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Les Marocains face à la criminalité : PANIQUE à BORD !
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 10 - 2008

Les cas d'agressions relevés régulièrement par les médias semblent lever le voile sur une croissance de la criminalité, notamment dans les grandes
villes où les agressions et les vols sont devenus le lot quotidien des
citoyens. La culture de la violence est si forte qu'elle a investi des quartiers et des milieux censés être à l'abri du crime.
La situation est-elle si alarmante pour que la question de l'explosion de la criminalité soit devenue le principal sujet de conversation de tous les marocains, toutes couches sociales confondues ? Est-on face à une psychose collective dans un pays où la police n'a pas la réputation de chômer ou bien la réalité est-elle plus complexe qu'il n'y paraît ? Il semble bien que le sentiment d'insécurité n'a jamais été aussi fort. Ce qui est certain, c'est que les vols, les agressions sur la voie publique et les coups et blessures volontaires, devraient être beaucoup plus nombreux que ne l'indiquent les statistiques officielles (voir chiffres). Au chapitre des violences physiques, rien ne vaut l'expérience personnelle de chaque citoyen. Or, qui d'entre nous n'a pas assisté ou été victime d'un acte de violence sur la voie publique ? Les citoyens n'hésitent même plus à descendre dans la rue, pour protester contre la montée de la criminalité comme ce fut le cas à Fès, il y a quelques jours de cela. Certains habitants craignent pour leur vie et le font savoir, tellement les actes d'agression deviennent courants dans la ville spirituelle. Deux marches de protestation avaient été organisées les 29 septembre et 3 octobre depuis les quartiers Aïn debbab, Aïn Haroun en direction de la Wilaya de Fès-Boulemane, pour attirer l'attention des autorités locales sur le fléau des bandes armées. La section locale de l'AMDH est d'ailleurs montée au front, a rendu public un communiqué où elle accuse les responsables de tenir un discours rassurant qui décrit la situation sécuritaire à Fès comme des plus ordinaires. «Il n'y a pas de volonté de combattre le fléau de la criminalité, explique un habitant de la vieille médina de Fès. Ce que nous réclamons, depuis belle lurette, c'est une présence effective du makhzen qui est souvent, en rapport étroit avec les gens du quartier. Au lieu de cela, on nous envoie des agents d'autorité et des policiers inexpérimentés quand ils ne sont pas carrément corrompus» Mais la police de proximité, ça n'existe pas encore chez nous. Quand on sait que 90%, voire plus, de marocains rechignent à porter plainte pour agression, comme ils n'ont aucun espoir de retrouver les biens qu'on leur a dérobés, on comprend mieux pourquoi, les chiffres officiels ne reflètent pas forcément la réalité.
Flambée de la violence
Dix-huit heures. Casablanca, quartier El Koréa, c'est noir de monde. Je serre mon portable entre mes mains et dans ma poche, le jeune homme qui me sert de guide, éclate de rire : « Tu débarques dans un champ de menthe et tu veux attraper un rhume ? Ici, tu ne risques rien, tu es en plein dans le marché aux voleurs, toutes les choses qui ont été volées dans la journée dans un autre quartier sont revendues dans les heures qui suivent ici. Comme les objets volés dans la région sont écoulés ailleurs à Derb Ghallef ou au Hay Mohammadi ». Cela va de l'ordinateur portable au Caméscope dernier cri, en passant par une veste relativement usée. Rien ne se perd, tout se vend. Les receleurs savent qu'ils vendent des objets volés, ils assument le risque. Les acheteurs aussi mais, l'hypocrisie veut qu'on fasse semblant d'avoir tout simplement fait une bonne affaire. De temps à autre, les policiers investissent le quartier, ils mettent la main sur un receleur qui se révèle être incapable de leur donner la moindre indication sur l'origine de ses fournisseurs. Comme un voleur ne vit que du fruit de ses vols, les receleurs pullulent, on en trouve autant à Derb Ghallef, qu'à Bab Marrakech, quand ils ne résident pas dans de luxueuses fermes qui servent également de dépôts pour des voitures de luxe volées et dépecées l'espace d'une soirée pour être revendues à la pièce à d'autres revendeurs véreux.
Pourquoi la population est-elle si sensible à cette flambée de la violence ? C'est que les agressions visent de plus en plus des personnes et pas seulement dans des quartiers chauds périphériques. On peut aussi bien se faire détrousser à la porte du Twin Center qu'à la sortie de sa villa d'Anfa. « La seule fois que j'ai eu le malheur d'accorder une demi-journée à mon gardien, je l'ai payé bien cher. Comme, tout le monde à la maison était dehors, j'ai été contraint de descendre de voiture pour ouvrir la porte du garage de la villa. J'ai à peine mis les pieds à terre que je me suis retrouvé nez à nez avec deux malabars qui m'ont délesté de tout ce que j'avais de précieux. Le couteau sur la gorge, ils m'ont arraché les clés de la voiture qu'ils ont jetées dans le jardin, avant d'enfourcher leur motocyclette et de disparaître », raconte un riche industriel casablancais.
Cette violence s'explique en partie par l'explosion de la vidéosurveillance, alarmes souvent reliées à des sociétés de gardiennage, blindages en tout genre. Les banques, les entreprises et même les individus, n'hésitent plus à payer au prix fort des gardiens qui s'occupent de sécuriser les bureaux comme les domiciles. Ce qui fait que désormais, les voleurs n'ont plus d'autre alternative, que s'attaquer aux personnes pour dérober des biens.
De plus, aujourd'hui plus qu'hier, l'engrenage de la grande criminalité est soutenu par un commerce florissant de l'alcool de contrebande, associé à un trafic de drogue chimique d'une grande toxicité ; ce qui constitue à coup sûr le meilleur carburant des groupes de délinquants, qui n'hésitent pas à commettre des crimes crapuleux pour s'approvisionner en hallucinogènes. Ce qui fait rentrer à coup sûr, des adolescents pas forcément criminels, dans la spirale d'une rare violence .
Voleurs d'un soir, intermittents de la criminalité, la diversité des profils des criminels est un véritable casse-tête, même pour le policier le plus honnête du monde. Les loubards qui posent problème sont devenus insaisissables. Dans de nombreux quartiers, les jeunes qui tiennent le trottoir, souvent accompagnés de molosses, ne sont pas forcément des criminels professionnels. Le cercle vicieux commence par l'absorption de ces drogues et finit par le crime comme ce fut le cas de ce jeune homme du Hay El Farah qui a terrorisé son quartier après s'être bourré d'amphétamines. L'affaire a eu lieu au cours du ramadan dernier, le jeune garçon avait d'abord commencé par demander de l'argent à sa mère avant de la poignarder. Une fois dehors, il exige d'un vendeur de menthe de lui donner sa recette. Le marchand qui connaît la famille du môme lui demande de passer son chemin. Ressentie comme une humiliation, cette réponse vaudra au marchand plusieurs coups de couteau qui le clouent au sol raide mort. Et ce n'est pas fini ! Des passants vont faire les frais de la colère de l'adolescent avec plus ou moins de bonheur. Résultat: deux morts et plusieurs blessés graves. A Tétouan, c'est une histoire encore plus sordide qui restera gravée dans la mémoire des résidents du quartiers Jbel Dersa. Une junkie, comme il y en a tant dans le quartier, invite d'autres camarades à venir partager quelques doses d'un mélange qui se veut comme un erzats de coke. Un mélange explosif, puisque dès le premier sniff, les quatre compères perdent la tête. Ils vont rester dans les vap pour toute la nuit. Quand ils reprennent leurs esprits le lendemain, ce qu'ils découvrent relève de l'horreur: ils ont tout bonnement violé avec une violence inouie la maman de l'un d'eux, une pauvre veuve de 60 ans. Résultat, ils se jettent de la terrasse dans une tentative désespérée de se donner la mort. L'un d'eux réussit son suicide, les autres suppliaient les policiers de les exécuter sur le champ !
Drogue et criminalié
Voilà où réside le vrai danger. La probabilité de se retrouver face à un défoncé, a complètement changé le visage de la criminalité au Maroc. La plupart des spécialistes de la question, s'accorde à reconnaître que le fait de se retrouver devant un criminel sous l'effet de psychotrope ne présage nullement de l'issue de la rencontre. Le crack a touché toutes les couches de la société et, malgré sa cherté, il est devenu la drogue des jeunes de ces quartiers.
Depuis l'explosion de la consommation des drogues dures (héroïne, cocaïne, crack) à partir des années 90 et qui a touché toutes les villes, comme elle a investi les milieux les plus défavorisés, certaines catégories sociales comme de nombreuses régions, ont subi de plein fouet en plus de la criminalité quotidienne, une violence sans précédent. Braquer pour se droguer... puis se droguer pour braquer, un cercle vicieux où le résultat est toujours le même. Selon la plupart des policiers consultés, la prolifération de ce type de criminels occasionnels qui se professionnalisent sur le tas est une véritable tare sociale qui gangrène les grandes villes. « Ces terreurs des rues sont d'autant plus dangereux qu'ils ne sont pas fichés en raison du caractère épisodique de leurs méfaits et surtout parce qu'ils ne sont pas forcément issus des couches sociales les plus défavorisées », commente ce commissaire de police de Fès. Que fait alors la police ? Du côté de la police, si on admet en effet que les statistiques offrent une photographie incomplète de la criminalité, nombreux sont les policiers qui reprochent à la presse de chercher le sensationnel au détriment des faits comme on sélectionne la délinquance la plus choquante, celle qui se résume à l'agression des personnes. La fameuse course à l'hémoglobine si chère, à nous autres journalistes, quoi ! Pourtant les statistiques officielles font apparaître une stabilisation de la délinquance, voire même un recul (voir chiffres ). Attention, nous confiait, déjà, il y a quelque temps de cela Omar choukri, préfet de police, il faut relativiser en fonction de la gravité des délits. On a souvent tendance à gonfler les chiffres alors que ce qui laisse apparaître cette tendance à la hausse ne relève que de la «petite criminalité», telles que les affaires d'émissions de chèques sans provisions, les litiges de mauvais voisinage, les coups et blessures légers réciproques, les incivilités et les dégâts à la propriété d'autrui qui représentent au bas mot plus de la moitié de l'activité policière . Malheureusement, ce sont justement les atteintes aux personnes qui ont l'impact le plus fort sur le sentiment d'insécurité..». Les policiers, eux-mêmes excédés par l'audace de plus en plus visible des délinquants, mettent en cause une sorte d'impunité de fait dont bénéficient les loubards. «Ces criminels sont mis au trou et une fois devant le juge, ils sont tout de suite libérés»! S'indignent-ils. Les juges seraient-ils vraiment laxistes ? Peut-être pas, mais les spécialistes s'accordent à reconnaître que l'engorgement des prisons et l'âge de plus en plus précoce des criminels poussent forcément certains juges à réfléchir deux fois avant d'envoyer un ado derrière les barreaux ? Les accusés sont le plus souvent des jeunes issus de quartiers périphériques, la plupart du temps récidivistes. Les affaires portées devant la police ne représentent que la pointe de l'iceberg. Mais pour tant d'affaires traitées par la justice, combien de crimes restent dans l'ombre ? Les marocains ne portent pas plainte. Ce sont les policiers eux-mêmes qui font ce constat. Réponse du berger à la bergère, on ne porte pas plainte parce que tout simplement on n'a pas confiance dans la justice et qu'en plus, on n'a aucun espoir de retrouver ses biens ou d'être rétabli dans ses droits. Pourtant, porter plainte est un acte civique qui devrait constituer un réflexe automatique pour le citoyen lambda. Ne fut-ce que pour décourager de nouveaux adeptes du vol à l'arraché. Enfin, toute politique menée en aval par les services de répression reste compromise, à défaut d'une politique socioéconomique menée en parallèle en direction des jeunes en situation difficile. Afin de générer des sommes d'argent qui leur permettent dans un premier temps de participer au budget de la famille, et plus tard d'assurer leurs propres dépenses, ces jeunes ne veulent plus se contenter de cirer les chaussures dans les rues ou de garder les voitures ou encore de mendier aux carrefours pour vivre confortablement. La crise économique pousse chaque jour ces jeunes à s'installer dans une logique économique de débrouille qui débouche souvent sur des délits en tout genre. Les problèmes de chômage, de violence, de logement, de misère sociale, auxquels les jeunes se heurtent au quotidien, poussent certains vers la délinquance juvénile, qui choisissent de se faire une place au soleil en détroussant les gens, à défaut d'arracher une place sur les navires de la mort des réseaux de harragas. ■
Prisons ou écoles
du crime ?
«J'ai été arrêté en 2002 pour un chèque sans provision, comme je n'avais pas les moyens de payer, le juge a décidé que j'étais un criminel en puissance. Résultat : un an que j'ai dû passer dans les pires conditions à Oukacha». BC, BG, Adil, n'a rien d'un gangster, jeune cadre dans une société de pneumatique, ce trentenaire a le défaut des jeunes de son âge, il vit au-dessus de ses moyens. Forcément, il est criblé de dettes et ses chèques en bois traînent partout. Mais le jour où il a été arrêté, il ne pensait pas que sa vie allait basculer pour un simple petit chèque. De son passage à Oukacha, il a gardé quelques maladies de la peau, argot de la rue, inspiré des différents dialectes que compte le pays, mais surtout une haine de la société en général, et de la justice en particulier, comme il considère que la plupart des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, devrait se retrouver derrière les barreaux. « Il n'y a aucune différence pour eux entre le criminel qui a assassiné plusieurs personnes et le pauvre bougre jeté en prison par sa femme pour cause de non paiement des allocations familiales! Résultat : bercés par les récits toujours plus violents et captivants de leurs prédécesseurs, les jeunes qui sont passés par la prison n'ont plus peur de rien. Ce qui fait d'eux des criminels en puissance.
Témoignages
Aïda, mère au foyer…
« Mes deux enfants âgés de 14 et 16 ans souhaitaient aller faire leurs courses au Maârif... Arrivés devant le Mac Do, six jeunes, dont l'âge se situe entre 15 et 18 ans environ les encerclent. Ils leur demandent de l'argent. Mes fils répondent qu'ls n'en ont pas afin de ne pas se faire dépouiller des 200 DH qu'ils avaient dans leurs poches... Alors la bande isole l'aîné et commence à le fouiller. Le petit commence à pleurer et les supplient de ne pas toucher à son frère. Alors le chef de la bande lui saute dessus pour le frapper. Il cherche à se défendre. La bande, furieuse, se déchaîne et commence à frapper tout le monde. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes qu'un passant daigne s'arrêter pour les séparer».
Nadia, mineure…
« Elle est mineure et connaissait bien son violeur, elle le voyait toujours rôder autour du collège. Ce fils d'un grand notable de Mohammedia avait une sale réputation, mais elle n'aurait jamais imaginé qu'elle ferait un jour les frais de sa réputation sulfureuse. Ce jour là, il est accompagné d'un jeune de 20 ans, ils s'arrêtent alors qu'elle s'apprêtait à traverser la rue et lui disent de venir avec eux pour s'amuser un peu. Elle prend peur, d'autant plus que le gaillard empeste l'alcool. Il freine brusquement et l'empoignant pas la taille la jette sur les coussins arrière avant de démarrer en trombe. Il prend un itinéraire inconnu pour elle. Elle a beau pleurer, supplier, rien n'y fait. Il gare sa voiture sur un chemin de campagne battu par le vent. Le même où un an auparavant, il avait violé une autre adolescente. Le calvaire va durer une heure. Ses parents déposeront plainte mais le notable est trop puissant pour qu'il lui arrive quoi que ce soit.».
Hamid cadre supérieur…
« J'étais tranquillement assis à la terrasse d'un café chic de la côte. J'avais un portable à la main et l'autre sur la table. Un individu, bien sous tous rapports se penche et me demande du feu avec une courtoisie et un français impeccable. Je m'exécute de bonne grâce et au moment où il tire une première bouffée de sa blonde américaine, il met tranquillement la main sur mon deuxième portable et saute comme un aigle sur le siège arrière d'une moto sortie du néant. Ils avaient disparu dans une ruelle, n'hésitant pas à rouler en sens inverse pour dérouter d'éventuels poursuivants».
Mohamed, journaliste
« Je sortais d'un dîner avec des amis d'un restaurant du centre de Casablanca. Lorsque les adieux ont eu lieu et que je m'apprêtais à ouvrir la portière de ma voiture, une silhouette s'est brusquement approchée de moi pour m'arracher le portable accroché à ma ceinture. Une légère résistance m'a laissé évanoui sur le trottoir. Avec le choc, ma dent s'est cassée. Elle m'a même ouvert ma lèvre inférieure. Il a fallu que j'aille aux urgences pour me soigner, car ma bouche beignait dans le sang.
Sanaâ, élève
« Nous étions entre amies à la sortie des cours, lorsqu'un groupe de jeunes s'est jeté sur nous. Au début, nous croyions qu'il s'agissait d'une drague, mais tout de suite après, lorsque les coutelas nous étaient pointés sur le corps, nous avions compris. Ils nous ont tout pris. Portables, cartables, chaînettes, bagues… ».
Amina, cadre
« En plein jour, un jeune homme s'approche de moi et pointe le couteau sur ma gorge. Je lui dis que je suis enceinte, il dirige alors son arme sur mon ventre pour me signifier que je devais lui sourire et lui parler comme si j'étais sa cousine, sa sœur ou son épouse. La main dans mon sac, il a tout pris : argent, carte GAB, portable et chéquier… ».
Conditions de travail:LE GRAND MALAISE DES POLICIERS
Le 28 septembre 2007, des policiers manifestaient, réclamant des augmentations de salaires et se plaignant quun membre de la police nationale ne gagne que 1.400 euros par mois alors que leurs collègues des polices autonomes basques et catalanes en gagnaient respectivement ... 1.700 et 2.500 euros. Cela se passait à Madrid et concernait des policiers espagnols. Quant à nos pauvres agents de sécurité, mieux vaut ne pas se hasarder à la comparaison. A partir de 2500 DH par mois, que peut espérer un agent de police quand de plus, les primes distribuées au compte-goutte ne dépassent pas les deux à trois cent DH mensuellement. A salaires de misère, conditions de travail encore plus misérables. Des cadences infernales, des postes où il faut tenir debout huit heures d'affilée, des incursions dans des coupe-jarrets sans aucune protection, que la baraka divine, voilà un petit aperçu du quotidien de nos policiers. « Nous les policiers marocains, sommes des êtres humains et non pas des bêtes ou des esclaves du moyen âge. Nous avons le droit de nous exprimer librement comme tout citoyen digne de ce nom. Nous travaillons dans des conditions lamentables pour que dautres bénéficient de la tranquillité et de la paix. Nous affrontons quotidiennement tous les dangers imaginables et inimaginables, pourtant nous ne sommes jamais respectés, ni par les citoyens, ni par les responsables de l'Etat. On nous traite comme des chiens galeux et notre dignité est toujours mise à lépreuve ». S'indignent les policiers du cru sur un site non officiel créé par des agents en colère. Si la situation matérielle des hommes chargés de faire régner l'ordre sur notre territoire laisse à désirer, deux revendications apparaissent souvent dans leurs doléances : compenser un manque d'effectif et régler la question des primes. A la pauvreté des effectifs, il faut ajouter une autre tare : chaque année, les 1 500 policiers et même plus qui partent en retraite ne sont pas tous remplacés. Ce qui fait que les tâches se multiplient alors que les effectifs se rétrécissent en peau de chagrin. Résultat, le manque en agents impose des rythmes de travail à la limite de la folie. On n'en parle jamais mais il y a souvent des policiers qui tombent en syncope, d'autres qui sont acheminés en urgence après une insolation, quand ils ne pètent pas carrément les plombs. Quand on leur pose la question sur leurs conditions de travail, les policiers revendiquent fréquemment soixante-quinze heures d'activité par semaine. «La culture du résultat » en matière de lutte contre l'insécurité, que les responsables serinent à l'oreille des citoyens, est un concept qui passe de plus en plus mal dans les brigades et les commissariats, d'autant plus que le gardien de la paix a souvent l'impression d'être laissé à l'abandon», conclut un commissaire parti en DVD.


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