Ali Fassi Fihri Monsieur «utilities» Frère de Taïeb, cet ingénieur a eu un parcours de spécialiste en eau et électricité, ce qu'il n'était pas au départ. Son premier poste de grande responsabilité, il l'a eu en pleine crise énergétique. Driss Benhima débauché du privé et nommé au chevet de l'ONE, Ali Fassi Fihri hérite du poste de directeur adjoint de l'ONE et de patron du centre des Energies renouvelables, le fameux CDER. A l'époque, les ingénieurs de Casablanca regardaient avec amusement, ceux, qui, à Marrakech, rêvaient d'énergie propre et moins chère. Le programme d'Electrification rurale doit énormément au CDER. Nommé ensuite à la tête de l'ONEP, il a réussi un programme d'infrastructures important, surtout pour approvisionner les grands centres ruraux et les provinces sahariennes. Il revient à l'ONE, apparemment en cumulant, dans des conditions identiques à celles de 1993. Risques de délestage et déséquilibre financier aggravé, sont les deux cadeaux qu'il a trouvés à son accueil. On jugera à l'arrivée. Ali Fassi Fihri a une personnalité différente de celle de son frère. Sans être introverti, il communique moins. Quand il le fait, il préfère la démonstration chiffrée méthodique aux déclarations de principe. Ses sorties dans la presse sont très rares. Ses collaborateurs le décrivent comme un travailleur acharné, doublé d'un «ould Ennass», c'est-à-dire un type bien. Marié à Yasmina Baddou, la ministre istiqlalienne, il est plus réservé depuis que celle-ci est entrée en politique, qu'il ne l'était avant. Le patron de l'eau et de l'électricité préfère travailler loin des sunlights et être jugé sur pièce. Ce qui ne l'empêche pas d'être un réel «rigolard» en intimité. C'est de chez lui que ses amis rénovent leur stock de « noukates ». Yasmina Baddou Petit juriste deviendra grand Quand on a un petit diplôme en sciences juridiques et qu'on est un fils du peuple, on va grossir les rangs des diplômés chômeurs pour goûter à la matraque des agents des forces auxiliaires devant le Parlement. Mais quand on s'appelle Baddou, on commence par se faire nommer Secrétaire d'Etat à la famille en 2002 avant de devenir un «vrai» ministre de la Santé. La petite star de l'Istiqlal, qui a gagné du galon en 2007 avec le département de la Santé ne connaît que dalle à la médecine. Elle se fait huer à tout bout de champ par les praticiens du secteur, mais cela ne l'a jamais vraiment inquiétée. Et pour cause, cette juriste de formation est la chouchou de Si Abbas. Normal, elle est la fille de Abderrahmane Baddou, secrétaire d'Etat et ambassadeur sous Boucetta, lui-même, un pur produit du terroir fassi de l'Istiqlal. Cerise sur le gâteau, elle est mariée à Ali Fassi-Fihri, l'ex-DG de l'ONEP, qui vient de prendre les rênes de l'ONE. Karim Ghellab Une bête politique Le ministre de l'équipement n'est dans cette sélection que par la faute de la vox-populi, contrairement à la légende, son père n'a jamais exercé de responsabilité officielle et Karim est un produit de l'école Marocaine, contrairement à d'autres, issus des missions étrangères. Sa carrière n'a pas été linéaire. Comme la plupart des pontistes, il a rejoint le Ministère de l'Equipement, où il prend une direction après quelques temps. Un Ministre Istiqlalien, Tighouane, issu de l'école Hassania, déclare la guerre aux ponts et chaussées. Le jeune Karim ghellab, fait partie de la charrette. Il est récupéré par le Roi, qui le nomme à la tête de l'ONCF. En 2002, il remplace ce même Tighouane au Ministère de l'équipement. Il a la chance de superviser un énorme effort en termes d'infrastructures et de bien s'en sortir. Entre-temps, il s'est engagé à l'Istiqlal, de manière active. Elu local à Casablanca, dans une commune difficile, Sbata, il en est aussi le parlementaire. Le garçon apprend vite. Il est devenu un politique à la cuirasse dure, tenant bien sa circonscription malgré sa charge ministérielle, se faisant respecter par les militants Istiqlaliens qui ne voient plus en lui un parachuté. Il laisse pointer de grandes ambitions politiques. D'abord au niveau de Casablanca, dont il voudrait prendre la mairie, ensuite au niveau du parti à moyen terme. Il faudra à n'en pas douter, compter avec lui lors des prochaines échéances. Cet ingénieur, rompu aux chiffres, a une grande qualité : le courage politique. Il mène depuis deux ans une vraie bagarre face au lobby du transport. Même lâché par sa majorité, il louvoie, mais ne recule pas. Sur le plan humain, il est attachant, excellent débatteur, ce qui n'est pas la marque de fabrique du clan des ingénieurs, facile d'approche. Son péché mignon, c'est son extrême sensibilité à son image. On peut penser que cette bête politique, sait l'importance de la communication dans l'action publique. Adil Douiri Le mécano de la finance Il a entamé sa carrière à la salle des marchés de la BNP à Paris. Il décide de rentrer au pays, parce que l'Etat a décidé d'une réforme structurelle : celle de la bourse de Casablanca. Il fonde avec Amyn Alami CFG. Ils sont tous les deux étroitement associés à la préparation de la loi du 22 septembre 1993, qui réorganise et modernise la bourse. Ils font de CFG la plus grande banque d'investissement privée de la place, s'allient à Accor et créent un fonds d'investissement dédié au tourisme. En 2002, Driss Jettou le nomme Ministre, vingt ans après le départ de son père, M'hamed Douiri du Ministère de l'Equipement, appelé autrefois les Travaux publics. Son père, polytechnicien, a été Ministre à plusieurs reprises, chaque fois que l'Istiqlal est au gouvernement, jusqu'au début des années 80. Son dernier mandat a été chahuté. Des relations difficiles avec l'entourage de Hassan II, l'ont confiné dans un rôle de comparse fâché. Le fils va être à la base de la stratégie du Tourisme et de celle de l'Artisanat. Ses «Visions» constituent encore la feuille de route du gouvernement actuel. En 2007, et à la surprise générale, il n'est pas reconduit. Il aurait «exigé » le Ministère des Finances. Il est revenu dans le monde des affaires, tout en animant un Think Tank de l'Istiqlal sur l'économie. La seule ombre au tableau est une question qui ressort souvent et à laquelle il ne répond pas : a-t-il réellement retiré ses billes, ses actions, avant de devenir Ministre pour éviter le conflit d'intérêt ? Aujourd'hui, il serait sur des dossiers importants qui devraient se concrétiser en 2009, malgré la conjoncture mondiale. Ceux qui ont eu affaire à lui reconnaissent sa compétence, en particulier dans les montages financiers complexes. D'humeur très égale, il peut se raidir, comme il l'a fait au Parlement, face à un élu, ancien guide devenu promoteur, qui mettait en doute sa probité. Son implication politique, au sein de l'Istiqlal, paraît limitée à ses domaines de compétence. Il ne rentre pas dans les jeux politiciens, lui dont le père a fait pendant longtemps figure de dauphin de Maître Boucetta. Taïeb Fassi Fihri Tombé dans la marmite de la diplomatie L'actuel ministre des affaires Etrangères a suivi l'adage Marocain qui dit « suit le métier de ton père si tu ne veux pas être vaincu ». Le défunt Habib Fassi Fihri était l'un des premiers ambassadeurs du Maroc. Grand commis de l'Etat, il avait des relations plus que cordiales avec l'ensemble de l'Establishment, y compris au sein de l'opposition de l'époque et ce, en dehors des relations familiales. Taïeb a intégré le ministère des Affaires Etrangères presque par destination. Il a gravi les échelons avant d'être nommé secrétaire d'Etat au milieu des années 90, puis ministre à carton plein dans l'actuel gouvernement. Il a derrière lui, une longue expérience, malgré son jeune âge relatif. Il a surtout eu la chance d'avoir la charge de dossiers structurants, stratégiques, difficiles comme les relations avec l'Union Européenne, la question du Sahara ou encore les instruments du commerce international. Sur ces différents dossiers, il a travaillé avec d'autres décideurs, tels que Hassan Abouyoub, André Azoulay, Driss Basri, Fouad Ali El Himma et Yassine Mansouri. Sa permanence au poste, en fait une sorte de « mémoire » de ces dossiers. Fin diplomate, il a une connaissance parfaite de ses dossiers. Doté d'un humour corrosif, il n'hésite pas à s'en servir. Il sait se montrer ferme, sans être cassant, prendre ses distances sans paraître hautain. Il est attendu sur le fonctionnement de son ministère, le renouvellement des têtes, l'amélioration de l'efficience des conseillers à la communication et aux relations commerciales. Tout un programme parce qu'il hérite d'un mammouth, qu'il connaît bien cependant. Sauf, grosse surprise, il est appelé à durer dans le poste. Il a donc le temps de mettre en place une vraie stratégie. Mohamed Achraf Abroun Les affaires dès le berceau Qu'exige-t-on d'un gosse de riche pour faire ses preuves ? Qu'il se contente de laisser le magot de la famille prospérer en toute quiétude. C'est en substance ce que fait le tout jeune patron de Gold Vision. Achraf (28 ans) s'est contenté d'être un héritier, attendant patiemment pour régner sur l'empire, que son père prenne sa retraite. Il a donc préféré s'installer dans le cocon douillet de l'affaire familiale au lieu d'explorer les lendemains hasardeux de la libre entreprise. Tenter sa chance et créer sa propre entreprise, n'est pas le fort des riches héritiers. Difficile de se débarrasser du vilain costume de fils à papa pour endosser celui d'entrepreneur. Avec ses réseaux et sa gueule d'entrepreneur de charme, il a quand même réussi à monter de jolis coups puisque Gold Vision est aujourd'hui leader sur les récepteurs numériques avec 80 % de parts de marché. La boîte engrange quelques 750 millions de dirhams de chiffre d'affaires et mise désormais sur les ordinateurs portables. Aujourd'hui, Achraf règne sur un petit empire qui comprend également un pôle immobilier. Ce qui ne l'empêche pas de présider le club de foot de Tétouan, sa ville natale. Abdellah Slaoui Le parapluie fonctionne toujours Abdallah Slaoui, patron de l'ex-mensuel Masculin, n'est tout autre que le fils de Driss Slaoui, ancien conseiller du roi Hassan II. Ce garçon bien sous tout rapport a fait un passage peu remarqué à la tête du magazine qui n'a pas survécu à une gestion hasardeuse. L'homme aurait d'ailleurs pu rester dans l'anonymat le plus absolu s'il n'avait eu le triste privilège d'avoir été cité, il y a quelques années de cela, par un journal irakien comme faisant partie des bénéficiaires présumés des dons de pétrole de Saddam Hussein. L'affaire avait été révélée par le journal irakien «Al-Mada». Celui-ci a publié la liste de plus de 250 personnalités de 46 pays, anciens ministres, députés, hommes politiques, hommes d'affaires, journalistes, qui auraient bénéficié de ces largesses en coupons-pétrole donnant droit à des barils de pétrole brut. Depuis ce triste épisode, Abdellah Slaoui s'est lancé à corps perdu dans la promotion immobilière. A Bouznika, il érige un complexe résidentiel de luxe inspiré du fameux River Palm de DubaÏ. Younes Boumehdi Le fils du général Jean, baskets, tee shirt et l'éternel sourire aux lèvres, Younes Boumehdi est vraiment le copain qu'on voudrait avoir quand on est jeune. Le patron de Hit Radio est la coqueluche des jeunes. Normal, sa radio 100 % jeune, botte souvent en touche, à tel point que la Haca lui a collé une amende de 100 000 DH dont le patron s'est acquitté avec le sourire. Mais le trentenaire aurait-il pu mener à bien ce projet sonnant et trébuchant, s'il n'avait été le fils du puissant général Boumehdi ? L'ex-patron de la Santé militaire qui contrôlait toute la santé des FAR, du plus petit infirmier au professeur, de la plus petite seringue au plus gros scanner ? En tout cas, le patron de Hit Radio a décroché sa licence de radio, à la première vague de libéralisation des ondes. Sur les 7 chaînes de radios agréées par la HACA, la sienne a été la première à émettre. Brahim Fassi Fihri Diplomatie familiale Brahim Fassi Fihri aurait-il réussi à faire venir des poids lourds de la politique internationale comme le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, Saeb Erakat, l'un des principaux négociateurs palestiniens, ou encore Eric Besson, secrétaire d'Etat français chargé de la Prospective économique, s'il n'avait pas le parapluie paternel ? Lequel Taieb Fassi Fihri, lui-même n'a pas hésité à faire le déplacement et à intervenir publiquement sur la tribune du MEDays, un forum qui s'est tenu à Tanger du 26 au 28 novembre dernier. L'institut Amadeus présidé par Brahim Fassi-Fihri qui a pour ambition de devenir un nouveau Davos du sud, n'a pourtant pas plus d'une année d'existence. A 26 ans, Brahim Fassi Fihri qui préside l'Institut Amadeus, semble décidément bien précoce. En effet, cet Institut est non seulement derrière l'organisation de débats et de forums, mais il joue également le rôle de conseiller du gouvernement et se voit souvent confier des missions de conseil des entreprises publiques ainsi que de grands groupes. Le Fils de Tayeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, a un diplôme en sciences politiques, décroché à Montréal. Son institut, il le créera en 2005, en France, en mettant sur pied, timidement mais sûrement l'association Amadeus, qui deviendra en 2008 ce fameux Institut Amadeus. L'étudiant n'a encore aucune expérience mais cela ne l'empêchera pas d'être aux premières loges à d'importantes réunions internationales, telles que la Conférence euro-africaine de Rabat sur l'Immigration en 2006. Quand on s'appelle Fassi Fihri et que le papa est le patron de la diplomatie marocaine, cela va lui ouvrir les portes de la Commission européenne pour effectuer en 2007 un stage à la direction générale des Relations extérieures dans l'unité Euromed and regional issues. Cerise sur le gâteau, le jeune et tout fringant Brahim Fassi Fihri, va être propulsé membre du comité d'organisation et de suivi de la onzième Conférence interministérielle Euromed de la transition économique et participe à ce titre à plusieurs réunions du comité Euromed des hauts fonctionnaires. Khalida Azbane Belkady Le parfum de papa La fille du célèbre Azbane est née comme avec une sorte de parfum de réussite dans la bouche. Khalida Azbane Belkady n'a pas eu vraiment à se fouler pour trouver sa voie. Son géniteur, bien versé dans le secteur juteux des cosmétiques a bien calculé son coup : tu seras parfumeur mon enfant ! Résultat : tous ses enfants occupent aujourd'hui, Khalida et ses trois frères, un poste important dans l'entreprise familiale : Azbane, marque marocaine de parfumerie, cosmétique et produits d'accueil en hôtellerie et dont 50% vont à l'export. Pour préparer la future héritière, Azbane l'a initiée au métier en lui faisant suivre un cursus approprié, elle fera donc des études de chimie et avec les largesses de papa, elle se permettra même plusieurs stages à l'étranger, notamment en France et au Japon. En 1984, c'est sur elle que se porte le choix du milliardaire soussi qui la nommera directrice générale de Azbane avant qu'elle ne devienne la véritable patronne de cette société installée à Casablanca, qui a désormais ses entrées sur des marchés internationaux… comme le Japon , la France, l'Italie et la Belgique. Taoufik Cherkaoui La conservation foncière envers et contre tous Quand on est fils de général, on peut se permettre de se mettre à dos tout le personnel de la conservation foncière, sans être le moins du monde inquiété. Taoufiq Cherkaoui a fini par prouver à tout le monde qu'il fait vraiment partie des intouchables de ce pays. Cet ancien membre du cabinet d'El Himma, avait été nommé, il y a quelques années, à la tête de la très stratégique Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC). Dès sa nomination, l'homme a mis la pression sur l'agence et a réussi l'exploit de provoquer des grèves de plusieurs semaines dans toutes les agences de la conservation foncière. Le bras de fer a duré ainsi plusieurs années sans que l'ex-patron de la direction des statistiques ne cède sur le moindre dossier. Finalement, aucun accord satisfaisant n'a été conclu entre l'administration et les salariés. Bien que ces grèves à répétition au sein de la Conservation foncière aient provoqué à l'époque des dégâts palpables au niveau de la conservation, avec des dossiers en suspens, des procédures retardées, crédits immobilisés, diverses perturbations au niveau des transactions immobilières, c'est toujours Taoufiq Cherkaoui qui règne en maître absolu sur les destinées de l'agence en question. Karim Tazi Le bobo de la famille Dans la famille Tazi, Karim fait figure d'intellectuel de la famille. Une impression qui lui colle certainement depuis son passage à la Sorbonne. Après son DES en 1984, le jeune diplômé ne connaîtra pas les affres du chômage, puisqu'il est directement propulsé directeur du personnel dans l'affaire familiale. Aujourd'hui à la tête du groupe Richbond, il a présidé l'Amith et joué un rôle actif au sein de la CGEM. Ce «gosse de riche» affiche toujours un petit air de supériorité, un peu donneur de leçon. En réalité, il correspond parfaitement à la définition du bobo, le bourgeois gaucho. Ces bourgeois souvent écolos ou sociaux démocrates ou libertaires qui se réclament de la gauche, même s'ils profitent à mort du libéralisme sauvage. Karim Tazi en bon homme d'affaires soucieux de ses intérêts, n'a pas hésité à s'allier l'espace d'un forum avec le républicain Zazaa pour la création du RESAQ en 2003, que Richbond a hébergé et soutenu à fonds perdus. Sauf que l'idylle entre le gaucho et l'homme d'affaires durera peu longtemps et les deux hommes divorceront dans la douleur, n'hésitant pas à se tirer dessus par journaux interposés.