria». Les paroles sont de l'écrivain et poète Mehdi Zeriouh qui se souvient l'avoir écrite au cours d'une nuit sans sommeil. «J'étais en colère contre moi. Le premier jet était d'un pessimisme noir où j'évoquais la souffrance qui ne cessait de frapper à ma porte. En reprenant le texte le lendemain, l'humour et l'espoir remplacèrent la déprime et le désespoir». Il l'a proposa à Abdelati Amenna, avec la complicité du journaliste Khalid Michbal qui incitait les auteurs à s'attaquer aux nouveaux sujets, qui l'apprécia et décida de la composer. Plus qu'une chanson, nous sommes en face d'une petite pièce théâtralisée avec des Spice girls avant la lettre qui interprètent , avec légèreté, effronterie et insouciance, des couplets aussi drôles les uns que les autres. Dés son premier passage à la télévision, au cours d'une soirée transmise en direct du théâtre Mohammed V et animée par Khalid Michbal, le refrain est repris par jeunes et moins jeunes à travers le pays. Le réalisateur Abdelhamid Bencherif s'en empare et crée, avec génie et bricolage, l'un des premiers et originaux «clips» de la chanson nationale caricaturant à outrance la thématique du morceau. «Al hob wa al abkaria» dépassa les frontières du Maroc. Au cours des tournées au Maghreb et dans le monde arabe, le public la demandait et l'appréciait. Une fois, c'était pendant une fête nationale, la grande chanteuse libanaise Faiza Ahmed suppliait Abdelati Amenna de la lui apprendre. Quand ce dernier lui expliqua que ce n'était pas son style et qu'il était prêt à lui composer quelque chose de classique, elle lui répondit qu'elle l'aimait et voulait faire une surprise au roi Hassan II en l'interprétant devant lui. «Al hob wa al abkaria» lui rappela aussi l'une de ses chansons à la même thématique. ■