Peut-on perdre sa civilité à cause des tracasseries de la circulation urbaine ? Oui, et surtout à Casablanca où la crise des déplacements en ville est en train de tourner au cauchemar pour se diriger droit vers l'asphyxie. I maginez plus de 7000 véhicules aux carrefours aux heures de pointe à Casablanca, région du Royaume battant tous les records d'accidents comparée aux autres régions tant en gravité qu'en fréquence. Comme ce témoignage de conducteur qui est effaré : «à ce rythme, on court droit vers la catastrophe si bien que les passages et couloirs disponibles avant sont complètement saturés et que les chaussées casablancaises se sont mues en zones de non-droit de circulation et en arènes aux gladiateurs où tous les coups sont permis». Questions lancinantes qui taraudent l'esprit des habitants de la métropole : Où va-t-on sans esquiver les scénarios catastrophe? Les usagers ne sont pas gênés d'arriver une heure en retard au bureau ? Où va l'argent des programmes d'investissements et de prévention ? Mais où sont les études, programmes et travaux déclinés sous forme de PDU (Plan de déplacement urbain), les équipements publics comme les ponts, tunnels, giratoires aux ronds-points au moment où seuls les dos d'âne semblent répondre à l'appel, et encore pas aux normes requises. Il faut reconnaître aussi que l'utilisation du parc des véhicules en circulation à Casablanca, qui représente 37% du parc national pose un sérieux problème de la circulation sans toutefois négliger la question des stationnements et les dangers qu'elle représente au niveau de certaines grandes artères, notamment, Médiouna, Ouled Ziane, la Grande Ceinture… L'élément humain a aussi sa part de responsabilité en matière de transport. Le manque de civisme et le non-respect du code de la circulation par certains automobilistes et motocyclistes imprudents provoquent des accidents souvent mortels et les statistiques sont très éloquentes à cet effet. On y est désormais, les conducteurs pètent les plombs, la violence verbale s'amplifie et les bagarres s'intensifient et il faut sérieusement anticiper le scénario catastrophe qui étoufferait la ville et la précipiterait dans une arène aux gladiateurs, morbide et infernale. Les accidents se multiplient et les «rodéos» dignes du Far West comme le triste épisode de la Corniche qui a vu un policier se faire tirer comme un lapin par un «ponte» à cause d'un feu rouge brûlé. Vers l'asphyxie Et le pire est à craindre, surtout que certaines solutions d'infrastructures TC urbains préconisées par les plans de développement sont à très long terme, horizon 2030 pour intégrer les projets de RER et des lignes de métro et de tramway. Imaginez d'ici à 2030 l'état de la circulation générale routière dans la mégapole. La circulation est devenue une gigantesque arène où chacun fait son numéro, les quads conduits par les jeunes sont un danger mortel, les piétons constamment menacés, les trottoirs parkings, espaces publics occupés par des commerçants poussant les piétons dans la chaussée à forte intensité de trafic… Sinon, comment expliquer qu'il faut 42 minutes pour parcourir le trajet séparant le Maârif du centre-ville ? Une certitude : si les pouvoirs publics ne se libèrent pas de cette culture passive de «gouvernants pompiers», ce ne sera plus seulement la crise, mais bel et bien l'asphyxie pour des millions de Bidaouis. ■