Conjoncture internationale oblige, les prix des hydrocarbures n'ont cessé de grimper depuis un an. Pour le deuxième semestre, la hausse du SMIG devrait s'ajouter à l'impact de la poursuite de la croissance des crédits. La Banque Centrale devrait intervenir davantage. 2008 est certes une année de croissance, mais elle risque d'être aussi celle où l'inflation est la plus forte depuis longtemps. Les chiffres des sept premiers mois publiés par le Haut Commissariat au Plan font état d'une tension non négligeable sur les prix. En glissement annuel, c'est-à-dire d'août 2007 à juillet 2008, les prix ont augmenté en moyenne de 5,1%. En 2007, pour la période comparable, la hausse du coût de la vie n'avait pas dépassé 2%. A l'origine de cette hausse, il y a essentiellement deux lignes dans le panier de biens de la consommation moyenne des ménages. Il s'agit des produits frais et des transports privés qui voient leurs indices respectifs s'apprécier de 6,5% et 6,1%. La hausse des produits frais suit en fait celle des produits alimentaires qui ont progressé de 9,1%. La hausse du prix des produits alimentaires est toujours liée à la campagne agricole. Néanmoins, cette année, la tension sur les marchés internationaux est venue s'y ajouter en créant également une tension sur le marché local. C'est le cas pour le blé et l'huile d'olive par exemple. La mesure de blé qui s'échangeait à 70 dirhams est passée à 100 dirhams environ. La hausse a été tellement importante que les ménages préfèrent acheter la farine subventionnée plutôt que le blé local. D'ailleurs, sans l'intervention de la Caisse de Compensation, les prix se seraient envolés davantage. Pour preuve, l'inflation sous-jacente sur cette période a atteint 6,1%. Pourtant, la Banque Centrale prévoit durant les deux prochains semestres, un taux moyen d'inflation de 2,70%. Il y a de quoi s'inquiéter et l'Institut d'émission cite des facteurs à fort impact. Intervention de Bank Al-Maghrib D'après les analystes d'Attijariwafa Bank, «selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, les risques haussiers de l'inflation s'accentuent en raison des incertitudes économiques sur le plan international et national». D'abord, «en termes de conjoncture internationale, les risques résident dans la poursuite de la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers et de l'accentuation des pressions inflationnistes chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc». La récente décision du 9 septembre 2008, des pays de l'OPEP de faire respecter les quotas, réduit la production de 520.000 barils/jour. C'est dire que les prix des hydrocarbures devraient repartir et avec eux l'ensemble des coûts du commerce international avec l'impact que l'on sait sur les biocarburants et autres céréales et produits alimentaires. Ensuite, «au niveau national, les incertitudes sont liées aux difficultés du système de Compensation en vigueur actuellement, à l'impact des décisions de hausse du SMIG et enfin au rythme de croissance rapide des crédits». Dans les mois à venir, il faut s'attendre à une intervention plus active de Bank Al Maghrib, afin de réduire la tension sur les prix. Selon les analystes d'Attijariwafa Bank, il faut s'attendre à ce que la Banque centrale touche aux taux directeurs ou bien aux autres instruments tels la réserve monétaire obligatoire. n