De plus en plus de marocains tentent de forcer la main à la chance, en faisant de la chasse au trésor leur principale activité. Ils sont ainsi plusieurs dizaines, voire des centaines, à traquer les manuscrits, à manier le détecteur de métaux et à flirter avec la loi. Notre reporter a accompagné une équipe d'accros à la chasse au trésor dans une expédition incroyable. Plongée dans un monde fou ! 1er jour Couscous de bienvenue Nous avons pris la route pour Agadir dans la nuit, le tronçon entre Marrakech et la capitale du Souss est exécrable ! Les travaux lancés sur la nationale paraissent interminables, fourbus et éreintés, nous arrivons finalement à Agadir avant le lever du jour. Nous avons rendez-vous avec le chef d'orchestre de l'opération, un riche agriculteur du Gharb qui a gaspillé jusqu'à présent la moitié de sa fortune sans avoir mis la main sur le fameux trésor qui « allait changer sa vie ». Engoncé dans une légère djellaba en coton, l'homme est un patchwork entre le riche parvenu et le paysan de bonne famille. Je me fais passer pour un professeur en mathématiques qui travaille pour un collectionneur d'antiquités ukrainien installé dans la Costa del Sol. Mon rôle consiste à assister de visu au déterrement des pièces rares pour attester de leur authenticité auprès de l'acheteur, pour éviter l'achat de pièces volées. Je suis donc l'objet d'une attention particulière de la part du chef de l'expédition. L'homme nous a expliqué qu'il disposait d'une carte qu'il a payée au prix fort à un fkih installé à Tafraout. Ce manuscrit indiquerait avec précision dans la banlieue de Mhamid Lghizlane, l'emplacement d'un trésor estimé à plusieurs centaines de pièces d'or sans compter des perles et des bijoux ancestraux enterrés dans un lieu désert et gardés depuis plus de sept siècles par des « djins de confession hébraïque » ! Nous sommes invités à déjeuner après la prière du vendredi par un notable de Inezgane, lui aussi particulièrement féru de chasse au trésor. La discussion vire aussitôt sur les plus jolis coups de l'année. « On parle de la découverte d'un gros magot dans la région de Ouezzanne. Des centaines de Louis d'or qui remonteraient à l'époque des Mérinides. Mais apparemment, comme l'information a été ébruitée, il semble que les gens qui sont tombés sur ce trésor ont préféré faire le dos rond jusqu'à ce que la tempête passe. Le véritable problème, c'est de pouvoir écouler les pièces les plus rares. A part, deux spécialistes de Tanger, il faut se lever de bonne heure pour tomber sur quelqu'un de confiance et qui a les liquidités qu'il faut pour vous payer » soupire le notable, un émigré de la première heure en Europe et qui a fait fortune dans le commerce du thé. Après quoi, le fkih soussi nous a quittés pour revenir le lendemain, samedi, accompagné d'un autre comparse, un fkih plus érudit qui serait notamment spécialisé dans la cabale auprès d'un rabbin du sud. 2ejour Encens et talismans pour calmer les mauvais génies Très tôt, on se rend dans un souk d'Inezgane pour acheter le nécessaire pour aller à la chasse au trésor. Plutôt traditionnel, notre chercheur de trésor en chef ne veut pas entendre parler de détecteur de métaux et autres gadgets inventés par « les koufars » et qui, selon lui, semblent irriter les génies. On se rabat donc sur les bonnes vieilles recettes : de l'encens, du « louban », une sorte de pierre précieuse jaune qui aurait pour vertu, entre autres, de déterminer la présence de métaux précieux sur un périmètre d'un kilomètre. « Il suffit de brûler un morceau de louban et de suivre le fil de fumée qui s'en dégage, si la fumée est très blanche, cela veut dire que des métaux précieux ou des bijoux se trouvent dans le périmètre » explique le sorcier en chef. Pour ce qui est des exigences précises des « djinns » gardiens du trésor, il faudra attendre d'être à proximité du site pour le leur demander. Il paraît que ces êtres ont parfois des demandes qui virent carrément à l'impossible. Pour des raisons obscures, les deux occultistes nous ont expliqué qu'heureusement, dans cette opération, ils n'ont pas besoin des services d'un petit enfant «Zouhri», une sorte de gamin qui a la baraka et dont les signes extérieurs sont visibles : il doit être pubère, avoir des yeux qui louchent et une ligne discontinue qui traverse ses deux mains. Il paraît que dans certains cas, les sorciers n'hésitent pas à sacrifier le gamin dans des rites sataniques compliqués pour s'attirer les bonnes grâces des démons qui gardent le trésor. Dégâts collatéraux Cette fièvre du trésor serait bien sympathique, si les dégâts collatéraux n'étaient pas aussi graves. En effet, le Sud du pays compte des vestiges archéologiques et des pièces d'antiquité d'une valeur inestimable, que les pilleurs de mausolées et autres chercheurs de trésors, continuent inlassablement de piller. Il est de notoriété publique que les poteries anciennes, les portes ancestrales et les pièces de valeur en argent que l'on trouve dans les collections privées, sont mille fois plus nombreuses que celles qui ont été sélectionnées et qui sont répertoriées dans les musées. Si encore cette razzia n'enrichissait que les musées occidentaux de merveilles qui ne reviendront jamais dans leur pays d'origine, passe encore, mais le problème, c'est qu'un trafic monstre est piloté par une mafia dont les hommes de main n'hésitent pas à payer le prix fort pour faire sortir du Maroc, des pièces rares, quand ce n'est pas carrément des stocks entiers qui sont achetés sur commande. « Comme l'Etat n'a pas les moyens de surveiller tout le désert, souvent on se contente de sensibiliser les populations qui vivent dans la région pour les amener à dénoncer tout mouvement suspect. Heureusement, les gens commencent à comprendre qu'un pillage va enrichir de manière illégale et immorale un seul individu, alors que le patrimoine communautaire profite à tout le monde. » rappelle un gendarme de Ouarzazate. Le problème, c'est que si des trésors en bijoux et autres pièces d'or ne courent pas les rues, les outils des hommes préhistoriques, du mobilier néolithique, des inscriptions libyco berbères, des trésors archéologiques témoins de la présence romaine au Maroc, sont souvent mis à jour par des individus peu scrupuleux qui les revendent pour une misère à des intermédiaires internationaux. Rappelons qu'en 1983, la disparition de Bacchus, l'une des belles statues du site Volubilis, avait ému Hassan II qui a donné l'ordre à la gendarmerie royale et des unités de l'armée marocaine de mobiliser tous les moyens pour récupérer la plus grande statue du dieu du vin qui existe au monde. Malgré l'intervention d'Interpol, il semble qu'on n'ait jamais retrouvé l'antique statue. 3e jour Départ pour le Sud profond Nous devons attendre le reste du groupe avant de prendre la route vers le Sud-Est du pays. Les consignes sont claires : éviter de rouler côte à côte, de se montrer en groupe, bref jouer aux touristes, en achetant notamment toutes les babioles et autres attrapes nigauds à deux sous, sans oublier de faire un brin de causette avec les marchands. Jouer aux touristes bêtes et disciplinés. L'essentiel étant de ne pas éveiller les soupçons de qui que se soit. Une dizaine de personnes qui circulent dans ces coins perdus, ça éveille forcément les soupçons. Une fois à proximité du Qsar Amezrou, on est obligé de faire une halte qui s'avèrera plus longue que prévue : l'intermédiaire qui devait nous mettre en contact avec les hommes de confiance qu'il fallait, a dû faire plusieurs douars pour les récupérer un à un : six colosses aux mains d'acier maçons dans le civil et qui n'hésitent pas à se transformer en fossoyeurs patentés pour chercheurs de trésor. Muets comme une tombe, ils ne vont pas piper mot durant tout le périple, se contentant de sourire à chaque fois que vous leur posez une question. Avant qu'ils ne nous rejoignent, on est obligé de se séparer l'espace de quelques heures, ce qui nous permet de jouer aux touristes dans les environs de la kasbah d' Amezrou ; le lieu est magnifique. D'après un vieux cheikh, la kasbah d'Amezrou aurait été construite par une population autochtone, les Draoua qui se sont installés là pour fuir les inondations qui avaient durement frappé des bâtisses érigées en bordure de l'oued, à Sidi Aissa . Ils édifièrent la kasbah de manière à se protéger de l'insécurité régnante puisque la région faisait partie du bled essiba, le « pays de la dissidence » se déplacèrent d'abord à côté de la zaouiat Ahmed (ancien nom de la zaouiat Amezrou, située à l'entrée d'Amezrou). Détail cocasse : le nonagénaire qui ne tarit pas d'éloge sur les Draouas, hommes fiers et fidèles aux enseignements des ancêtres, tous saints par excellence, nous rappelle que les habitants du coin sont scandalisés par tous ces jeunes qui quittent le terroir pour aller vivre à Agadir, Marrakech, voire même Casablanca. 4e jour Départ vers Tamegroute On remonte par une petite route secondaire particulièrement cahoteuse, qui passe par la montagne pour enfin s'arrêter pour le déjeuner dans un petit village plus au sud d'Agdez puis continuation vers la localité de Lalla El Kbira. Rencontre avec les chameliers, chargement des dromadaires, les pelles, les pioches et les autres outils servant à creuser la terre, sont dissimulés sous les ballots que portent les bêtes. Pour être en autonomie, les matelas, les vivres et l'eau sont débarqués des 4x4, pour être chargés sur les dromadaires . Une première marche d'une demi- heure, puis continuation sur un grand plateau avant d'arriver à l'embouchure de l' Oued Draa. Campement en rase campagne, à même le sable. Les nomades déroulent les tentes et préparent le thé, la viande achetée dans un douar du coin servira à faire un tajine agrémenté de figues sèches et d'amandes du cru. « L'initiation à la chasse aux mauvaises surprises » peut commencer. Notre guide nous apprend à reconnaître le crissement de pneus d'une land rover du caïdat du coin ou le ronronnement du moteur d'une Toyota de la gendarmerie. Quant aux aboiements des chiens, il faut être capable de connaître l'origine et la distance. Dans tous les cas, il faut être prêt à fuir, à se séparer et à abandonner les chameaux et leur chargement compromettant. « Quant aux curieux potentiels, il suffit souvent de jouer aux djinns en colère pour les voir détaler à toute vitesse » commente Hamid en rigolant. Le fquih acquiesce avec un léger sourire en coin. Difficile de s'abandonner à la magie de l'espace infini et envoutant du désert. L'atmosphère est pesante et on lit quelques appréhensions dans le regard des hommes ; Quelques plaisanteries grivoises ne suffisent pas à détendre l'atmosphère. jour J Dernière étape La cinquième nuit devrait être décisive, bien que nous soyons encore loin de l'endroit présupposé où dort le magot, il faut opérer une halte et attendre les instructions des deux occultistes qui sont désormais seuls maîtres à bord. Ils embarquent l'encens avec eux et bardés de talismans, les deux hommes demandent à s'isoler. Au passage, ils nous conseillent fortement de rester le plus loin possible de l'endroit où se pratiquent la fumigation et les rites. « Les génies sont imprévisibles, ils n'aiment pas avoir affaire à des profanes », nous explique l'un des deux charlatans. On devra donc se résigner à les attendre sous la tente. Une attente qui dura un peu plus de deux heures. Les deux compères reviennent tout penauds. A leur mine, on comprend rapidement que quelque chose n'a pas marché. « Nous avons commis une petite erreur d'appréciation qui a chamboulé tous nos plans. Normalement, on aurait dû mettre en place le dispositif la nuit du vendredi dernier. Comme c'est le premier shabbat du mois, les génies auraient été contraints de nous laisser faire. Faire cela maintenant relève de la plus grande imprudence et de toutes les façons, on n'est pas prêt à nous lancer dans une aventure aussi hasardeuse ». On ne comprend pas grand chose à ce galimatias, mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne verra pas la couleur des pièces d'or et on ne palpera pas les rubis et autres émeraudes. « Du moins pas pour cette fois » explique le maître de l'expédition qui semble avoir lu dans nos pensées et qui semble habitué à ce genre de revers. D'autant plus que les fqihs allaient perdre 10 000 DHS chacun qu'ils devaient percevoir à titre d'honoraires. Ils devront se contenter de 500 DH déboursés pour le dérangement. « Ce n'est pas la première fois que l'on participe à ce genre d'expédition, sur dix tentatives, il y en a souvent une seule qui aboutit » se défendent les deux pourfendeurs de mauvais génies. A la question de savoir s'ils ont déjà vu la couleur de l'or sortir du sous-sol, ils font mine de ne pas comprendre la question. « L'insécurité et les mauvaises XXXXne sont pas du genre à débouter notre ami. En bon baroudeur, il adore les défis et nul doute que dans quelques mois, il reviendra », avance l'un des interlocuteurs. L'intéressé part d'un rire sonore et promet une virée après le ramadan. Il a si longtemps creusé des trous dans l'espoir de dénicher le gros lot qu'il ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Malgré cet échec, tout ce beau monde vous expliquera que le coeur de la terre regorge de bien des trésors, qu'il suffit de mettre la main sur la bonne carte au trésor, qui, soit dit en passant, se négocie à prix fort dans le marché parallèle et avec un peu de baraka et un investissement de quelques millions de centimes pour gagner le gros lot. Pour de nombreux chasseurs de trésors, il s'agit seulement d'une question de méthodologie. On vous explique qu'il y a les érudits, ceux qui passent leur temps à passer à la loupe archives et manuscrits, en se demandant où diable les soldats de Youssef Ibn Tachfine ont bien pu cacher leur mythique butin ramené d'Espagne ou encore où se trouve la fortune cachée du Glaoui... Certains vont, au petit bonheur la chance, de douar en douar, attentifs aux légendes du terroir, celle du caïd qui a accumulé une fortune colossale du temps du protectorat et que personne n'a encore retrouvée, la riche veuve qui a caché ses bijoux dans un verger ou encore le Adoul milliardaire et célibataire endurci dont on n'a jamais retrouvé l'héritage... Et puis, il y a les hors la loi, sans foi ni loi et qui n'hésitent pas à violer l'espace sacré des Zaouias et autres mausolées, et qui n'ont aucun scrupule à faire main basse sur les objets de valeur enterrés dans ces lieux sacrés. « L'année dernière, deux individus avaient dérobé un manuscrit de la zaouia de Sid Ahmed Benasseur. La baraka du cheikh les a empêchés de s'enfuir avec le manuscrit, puisqu'ils se sont renversés sur la route qui mène de Zagora à Agdez. Les gendarmes, alertés par le conservateur de la bibliothèque de la zaouia, n'ont eu qu'à les cueillir. Apparemment, ils avaient dérobé ce manuscrit qui contient des indications précises à la demande d'un ressortissant étranger de Marrakech, à la recherche d'un trésor » rappelle en baissant la voix, l'un des chameliers. On raconte d'ailleurs, que la plupart des anciens manuscrits datés du 9ème et 10ème siècle, qui composaient la richesse de la bibliothèque, ont été pillés. Les manuscrits et les livres anciens sont très convoités par les amateurs de trésor. La bibliothèque de la zaouia Nassiria de Tamegrout, qui contenait pas moins d'un millier d'ouvrages au début des années 80, se retrouve ainsi avec un fonds de quelques trois cents ouvrages. Dans les années 80, Hassan II avait eu d'ailleurs la bonne idée d'en transférer une grosse partie (on parle de près de cinq cents ouvrages) à la bibliothèque royale. La canicule de l'été 2000, n'a d'ailleurs pas empêché le mausolée de Ahmed Sidi Abdelkader, situé non loin d'Errachidia d'être cambriolé par une bande de malfaiteurs. Dans le lot des objets dérobés, on a répertorié quinze perles, des manuscrits et des objets centenaires. Non contents d'avoir subtilisé ce trésor, les voleurs vont retourner dans la région quelques mois après. Cette fois-ci, c'est un autre mausolée, celui de «Sidi Hamza», qui va être l'objet de la razzia. Les voleurs vont mettre la main sur un manuscrit unique de l'imam Malik, écrit à l'eau de safran sur peau de gazelle. Le manuscrit a été remis à un trafiquant tunisien pour une somme de 23 millions de centimes, puis cédé lors d'une vente aux enchères en Suisse à 460 millions de centimes. Quant à l'argent nécessaire à ce type d'expéditions, extrêmement couteuses, il n'est pas difficile de le trouver. « En général, ceux qui tombent sur des indications précises concernant l'emplacement d'un trésor n'ont pas les moyens de le déterrer, alors ils proposent de se mettre en business avec quelqu'un qui, lui, a l'argent qu'il faut pour financer le voyage et les fouilles » nous explique l'un des fquihs. Enfin, si le trésor peut rapporter gros, ce hobby sonnant et trébuchant conduit souvent derrière les barreaux, législation oblige. «Il y a un procès de chercheurs de trésor à peu près chaque mois un peu partout dans le pays», rappelle Hakam Abderrahim, un avocat du barreau de Casablanca. En effet, selon la législation marocaine, un trésor trouvé dans le sous-sol est propriété de l'Etat et il y a obligation de déclarer la trouvaille pour celui qui en fait la découverte. Comment font les autres ? En France ou en Belgique, la fièvre du trésor est également un sport national sauf que dans ces pays, un trésor découvert appartient à celui qui le trouve dans sa propre propriété. Si le trésor est trouvé chez autrui, il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert, et pour l'autre moitié au propriétaire du terrain. On définit un trésor par « tous objets cachés ou enfouis sur lesquels personne ne peut justifier sa propriété, et qui sont mis à jour par le pur effet du hasard ». Selon l'article 716 du code civil français ou l'article 716 du code civil belge qui proviennent du code civil napoléonien, l'Etat a un droit de regard et peut revendiquer ces objets moyennant une indemnité à l'amiable ou définie par des experts. Le montant de l'indemnité est réparti entre celui qui a mis à jour le trésor et le propriétaire, suivant les règles de droit commun.... : Le propriétaire est responsable de la conservation provisoire des objets découverts sur ses terrains. Le dépositaire des objets mis au jour, assure à leur égard, la même responsabilité. Les objets qu'ils soient bijoux ou poteries, ont provisoirement le statut de «monuments historiques» et donc tous les effets du classement leur sont applicables selon les dispositions du code du Patrimoine. Dans le cas où une tierce personne peut justifier de la propriété du trésor, le bien découvert retourne à son propriétaire légitime; le découvreur peut prétendre uniquement à une indemnisation des frais occasionnés par cette découverte. C'est ce qui est en train d'opposer actuellement, devant un tribunal américain, le gouvernement espagnol vis-à-vis de la société Odyssey Marine, pour la découverte par cette dernière, de 500.000 pièces d'or et d'argent provenant d'une épave espagnole. Depuis 1996, au Royaume-Uni, la loi britannique relative aux trésors, (Treasure Act) fait des heureux. Outre-Manche, nul besoin d'autorisation administrative pour s'adonner à la détection de métaux. Si l'on tombe sur un trésor, obligation est faite de le déclarer. Il est ensuite mis en vente: soit un musée l'acquiert, et le découvreur et le propriétaire du terrain sont alors dédommagés, soit il leur revient en totalité. De quoi faire rêver nos chasseurs, qui, quoiqu'ils fassent, restent hors la loi et risquent de lourdes peines dans le cas où ils se font attraper le magot à la main. trésor se trouve en prison Si la chasse au trésor ne débouche pas toujours sur la richesse, elle conduit souvent derrière les barreaux. L'histoire des trois jeunes hommes condamnés par la chambre criminelle près la Cour d'appel d'Agadir, en novembre 2007 à deux ans de prison ferme, est significative à cet égard. Les trois compères, dont l'enfance a été bercée par les histoires de pauvres hères devenus subitement riches, après avoir déterré un trésor, ont souvent entendu parler d'un lot de louis d'or et de bijoux enterrés près de la tombe d'un riche commerçant. Le cimetière est situé à proximité d'un douar de Taroudant. Par une douce nuit d'automne, les trois rêveurs se fixent rendez-vous pour l'exhumation du trésor. Comme ils se sont discrètement renseignés sur les principes de base du parfait chercheur de trésor, ils savaient que l'opération s'effectue toujours dans la nuit et se termine avant l'aube. Le jour «J», munis de leurs pioches, ils partent à la recherche des pièces d'or. Malgré plusieurs heures de travail, ils sont obligés d'abandonner la partie en raison du jour qui pointait. Ce n'est alors que partie remise, le lendemain, même heure, même adresse, les trois chercheurs de trésor en herbe reviennent sur les lieux du crime et recommencent à creuser comme des damnés. Le problème, c'est que des passants avaient, la veille, prévenu les gendarmes, qu'une partie du cimetière avait été complètement chamboulée. Résultat, les gendarmes ont débarqué à 2 H du matin, pour mettre les menottes aux trois chasseurs de trésor.