Le rapport de Human Rights ne change pas la donne. C'est toujours l'Algérie qui est interpellée par la communauté internationale. En diplomatie, l'outrance n'a jamais été un signe de force, ni de pertinence des positions. L'Algérie veut instrumentaliser le rapport de Human Rights Watch, surtout sa proposition de donner de nouvelles compétences à la Minurso en ce qui concerne la défense des droits de l'Homme au Sahara. Les diplomates algériens savent que ce n'est pas ainsi que fonctionnent les institutions internationales. Le mandat de la Minurso, renouvelable tous les 6 mois, fait partie du plan de paix. Celui-ci reconnaît l'Administration Marocaine. Il est donc peu envisageable de changer la nature de ce mandat, sans l'accord du Maroc et celui-ci est exclu. L'Algérie agite 3 chiffons rouges : Le nombre de pays reconnaissant la RASD. Selon Alger, ils seraient 83. Faux, parce que plus de la moitié ont retiré cette reconnaissance après avoir pris conscience de la nature du conflit. Le reste est constitué de petits pays, de l'Afrique du Sud et d'affidés de l'Algérie. Le Polisario et ses maîtres savent que la tendance est inversée et que la fin de la guerre froide a été aussi celle des ralliements automatiques du camp dit progressiste. A l'ONU les gens savent compter. Le pillage des ressources naturelles : là aussi c'est un mensonge facile à démonter. Il n'y a pas une seule goutte de pétrole au Sahara. Le phosphate est économiquement peu rentable et coûte de l'argent à l'OCP. Reste la pêche hauturière où les opérateurs sahraouis sont en nombre. A l'inverse, les régions du Sud ont bénéficié d'un effort public colossal que tous les observateurs mettent en exergue et la pauvreté extrême y est presque éradiquée. Ce sont des faits, pas de la propagande. Ces régions étant ouvertes à la presse internationale, aux ONG, aux hommes politiques, ces vérités ont fini par s'imposer. Les droits de l'Homme : Le Maroc est présenté comme un occupant foulant aux pieds les droits du peuple Sahraoui, organisant des enlèvements et des assassinats. Cette outrance là est utilisée au plus haut niveau de l'Etat Algérien. A Rabat, l'on sait que des violations limitées ont eu lieu, comme sur le reste du territoire et que les responsables ont été, souvent, sanctionnés. Cette nouvelle arme algérienne risque de se retourner contre eux. A Tindouf, il ne s'agit pas de séquestration mais d'esclavage, selon le rapport qu'Alger veut brandir. Quid de Manhasset? Si l'Algérie sort ses pétards mouillés, c'est qu'elle sait que la pression internationale va s'exercer sur elle. Depuis plusieurs années, le conseil de sécurité demande aux belligérants de faire des propositions alternatives au processus référendaire. Celui-ci avait du plomb dans l'aile dès le début : les critères identitaires. Dans les processus semblables qui ont abouti, en majorité, c'est la population dans son entier qui a voté. Dans le cas présent, la sœur même d'Abdelaziz a été déboutée par les Chioukhs du Polisario. Treize années n'ont pas suffi pour réaliser le moindre pas en avant. Le Polisario, en s'accrochant au référendum, n'a plus qu'un seul objectif, le maintien du statu-quo, au mépris de la volonté de ceux qu'il dit représenter. La proposition d'autonomie marocaine répondait à cette demande, à ce souci de la communauté internationale. Elle a d'abord été qualifiée de «crédible». Ensuite, devant les blocages d'Alger, la communauté internationale l'a qualifiée de «solution possible». Depuis, plusieurs grands de ce Monde considèrent qu'elle est la seule base envisageable. Entre temps le chimérique projet de république est qualifié, officiellement, d'irréaliste. Le conseil de sécurité dans sa résolution 18-13 fixe les règles du jeu : les propositions doivent être «réalistes et de compromis», le référendum, le séparatisme sont hors-jeu. Dans un mois, Christopher Ross doit entamer sa première tournée dans la région. Sa mission est encadrée par les résultats acquis et la résolution 18-33. Alger devra se positionner par rapport à la proposition de l'autonomie, sans pouvoir se réfugier derrière son interprétation, très particulière, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est cette perspective qui a poussé Alger à la campagne haineuse actuelle. Nous assistons à un véritable renversement de situation. Le Maroc n'est plus acculé par la communauté internationale, qui considère qu'il a fait des concessions et que son désir d'arriver à une solution réaliste et de compromis est réel. Alger et le Polisario sont interpellés. Cet acquis-là est important, cela ne signifie pas pour autant que l'on doive déserter les fronts ouverts par l'Algérie. Le combat pour les droits des réfugiés de Tindouf, en particulier ceux d'expression et de libre circulation doit devenir la priorité pour les associations des droits de l'Homme Marocaines. Même celle qui a une position équivoque sur la question, crédibiliserait son discours en s'y mettant.■