Le PJD tiendra son congrès les 19 et 20 juillet. Signe distinctif : les assises auront lieu sous le signe sinon d'une alliance, du moins d'une coopération avec l'ennemi juré d'hier, l'USFP. Un tabou part en éclat ? En politique tout est possible se disent-ils ! La gazette l'avait prédit, les récentes déclarations des membres influents du PJD viennent le confirmer : l'alliance PJD-USFP n'est plus un tabou. Dans une déclaration à la presse, Abdelilah Benkirane, dont ni l'inimitié pour les socialistes, ni le pouvoir d'influence au sein de son parti ne sont un secret pour personne, a été des plus clairs : «L'alliance avec les socialistes de l'USFP est même souhaitée par tout le monde au sein du PJD». Un revirement qui, confirmé par Lahcen Daoudi, donne corps à un état d'esprit qui a régné après le 7 septembre dernier. «USFP-PJD : Lettre de mon électeur ?» avait-on écrit dans LGM du 17 novembre 2007. Depuis, le PJD et l'USFP se sont trouvés «plusieurs points communs qui peuvent constituer une base pour l'élaboration d'une plate-forme de travail, en perspective des Municipales de 2009», selon Daoudi toujours. En fait, le rapprochement a une histoire qui mérite d'être racontée. Fraichement débarqué du poste de Premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi avait martelé «Jamais, l'USFP n'a fait de l'intégriste PJD son ennemi juré». La déclaration de Mohamed Elyazghi, faite dans une interview fleuve à Al Massae du vendredi et samedi 9 et 10 novembre, n'avait pas été retenue, tellement les péripéties de son départ occupaient l'espace et les esprits. A la question : serait-il possible d'envisager un rapprochement avec le PJD ? Elyazghi n'a pas mâché ses mots : «tout est possible». Driss Lachgar, lui-même réputé ennemi juré des islamistes, a d'abord marqué une première en accordant un entretien au journal «Al Adala Wa Tanmia», organe du PJD ! Un pas bien calculé. Surtout que les deux formations ont déchanté après le verdict des urnes. C'était un rapprochement qui ne disait pas - encore- son nom. Les raisons, pour l'ancien chef du groupe parlementaire sont à chercher dans l'avenir hypothétique pour tous : «A y voir de plus près, le pire est à venir et un parti, grand et hégémonique se profile à l'horizon», y lit-on. Une allusion à la force dévorante du député de Rhamna, Fouad Ali Himma qui n'avait pas encore pris ni corps, ni sigle : MTD. Elyazghi et Lachgar ont, par voie de presse, rejoint Abdelouahed Radi. Deux ans auparavant, l'ancien premier secrétaire adjoint et non moins président de la première chambre, n'a pas hésité à «dédramatiser la relation conflictuelle (de principe) entre son parti et celui de Saâdeddine Othmani. Il n'a pas exclu non plus «des pourparlers après les élections. Une semaine après, cette déclaration d'Abdelilah Benkirane, lors d'un débat télévisuel sur 2M: «rien ne nous empêche de contracter des alliances politiques avec l'USFP». En réitérant ces mêmes positions, Benkirane donne-t-il suite à la main tendue par les socialistes ? Evident ! Le prochain congrès tranchera, certes, il n'en demeure pas moins que le chemin est d'ores et déjà tracé. Cette fois, la lettre est renvoyée à son expéditeur : l'électeur !