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Raja, la crise de trop
Publié dans La Gazette du Maroc le 03 - 02 - 2003


FOOTBALL
Le temps des sacres et des honneurs semble désormais appartenir au passé puisqu'il n'y a place qu'aux déconvenues et aux revers engendrant une rogne et une grogne allant crescendo que le comité entend étouffer en livrant des boucs émissaires au public.
La recette est éculée car si elle donne un répit au comité, elle ne résout en rien le fond du problème du club, à savoir la compétence des dirigeants.
Car, depuis le départ du président charismatique Abdallah Rhallam, le Raja n'a cessé de reculer au niveau de la gestion.
Son successeur, Ahmed Ammor, a plus ou moins vécu sur les acquis et le patrimoine laissés par Rhallam en enregistrant de beaux succès aussi bien sur le plan national qu'au niveau des compétitions africaines et intercontinentales.
Depuis, c'est la lente et inexorable descente aux enfers avec une succession d'infortunes dans tous les domaines inhérents aux incompétences de plusieurs dirigeants.
Si depuis deux années le Raja bat de l'aile, interrompant ainsi le cycle historique de six titres nationaux, cette saison on a touché le fond de l'abîme avec un parcours catastrophique.
L'équipe, bien que disposant du meilleur effectif du championnat, est incapable de gagner, se contentant de partager des nuls avec des clubs faibles du bas du tableau et cela en les accueillant à domicile (!…).
Alors que les supporters ne cessent de crier et hurler pour condamner les tactiques de l'entraîneur belge Walter Meeuws, d'aucuns au comité, derrière la venue de ce technicien, refusent de le rappeler à l'ordre et encore moins à s'en séparer malgré la enième déconvenue qui a fait déborder la colère du public.
Abdellatif Lasky, vice-président et dirigeant depuis 35 ans au Raja pour avoir dès le recrutement de cet entraîneur alerté sur ses limites et ses faiblesses, est devenu la bête noire du comité au point d'être évincé la semaine écoulée pour sa responsabilité (sic) dans tous les malheurs du club(ressic).
On lui a tout collé sur le dos pour geler ses activités au sein du comité et cela va de l'affaire Coca Cola en finale aller de la Ligue des champions aux transferts foireux réalisés par le club.
Dans la même foulée, on a sacrifié le trésorier Ouaffik et le responsable administratif Bouzerouata coupable de ne pas avoir déposé des réserves en bonne et due forme lors du match Raja-JSM soldé par un nul.
Bref, pour l'actuel comité, ou ce qui en reste (quand on voit les nouvelles attributions de postes) si le Raja n'a pas marché fort, la faute incombe au trio précité et plus particulièrement au sieur Lasky bon pour l'échafaud.
Un président par défaut
Les raisons du “déclin” du Raja sont à chercher ailleurs et on peut dire qu'il a commencé avec le départ du président Ammor quand le problème de la succession à cette charge s'est posé.
Comme personne ne s'imposait vraiment pas pour ce poste, on a opté pour un président par défaut, c'est-à-dire le moins mauvais de la majorité des médiocres siégeant au comité car à l'assemblée générale on avait pris soin d'éliminer des dirigeants valables (Boussaïri, Hanaoui, Senhaji).
Le fauteuil présidentiel échut donc à Abdeslam Hanat qui excellait jusqu'alors dans son poste de secrétaire général. Ce qui n'en faisait pas automatiquement un bon président. Et très vite, il apparut que le nouveau président ne maîtrisait pas bien l'ensemble des membres de son comité. D'où des dérapages dans tous les sens sans qu'il parvienne à réparer toutes les gaffes.
La plus triste illustration en est l'affaire Coca Cola et l'autorisation accordée à des chaînes de télévision étrangères de filmer la finale aller de la Ligue des champions ainsi que l'étalement du maillot géant de Siera à la place du sponsor de la CAF, LG. Cette série de bourdes monumentales va coûter énormément cher au club des Verts et à défaut de situer la responsabilité de leurs auteurs voilà qu'on cherche d'abord à les minimiser avant de les coller à un bouc émissaire.
Couper injustement des têtes ramènera-t-il pour autant calme et sérénité dans la maison des Verts ?
Pas sûr car rien ne va plus dans le club et cela à tous les niveaux car le vide est sidéral dans plusieurs structures, à commencer par l'encadrement des jeunes avec le départ de Fethi Jamal et qui n'a toujours pas été remplacé.
Les finances risquent également d'en souffrir avec la nouvelle composition de la trésorerie. Sans parler du volet technique avec le limogeage de l'entraîneur belge.
Au niveau de la gestion des joueurs, c'est encore la débandade puisque plusieurs supposées fortes têtes sont constamment en butte au comité et à défaut de les ramener à la raison (surtout qu'ils n'ont pas plus de 22 ans) voilà qu'on les “punit” avec des transferts-prêts malheureux (hier Zakaria Aboub aux FAR et aujourd'hui Kharbouch au Hassania).
Devant la violence de la houle qui secoue désormais le club voilà que le comité condescend à discuter avec les adhérents mais seulement pour une vision prospective. Autrement dit, pas question de débattre de la crise actuelle et des limogeages en série intervenus la semaine dernière.
On a tout au juste procédé à un vaste tour d'horizon avec la promesse de tenir les Etats généraux du club avec toutes les potentialités du Raja, c'est-à-dire anciens et nouveaux. Vaste programme.
Henri le sauveur
La succession de Walter Meeuws ayant été vite réglée, avec l'accord de principe d'Henri Michel on peut tabler sur une éventuelle reprise de l'équipe puisque d'une part, l'ex-patron des Lions de l'Atlas connaît suffisamment le football marocain et qu'il a toujours marqué un faible pour le Raja. Et puis avec le riche effectif dont il dispose, il n'y a pas de raison qu'il ne relance pas la machine des Verts. On verra ainsi le Raja jouer à la mode nantaise puisque c'est là que Henri Michel a été formé et les deux clubs ont bien des similitudes, notamment la formation des jeunes.


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