Les derniers chiffres sur la pauvreté ne plairont pas au marchand de désespoir. Ils donnent raison à ceux qui pensent que le Maroc est résolument engagé sur la voie de la croissance, de la réduction de la pauvreté mais aussi et surtout sur le chemin du développement humain. En six ans, de 2001 à 2007, la part de la population vivant avec moins d'un dollar par jour est passée de 15.3% à 9% seulement soit un recul de 6.3 points de pourcentage. Ce sont donc pas moins de 1,7 millions de Marocains qui ont échappé à la pauvreté aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. Les pauvres et les vulnérables reçoivent leur part de cette hausse des revenus que génèrent les nombreuses politiques économiques mises en œuvrent dans plusieurs domaines. A côté d'une croissance relativement forte, l'initiative nationale pour le développement humain (INDH), se déclinant en des actions concrètes et rompant avec le discours stérile des politiques, a permis de franchir un grand pas vers la réduction de la pauvreté extrême. Il faut se réjouir de voir un Maroc nouveau émerger et que l'espoir devienne la règle et non plus l'exception. Mais, il y a un hic. Car, les disparités subsistent bel et bien entre les plus riches et les plus pauvres, en milieu rural et urbain, mais également entre hommes et femmes. Et pour cela, pas besoin de se référer aux revenus des uns et des autres pour s'en convaincre. Mais, on en rappellera quelques éléments. En 2001, les ménages urbains gagnaient deux fois plus que les ruraux. Cet écart n'a que très peu changé. De même, le taux de scolarisation des jeunes filles ne s'améliore que très faiblement en milieu rural quand bien même il progresse. Malgré la baisse de la pauvreté urbaine, on a envie de se poser la question de savoir si le nombre de bidonvilles et le nombre de personnes vivant dans ces habitats insalubres a changé. A Casablanca, par exemple, le programme de réaménagement des bidonvilles s'est limité à deux ou trois expériences réussies, dont Douar Skouila et Rahma. Dans tous les quartiers de Casablanca, à l'exception de 2 mars, les immeubles et les résidences de standing côtoient les murs de l'indigence, sinon de la honte. La suppression des inégalités est sans doute la dernière barrière que le Maroc doit franchir pour réaliser définitivement ses objectifs du millénaire. Mais au-delà de la réduction de la pauvreté, il faut qu'émerge une classe moyenne forte. A l'instar de la Tunisie, dont l'économie doit sa vigueur à l'existence d'une classe moyenne qui ne fait pas que consommer, mais qui investit également ou qui contribue à la formation du capital brut grâce à l'épargne qu'elle réalise. Des progrès ont été faits dans ce domaine. On ne saurait affirmer le contraire en jetant un œil sur le nombre de particuliers qui se ruent dans les agences bancaires au moment des opérations d'introduction. D'aucuns diront qu'ils spéculent plus qu'ils n'investissent. Néanmoins, le chemin est déjà balisé, il reste simplement à doper les revenus. n