Comment peut-on avoir idée d'accepter une candidature nobélisable, d'un chef d'Etat qui est coupable, dont l'histoire est dans la mémoire des peuples algériens et marocains, d'avoir allumé la guerre et fermé les frontières entre le Maroc et l'Algérie ? L'Académie de Stockholm devrait plutôt exiger des comptes sur l'expulsion arbitraire de 45.000 familles marocaines d'Algérie en 1975 ? C'est avec stupeur et consternation, que les victimes marocaines du refoulement arbitraire, dépouillées de tous leurs biens et cruellement séparées de leurs familles mixtes par l'Algérie des colonels, ont réagi en adressant leurs vives protestations à l'Académie suédoise s'apprêtant à examiner la candidature du Président algérien au Prix Nobel de la Paix. En effet, l'Association ad hoc de nos compatriotes expulsés, en l'absence d'une réaction conséquente des autorités du Royaume et d'une société civile qui, curieusement, semble avoir toujours gardé ses distances avec ce dossier. Pourtant, il s'agit du crime le plus odieux dans l'histoire qui a vu près d'un million de nos ressortissants délestés de leur argent, bijoux, maisons, propriétés et commerces et bafoués dans leur dignité humaine en étant reconduits manu militari, aux frontières par un hiver glacial, et privés du rituel musulman du sacrifice, en plein Aïd Al Adha. Pour ceux qui s'étaient émus à l'exécution du président irakien le jour de la fête du mouton, les militaro-fascistes de l'Algérie de Boumédienne et de Bouteflika, avaient fait pire à l'époque. Dans l'impunité la plus totale et le complot du silence de la communauté internationale. Car, au moment des faits, le premier qui avait usurpé le pouvoir par un coup d'Etat militaire, renversant la présidence civile à l'avènement de l'indépendance du pays, était Président de la République et le second, ministre des Affaires Etrangères et membre du Conseil de la Révolution. Le président de l'ONG des victimes de la forfaiture algérienne, Mohamed El Harrouachi, a mis en garde les académiciens suédois en ces termes : «les organisateurs du Prix Nobel doivent longuement méditer le cas du Président Abdelaziz Bouteflika avant de se prononcer sur sa candidature au Prix Nobel de la Paix, qui doit normalement revenir à ceux qui se distinguent par leur œuvre au service du progrès de l'humanité». Alors que ce dernier devrait plutôt être jugé pour «crimes contre l'humanité» au double chef d'inculpation d'expulsion arbitraire et de pillage des biens de la communauté marocaine établie sur son territoire d'une part, et de séquestration inhumaine en violation du droit international des Sahraouis marocains dans les camps de Lahmada. En outre, le Président algérien actuel, alors chef de la diplomatie à l'époque des faits, est le principal responsable avec la junte militaire au pouvoir, du déclenchement d'un état permanent de guerre avec le Maroc, par polisario interposé. Pis encore, Bouteflika est tenu pour le principal protagoniste du «clan» pro-séparatiste en étant derrière le hold-up du siècle traduit par l'admission de facto de la fantoche «rasd» à l'OUA, qui a consacré la division du continent et rallumé les conflits territoriaux. Les traces de l'ignoble délit Pire encore, Bouteflika est l'un des principaux responsables de l'expulsion arbitraire de 45 000 familles marocaines dûment installées sur le territoire de la république depuis des générations, et qui ont généreusement versé leur sang et consenti de lourds sacrifices pour l'indépendance du pays, lors de la guerre de libération nationale, déclenchée le 1er novembre 1954. Les protestations des victimes de l'Algérie, dont les lettres ont été remises par les deux canaux diplomatiques, via l'ambassade de Norvège à Rabat et la Section Europe de l'Association, sont accompagnées de pièces à conviction qui confondent les tortionnaires conduits à l'époque par l'actuel Président algérien. Documents, illustrations, photos, témoignages écrits, dont ceux du CRI (Croissant Rouge international), tout y est soigneusement réuni et mentionné, pour traduire les dirigeants voisins devant les juridictions internationales compétentes, plutôt que de les nobéliser. Et Bouteflika, un jour ou l'autre, devra répondre de l'ignoble délit commis à l'encontre de dizaines de milliers de civils innocents, par le seul usage abusif de la force sauvage, cherchant à perpétrer un «génocide familial», en séparant cruellement conjoints et époux issus de mariages mixtes. Des familles en chair et en sang qui sont demeurées, des décennies durant et jusqu'à nos jours, séparées les unes des autres. En multipliant les rencontres comme à Nador récemment ; l'Association dirigée par Mohamed El Harrouachi, entend confondre ses bourreaux jusqu'au bout, en s'apprêtant à organiser, en juillet prochain, un séminaire international à Rabat, regroupant toutes les victimes d'Algérie ; toutes nationalités confondues, avec la participation de parlementaires européens, notamment français. Pour tenter, dans la foulée, d'élargir la dimension représentative de l'ONG militante, appelée à se muer en Association internationale des victimes de l'Algérie. Tout sera mis en œuvre pour poursuivre les coupables sans répit, jusqu'à réparation totale du préjudice moral et matériel. Surtout que le président Bouteflika a fait la sourde oreille à la dernière requête transmise par l'ambassadeur Larbi Belkheir d'Algérie à Rabat, demandant la réhabilitation des expulsés marocains. Des refoulés qui n'ont commis aucune faute, faut-il le rappeler. Et comme il semblerait que nous soyons repartis pour trente autres années de «ni guerre ni paix» sur le problème du Sahara, pour reprendre les craintes du ministre marocain des Affaires Etrangères Taïeb Fassi Fihri, tout autant nous osons espérer une salutaire réaction des autorités marocaines, comme l'avait souligné Mustapha Sahel, alors ministre de l'Intérieur : «Le Maroc est parfaitement conscient de la situation des Marocains expulsés d'Algérie. Nous ne resterons pas les bras croisés pour obtenir réparation des dommages causés à nos concitoyens refoulés d'Algérie». Dont Acte ! Benhamed Mohammadi