Soutien français renouvelé à la marocanité du Sahara lors de la visite de la Présidente de la Région Île-de-France à Rabat    Le maire de Montpellier soutient la position de la France en faveur de la souveraineté du Maroc sur le Sahara marocain    Lutte contre la corruption : Benalilou alerte contre la marginalisation de la société civile    Gestion durable de l'eau : El Bouari et Baraka scellent deux conventions    Le FMI projette une croissance de 3,9% pour le Maroc    La production céréalière reprend des couleurs grâce aux pluies de printemps    Dessalement de l'eau: Le Maroc a réalisé des avancées « majeures »    Le Maroc prépare le déploiement de la 5G d'ici novembre 2025    La Bourse de Casablanca clôture en baisse    Décès du pape François : L'Italie décrète cinq jours de deuil national    La Chine et l'Indonésie tiennent leur premier dialogue conjoint sur la défense et les affaires étrangères    L'ONU supprime un poste humanitaire clé en Syrie    CAN Maroc-2025: Rabat, capitale africaine du futsal féminin    PSG : Achraf Hakimi laissé au repos pour le match face à Nantes    Maroc-France: Pour une relance vigoureuse de la coopération interuniversitaire    Patrimoine culturel immatériel lié aux pratiques alimentaires : le Maroc au cœur d'un projet mondial de l'UNESCO    À Marrakech, un mémorandum de coopération signé entre l'association chinoise CPAFFC-JS et l'AMCPCE    Lancement d'un programme de 28 milliards de dirhams dans le cadre de la vision Aéroports 2030    Bank of Africa première institution de MENA à intégrer l'Alliance africaine pour le capital naturel    Le programme Logcap assurera le soutien aux forces américaines déployées lors des exercices African Lion 25 et Flintlock 25    Les forces armées maliennes annoncent une série d'opérations couronnées de succès dans le nord-est du pays près de la frontière algérienne    Rabat : signature d'une déclaration d'intention pour un partenariat entre la FNM et la région Île-de-France    La CEDEAO célèbre ses 50 ans    Burkina. Le gouvernement affirme avoir déjoué un « grand complot »    CAN U20: Le programme officiel dévoilé    Edito. Scénario hollywoodien    « Ya Baba », le nouveau single signé DYSTINCT en collaboration avec French Montana    Cinéma : « The Wound » en compétition au Beirut Women Film Festival    Le 4e Cycle de formation des observateurs africains des élections apportera une valeur ajoutée exceptionnelle à l'ensemble du continent    La adquisición de Sheffield Wednesday por Anas Sefrioui no se llevó a cabo    Accidents de la circulation : 27 morts et 2.890 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Naïma Ibn Yahya présente les axes majeurs du projet de politique familiale sociale    Le réseau gazier national bientôt relié au Gazoduc africain atlantique    Décès du Pape François: Donald Trump ordonne la mise en berne des drapeaux américains    Lamine Yamal décroche le prix Laureus de la "Révélation Sportive de l'Année"    Robotique : L'équipe marocaine remporte le prix Peer Award à Houston    Lekjaa : les joueurs U20, "projet de l'équipe première pour la Coupe du Monde 2030"    Diagnostic génétique : le WES désormais accessible au Maroc    Espagne : Le Polisario souhaite une chute du gouvernement Sanchez    SM le Roi adresse un message de condoléances suite au décès du Pape François Ier    Espagne: Sin el aval del gobierno, el ejército crea un grupo de trabajo sobre la amenaza marroquí    Los aranceles aduaneros de EE. UU. amenazan 22 mil millones de dólares de exportaciones árabes: ¿Qué oportunidades para Marruecos?    Le régime algérien décrète la "mobilisation générale" après les mouvements de Wagner au sud : des généraux en difficulté et une escalade révélatrice de désarroi    Patrimoine des pratiques alimentaires : Le Maroc au cœur d'un projet mondial de l'UNESCO    Victoire écrasante de la RS Berkane contre CS Constantine 4-0    Le chanteur et compositeur Mohcine Jamal n'est plus    La Fondation émiratie "Kalimat" lance plusieurs initiatives pour promouvoir la lecture dans plusieurs villes marocaines    Mawazine 2025 : plusieurs stars internationales et arabes au rendez-vous    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entretien avec Rachid Beddaoui, président du Forum de la jeunesse rurale : «La jeunesse rurale est laissée pour compte»
Publié dans La Gazette du Maroc le 21 - 11 - 2008

Militant résolument tourné vers le monde rural, Rachid Beddaoui est à créditer d'une initiative méritoire en la matière pour être le premier à entreprendre des actions structurées et des études et investigations sur la jeunesse rurale au Maroc
La Gazette du Maroc : Quel état des lieux pouvez-vous dresser en tant que spécialiste des problèmes de la jeunesse rurale au Maroc?
Rachid Beddaoui : les jeunes représentent 38% de l'ensemble des Marocains, soit 11 millions dont près de 5.000.000 à la campagne. Malheureusement, les jeunes ruraux sont marginalisés en matière d'apprentissage, de formation professionnelle, d'éducation, de travail, de santé … Le taux de chômage atteint 10% au terme du premier trimestre 2007 contre 9,6% à la même période de l'année 2006. Cette aggravation a touché essentiellement les jeunes âgés de 15 à 24 ans dans une proportion de 15,9%. Pire encore, 61,6% de ces jeunes, notamment dans le monde rural, occupent des emplois non rémunérés. Près de 24% sont de sexe féminin classées «femmes au foyer». A ce problème, se greffe l'analphabétisme dont le niveau est encore élevé.
Quelles sont les priorités des jeunes dans nos campagnes?
Je vais les résumer: acquérir une éducation, trouver un emploi, se soigner, fonder une famille et remplir ses obligations civiques. Malheureusement, plusieurs campagnes sont dépourvues d'infrastructures scolaires. Celles qui en disposent se trouvent dans l'incapacité de réunir les conditions nécessaires (d'internats, vulnérabilité des familles…), ce qui provoque la déperdition scolaire. Les jeunes ruraux ont besoin d'un emploi stable. Les équipements sanitaires sont une priorité non négligeable. Le nombre de dispensaires est estimé à 682 unités en 2007, un nombre dérisoire sans compter leur sous-équipement.
Pourquoi les jeunes fuient-ils le monde rural vers la périphérie des grandes villes?
L'exode rural des jeunes renvoie à deux interrogations principales : les motivations sont d'abord d'ordre économique, politique, social et culturel. Si un jeune quitte sa région natale, sa famille, ses proches, sa culture, ce n'est souvent pas uniquement pour une seule et unique raison. Les principaux facteurs encourageant l'exode des jeunes, se traduisent par des taux élevés de chômage, de faibles revenus mal répartis, la pauvreté et l'exclusion, le tout aggravé par une gouvernance défaillante et un encadrement défectueux. Ce phénomène exprime fondamentalement les disparités économiques et la répartition inégale des revenus à l'intérieur du pays, le chômage élevé entretient une forte propension à émigrer vers la périphérie des grandes villes. A coté du chômage, le différentiel des salaires entre le monde rural et urbain continue à inciter les jeunes pour s'expatrier. Pour la plupart, le projet migratoire constitue un moyen d'échapper à l'extrême pauvreté dont le taux reste encore élevé ( 14, 2 % lors du recensement général de 2004), avec une proportion plus grande pour le monde rural en valeur absolue, englobant plus de 4.000.000 de Marocains.
Sont-ils aussi, et dans quelles proportions, candidats à l'émigration clandestine à l'étranger?
Tout d'abord, je dois signaler que l'émigration clandestine à l'étranger ne distingue pas entre les jeunes citadins ou bien ceux issus du monde rural. L'incubation du projet d'émigrer clandestinement chez le jeune campagnard, est souvent enclenchée sous la pression d'autres facteurs à savoir, l'impact de l'audiovisuel, l'image de la réussite qu'affichent les jeunes de la ville. A cela s'ajoute le revenu insuffisant qui ne permet pas de couvrir les charges aussi bien du jeune que celles de sa famille, chose qui le pousse à chercher d'autres solutions qui lui permettront d'améliorer ses conditions de vie.
Quelles sont les actions que vous avez menées en faveur des jeunes ruraux ?
Nous mettons en œuvre un plan d'action mobilisant nos modestes moyens. Ainsi, nous avons organisé tout récemment un certain nombre d'événements, notamment la participation à la formation de 45 coopératives membres du réseau Seguia Al Hamra pour l'environnement et le développement durable dans la région de Laâyoune. Nous avons contribué en matière d'ingénierie sociale en ce qui concerne les techniques d'identification et de formulation de projets, l'analyse des contraintes et critères de viabilité d'un projet, la mobilisation et la gestion de partenariats, la pertinence et l'efficience des initiatives...
Comment est structurée la société civile dans le monde rural?
Il faut signaler que si le nombre d'associations créées dans le monde rural ne cesse d'augmenter, leur contribution au développement du Maroc reste très modeste. Le mouvement associatif reste insuffisamment développé et faiblement structuré tout en étant handicapé dans son évolution par des contraintes liées à la professionnalisation, au bénévolat, à l'encadrement, la formation continue, le défaut de transparence dans la gestion des ressources des ONG. On peut ajouter un statut institutionnel fragile, l'exercice de l'activité subordonnée à l'aval des autorités locales et le manque d'appui des pouvoirs publics.
Comment expliquez-vous le peu d'intérêt accordé à cette jeunesse dans les études et les recherches?

Ce qui est frappant, c'est qu'à chaque fois qu'on parle de la jeunesse, on pense plus souvent aux jeunes des quartiers urbains qu'à ceux de la campagne. Les sociologues eux-mêmes se sont peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant nombreuse. Au Maroc jusqu'à présent, aucune étude de fond ni enquête pointue n'ont été réalisées sur cette catégorie de population, ce qui rend plus ardue l'analyse des caractéristiques socioéconomiques de la jeunesse rurale, très difficiles. Concernant les pouvoirs publics, le Maroc malheureusement ne dispose aujourd'hui d'aucune politique publique en matière de production d'outils visant à faciliter le traitement systématique des questions propres à la jeunesse, et les actions mises en place par le ministère chargé de la jeunesse ne permettent pas de relever l'ensemble des défis auxquels se trouvent confrontés les jeunes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.