Un commentaire envoyé à l'auteur dit : «superbe histoire. Elle devrait être portée au cinéma...». C'est aussi ce qu'a dû se dire Jérôme Cohen-Olivar. Seulement lui l'a fait ! Avec un bémol quand même : «ce n'est pas la légende que j'ai voulu mettre en images ; je m'en suis inspiré pour faire un film de genre». uelques lignes. Car que reproche-t-on au film, pas à la légende bien sûr ? D'abord le titre : « oui peut-être, j'aurais dû ne pas appeler le film comme ça au moins au Maroc ». L'histoire ensuite : «j'ai suivi une trame -peut-être légère, j'accepte la critique- et à partir de cette trame, j'y ai mis des personnages, des images, de la musique… et j'ai raconté une histoire. Je dirais même j'ai fait un conte ».Film de genre enfin : «oui j'ai eu envie de faire un film de genre. D'abord cela ne s'est jamais fait au Maroc. Ensuite, il m'a semblé que ce film de genre permet, à partir d'une trame fantastique, de raconter une histoire finalement banale et universelle. Enfin -et je n'ai aucunement honte de cela- j'espère que ce film de genre marocain se vendra à l'étranger et montrera que les cinéastes marocains savent faire aussi ce genre de film».Décidément, au fur et à mesure qu'il parle, on a l'impression qu'il le fait exprès et qu'il s'enfonce un peu plus. Quelle horreur «vendre un film» ! Alors donc, voilà un cinéaste qui ne se contente pas des félicitations de la critique et qui en plus veut vendre son film. Il en a du toupet ! Oui il semble qu'il en a du toupet. Et du talent aussi. Bon, on va être honnête, on ne l'a pas vu le film. On a lu plein de choses sur le film. Des bonnes et des moins bonnes. Mais justement, c'est là que le bât blesse, c'est qu'à part quelques égarés qui parlent du film, la plupart des critiques (le mot est employé ici au sens premier et pas faisant référence à une profession) parlent de tas d'autres choses. Mais pas du film. Donc comme on n'a donc pas vu le film, on en parlera quand on l'aura vu. Ce qui n'empêche pas de tenter de mettre en mots écrits ce que dit J.C.-O.Et ce n'est pas un exercice facile, tellement le réalisateur est mal à l'aise. Sentiers battus Comment déjà obtenir une critique d'un bonhomme qui n'a pas vu son film ? Ensuite, comment parvenir (pour lui et son producteur qui participe à la discussion), à éviter les mots difficiles ? Comment finir par avouer que tout ce bruit autour de son film l'a blessé infiniment ? Comment tenter de faire comprendre à son interlocuteur, qu'il ne veut être jugé que sur son film ? Comment lutter contre des gens qui désignent un personnage comme «française», alors que justement, dans ce conte filmé, Nyla vient de nulle part? Donc la langue qu'elle parle, ma foi… Il semble en effet, que depuis quelques temps -singulièrement depuis que «Les yeux secs» et «Marrock» avaient été lapidés pour cause, le premier de montrer des choses fausses, le second (encore plus fort) pour cause de financements non-marocains- il ne fait pas bon avoir du talent, sortir des sentiers battus, savoir filmer et raconter des histoires.Il semble aussi, que certains patronymes sont moins marocains que d'autres… Et ne croyez pas qu'on débloque : la preuve, le film en question ne souscrirait pas à la marocanité. C'est quoi cette marocanité ? Les tenants de cette marocanité seraient bien embêtés d'en donner une définition d'ailleurs. Preuve par l'absurde encore, souvenons-nous de ce qu'avait osé dire un grand cinéaste pourtant, au sujet du«financement juif» du film Marrock.Les gros mots sont lâchés. On entend déjà les dénégations en tout genre et les cris d'orfraie des bien-pensants de tout poil. Et pourtant ?Pour en revenir au film, les spectateurs de Marrakech ont apprécié, le jury de sélection du festival de Dubaï aussi… Et si on laissait maintenant les spectateurs marocains, et tous les autres aussi partout dans le monde, voir ce film correctement, on pourrait ensuite parler de cinéma. Enfin. ■