Face aux enjeux cruels, les «gauchos» n'ont pas d'alternative à proposer. En attendant, les militants se déchirent sur le net livrant un combat d'arrière-garde, complètement déconnectés de la réalité Si la grande force de Marx au XIXème siècle fut de décrire au scalpel le monde tel qu'il était, ses dignes héritiers semblent plutôt dépassés par la cadence infernale avec laquelle la planète tourne. L'analyse des débats sur les blogs des militants de l'extrême gauche est significative à cet égard : elle dépeint assez justement le spleen vécu par les gauchos partagés entre le culte d'un passé idéalisé par les sacrifices des prisonniers politiques morts au combat et «la compromission» des anciens opposants accusés de se sucrer au râtelier du makhzen sans égard pour la mémoire des martyrs. Des militants qui semblent bien décidés à ne pas pardonner à ceux, qui, comme Salah El Ouadie et bien d'autres, qui ont pactisé avec «l'ennemi», en référence au parti d'El Himma. Accusés d'avoir au mieux retourné leur veste, et au pire, de collaborer depuis bien longtemps, le comportement de «ces brebis galeuses» appelle à une vigilance de chaque instant. Une mea culpa cependant : «Ces personnes, et bien d'autres dans un avenir proche, ont trouvé le terrain idéal pour se comporter de la sorte. Les forces de gauche ne sont pas immunisées contre de telles pratiques. C'est là le problème. Le Makhzen, comme partout dans le monde, via ses services occultes, fait son travail. Le problème est le nôtre», précise un internaute. À la lecture des débats, il ressort que l'un des problèmes auxquels l'extrême gauche est confrontée aujourd'hui, c'est l'absence de vision pragmatique de son combat. On continue à faire appel à la mobilisation des masses prolétaires, alors que le degré d'hétérogénéité du monde des travailleurs n'a jamais été aussi fort que par le passé. Problèmes complexes Déjà forte dans les limites d'un pays donné, du fait du chômage et de la précarité, la mort du prolétariat sacrifié sur l'autel de la mondialisation semble échapper au commun des gauchos. Pire encore, les problèmes de notre société sont graves. Il y a des enjeux vitaux. L'extrême gauche, pas plus que la droite, n'a aucune solution à ces problèmes contemporains de plus en plus complexes. Parce que ses grilles de lecture du monde sont de plus en plus obsolètes. A titre d'anecdote, de nombreux blogs tels que www.alghirbl.c.la se contentent de présenter aux visiteurs des portraits grandeur nature des icônes du communisme de Marx à Staline en passant par Lénine ou encore Mao. Comme il est beaucoup plus facile de désigner un bouc émissaire, le makhzen en l'occurrence, que d'essayer de relever les véritables défis, on préfère le populisme pur et simple. Il ne s'agit pas cependant de jeter le bébé avec l'eau du bain. Une partie de l'extrême gauche a déserté les forums où font rage des débats stériles pour une autre forme de combat. Par un soutien effectif à des mouvements sociaux confrontés aux politiques répressives du pouvoir établi, explorant par là «une autre politique directe» à travers laquelle des communautés concrètes délibèrent et résolvent de manière collective des questions de leur vie quotidienne liées à leur existence matériell.■