Le Maroc préside une réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine sur l'intelligence artificielle et son impact sur le continent    Crédit du Maroc : la dynamique commerciale booste les performances    Taux directeur : BAM prend le marché à contre-pied    Agadir : 21,6 MDH pour renforcer les équipements de la ligne de BHNS    Le Maroc renforce son leadership en tant qu'acteur clé de l'intelligence artificielle    Diplomatie : l'UE, le Canada et la Grande-Bretagne avancent en front uni face à Trump    L'Interact Massignon : un engagement solidaire à travers le sport    «Oiseaux du Mexique» : une exposition inédite au musée Yves Saint Laurent Marrakech (PHOTOS)    Interview avec l'ambassadrice du Kazakhstan, Saulekul Sailaukyzy : « Nous envisageons de créer un hub de blé kazakh au Maroc »    Rabat sous l'intrusion des caméras : pour le RNI, le questionnement sur l'espace des libertés est un luxe    Une première au Maroc: le parc auto du Groupe RAM passe au tout-électrique    Une société d'ingénierie et de conseil en technologies s'implante à Oujda, création prévue de 500 emplois directs    Baraka : Malgré les récentes pluies, le Maroc demeure en situation de sécheresse « modérée »    Trois ans après avoir reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Madrid revendique une relation «extraordinaire» et «inédite» avec Rabat    Algérie : un avion de chasse Shoukoï Su-30 s'écrase lors d'un vol d'instruction    L'extrême gauche espagnole appelle à compenser le retrait de l'USAID pour le Polisario    Les Etats-Unis imposent de nouvelles restrictions de visa pour les citoyens de 43 pays    Séisme d'Al-Haouz : le gouvernement fait le point sur l'avancement de la reconstruction    Maroc-Espagne : des échanges commerciaux atteignant 250 milliards de dirhams, Rabat premier partenaire économique africain de Madrid    Maroc-Algérie : Un Rééquilibrage Géopolitique en Cours    Journal Argarica espagnol : Découverte d'une écriture en tifinagh berbère dans la province d'Alméria, Espagne    Le Suisse Label STEP élargit son réseau de partenaires au Maroc pour promouvoir un artisanat du tapis équitable et durable    Le cinéaste égyptien Amir Ramsès rejoint le jury du festival de Tétouan    Guerre en Ukraine: Appel téléphonique entre Trump et Poutine    FRMF - LNFP / Post-trêve internationale : Les 16es de la Coupe du Trône avant la J26 du Botola    Coupe d'Excellence / J6 : Programme de ce mercredi    CPS : Le Maroc insiste sur l'accompagnement des pays en transition pour accélérer leur retour à l'UA    Financement des TPE : Mise en place d'un nouveau programme de soutien à un taux préférentiel    El FMI libera 496 millones de dólares para Marruecos    Moroccan army Inspector General visits Saudi Arabia's Islamic Coalition Against Terrorism    Maroc : le vaste programme d'expropriations pour les grands travaux d'infrastructure suscite des remous    L'IATA encense la «stratégie aéroportuaire 2030» du Maroc, levier de rayonnement et de puissance économique    Camouflet pour Alger : la justice française refuse l'extradition d'Abdesselam Bouchouareb    Le PJD dénonce la reprise de la guerre à Gaza et appelle le Maroc à rompre avec Israël    Vox s'oppose à la répartition des mineurs migrants marocains entre la Catalogne et les autres régions espagnoles    SM le Roi félicite la boxeuse Widad Bertal, sacrée championne du monde    Les couleurs du ciel du mercredi 19 mars    Italie : Un couple marocain arrêté pour avoir tenté de vendre leur nourrisson    Accidents : 24 morts et 2.192 blessés en périmètre urbain la semaine dernière    FRMF: L'arbitre international Ismail El Fath chargé du développement de l'arbitrage marocain    FRMF : l'arbitre international Ismaïl El Fath chargé du développement de l'arbitrage marocain    Wydad de Casablanca : Ruali Mokwena fait face à une pression croissante    Le Festival de Cinéma Méditerranéen de Tétouan célèbre ses 30 ans et dévoile les membres des jurys    Will Smith annonce sa participation au Festival Mawazine 2025    Le voyage en train d'Adrien Brody vers Tanger dans la campagne cinématographique de Monos    Le Gabon, 3ème pays africain le moins stressé en 2025    Blessé, Messi va manquer deux matches de qualifications à la Coupe du Monde 2026    Le Niger se retire de l'Organisation internationale de la Francophonie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Littérature Chama ou la mort de Don Juan
Publié dans La Gazette du Maroc le 02 - 01 - 2009

Don Juan averti en vaut deux. Pourtant, le héros de ce roman, après avoir séduit une femme d'une candeur étonnante, se fera jeter pour un autre. D'où la douleur d'un homme trop sûr de lui, d'un séducteur en série pris à son propre piège.
Assurément, aujourd'hui, Don Juan a du plomb dans l'aile et cette plongée dans la psychologie du personnage rappelle la chute du modèle, tué autant par l'émancipation de la femme que par le recul du pouvoir des machos.
Rien, Lucilius, ne nous appartient; seul le temps est à nous. Ce bien fugitif et glissant est l'unique possession que nous ait départie la Nature; et peut nous en chasser qui veut. Telle est la folie des humains qu'ils se sentent redevables du moindre cadeau peu coûteux qu'on leur fait, cadeau remplaçable en tout cas, mais que personne ne s'estime redevable du temps qu'il a reçu en partage, alors que le plus reconnaissant des hommes ne pourrait le rendre.» Ces lignes que Sénèque dédiait à son disciple, le Don Juan de «Chama» ne les a certainement jamais méditées. Sans cela, il aurait pu comprendre que sa prétention à user des femmes comme on utilise un kleneex lui jouera forcément un jour un tour. Evidemment, je n'ai jamais estimé une femme digne d'être la mienne. Qu'elle devienne ma maîtresse : oui, bien sûr ; mon ex : un jour ou l'autre…mon épouse, jamais ! Avec «Chama» le beau séducteur en prend pour son grade. Non que la femme soit trop «libre» ou qu'elle ait la faculté de collectionner les hommes comme il collectionne les femmes, mais tout simplement parce qu'elle a fini par se rendre compte qu'il n'avait aucun droit de lui dérober sa vie. Le jour où la douce, tendre et docile Chama décide de se marier, c'est un gouffre qui s'ouvre sous ses pieds.
Il croyait tout savoir des femmes, lui le spécialiste du sexe féminin. C'était pourtant bien lui qui la mettait en garde contre la fidélité : «afin de me donner bonne conscience, je l'invitais à rencontrer d'autres personnes, pour vivre autre chose et qu'il n'y ait pas de différences entre nous». Cet homme viscéralement infidèle va connaître les affres de la jalousie, la honte d'avoir été plaqué par la seule femme qui l'a vraiment aimé et qu'il ne pensait pas avoir autant aimée lui aussi. Le Don Juan qui aimait à se définir comme « un riche parti sans attache réelle», préoccupé d'abord de traquer la malhonnêteté intellectuelle des femmes, leur propension à convoiter tout homme, un tant soit peu séduisant, riche et intelligent, défenseur acharné de la concupiscence contre la nuit totalitaire du mariage avec une seule et unique femme, avocat inlassable de l'indépendance d'esprit de chaque individu, pourfendeur de la bien-pensance ambiante.
Pourtant «Chama», cette femme frêle qui rougit lorsqu'il lui parle laissera un goût d'amertume dans sa vie, quand après l'avoir abreuvé de tendres paroles, elle finira par se lier à un autre. Par lassitude peut-être. Par peur des convenances ? S'il revient à chacun de choisir son existence, Don Juan finira par s'avouer vaincu par le malheur de ses choix. Il ira jusqu'à devenir victime de ses victimes.
«Je me suis réveillé soudain, cette nuit, par un rêve étrange où une femme inconnue, en larmes , me désignait du doigt en lançant des malédictions : Oh mon Dieu , hurlait-elle, venge nous toutes ! Fais le plonger en enfer !» L'enfer, il y était déjà, à partir du moment où dans son orgueil démesuré, il se rendait compte que la femme la plus douce, la plus inoffensive, «Chama», celle pour qui il était prêt à faire des concessions, allait le rayer de sa vie d'un seul trait et sans état d'âme.
Dans ses choix, dans ses comportements, il avait pourtant toujours pris ses responsabilités et assumé, sans fard, sa condition de séducteur en série. «Voilà plus de 20 ans que je fais le coq…Convaincu d'être l'un des partis les plus enviables de la ville, mon obsession a toujours été d'échapper aux candidates à m'épouser.» C'est à ce titre qu'il se sentait un modèle pour les hommes trompés par leurs femmes, pour les pauvres mâles contraints à la solitude par manque d'argent ou par déficit physique. Un métier à hauts risques, car il est condamné par ce statut de séducteur, à avoir tort ou raison. Ce qui est évidemment le plus intéressant dans ce roman, c'est le type du séducteur ancré dans ses convictions. Pour des raisons évidentes, cet homme qui connaît très bien la psychologie des femmes, sait comment se comporter avec elles, il connaît les moindres recoins de leurs faiblesses, leurs réactions parfois irrationnelles, il manie le langage des gestes encore mieux que la langue et c'est ce qui fait qu'il finit par plaire à toutes les femmes qui sont autour de lui. «En aimer une,» disait le Don Juan du cinéma, «c'est faire tort aux autres», donc notre séducteur est condamné à n'en aimer aucune et se contenter de relations passagères avec toutes les autres. On sait que Don Juan n'a plus d'intérêt envers une femme déjà conquise alors que pour une fois, ce séducteur invétéré était tombé réellement amoureux. Un instant, notre héros pour taire cette douleur diffuse, est tenté de reprendre langue avec celle qu'il a aimée et qui n'est plus que la femme de l'autre, l'épouse consentante d'un homme bien sous tout rapport. Ravivant l'éternel débat de la marocaine qui vit sa passion avec celui qu'elle aime et finit par épouser un bon parti pour faire des enfants et se ranger.
Mais l'idée de se remettre en relation avec elle le met mal à l'aise.
Non pas pour des raisons morales, un Don Juan ne saurait mettre un frein à ses conquêtes pour des considérations aussi ringardes, mais le malaise est autre : «quelle que soit l'intimité que désormais tu daignes m'accorder, je ne pourrais plus être que l'amant, l'interdit, la faute. Et lui, sera le légitime, le consacré.
Et quand bien même, un jour, tu venais à le quitter, je sais qu'au plus profond de moi, cette blessure, jamais ne se refermera», se torture le personnage. Finalement, le seul héritage qu'il gardera de cette douleur est une lucidité bien lourde à porter. ■


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.