La position plus qu'honorable prise par le Maroc vis-à-vis de ce qui se passe au Liban ne m'a guère surpris. Ce n'est d'ailleurs pas étrange à ce grand peuple qui n'avait jamais manqué un seul rendez-vous depuis la Nakba de 1948 en Palestine et la guerre d'indépendance en Algérie. Ce peuple «Assil», a toujours répondu présent, et continue à le faire aujourd'hui. Lorsque les Marocains manifestent par dizaines chaque jour dans toutes les régions du Royaume pour soutenir le peuple libanais et que les petits scouts marocains annulent des cérémonies de festivité en solidarité avec les enfants meurtris du Sud-Liban, je ne peux dire que «Merci» en ayant les larmes aux yeux. Il suffit d'entendre Omar, ce petit scout marocain qui appelle les enfants libanais à résister, à patienter, leur disant «assabr mouftah al-faraj». Les Libanais ont vu Omar à la télévision. Ils ont appris aussi que le Roi de cet Etat-nation du monde arabe et musulman, a consacré 5 millions de $ d'aides au peuple libanais, a envoyé des tonnes d'aliments et de médicaments, et a initié l'ouverture d'un compte de soutien populaire auprès des banques marocaines. De ce fait, ils n'oublieront jamais que ce pays, véritablement frère et son peuple, qui ont besoin en ce moment même de chaque centime pour lutter contre la pauvreté et améliorer leurs conditions de vie, se sont privés d'une telle somme. La preuve, ma tante âgée de 82 ans qui sait que je suis actuellement au Maroc, m'a appelé pour me parler du petit Omar qu'elle a vu sur la chaîne Al-Jazirah, et de me dire par la suite, qu'elle demande à Dieu, dans toutes ses prières, de hausser le rang de ce peuple musulman digne, et de donner à son jeune Roi longue vie. Comment ne pas remercier ce peuple marocain, lorsque chaque fois que je prenais un taxi, le chauffeur qui entendait les informations, se révoltait, insultant Israël et les régimes arabes, qui lâchent ceux qui défendent l'honneur de l'islam. Ils n'hésitent pas à montrer qu'ils étaient fiers de cette résistance libanaise qui ne cesse d'humilier ces «halloufs d'Israéliens». Les Américains et les Européens qui cautionnent leurs actes barbares, ne sont pas épargnés par ces petites gens. Ce qui me touche le plus, c'est que lorsqu'un de ces chauffeurs découvre de par mon accent que je suis libanais, il refuse de prendre de l'argent. Ces gestes spontanés de ceux qui travaillent nuits et jours pour vivre, sont des exemples à tous ces arabes qui vivent sur une autre planète, et qui «étaient déçus par ce que leurs vacances au Liban ont été perturbées». Et, qu'il faut maintenant chercher ailleurs. Comment les Libanais pourraient-ils oublier le soutien du peuple marocain qui n'a pas attendu, comme partout ailleurs dans le monde arabe, un feu vert venant d'en haut, pour manifester, ni un décret de la «Haute porte» pour organiser un meeting dans une salle de cinéma. C'est la grandeur de ce peuple marocain et de son Roi, qui, malgré toutes les contraintes et les pressions, persistent et signent, en donnant les exemples et leçons à qui de droit au sein de ce monde arabe en décadence. Un jour, Al-Allamah, Cheikh Mohamed Hussein Fadlallah me disait : «Chacun peut dire ce qu'il veut du Maroc et de sa monarchie, mais à ce chacun de savoir que les rois du Maroc sont des Ahl-Al-Beït, des descendants de Sidna Ali, radi Allah Aânhou». Ces propos de cet éminent Allamah libanais, chiite, arabe, donnent les explications et les réponses aux initiatives et aux gestes pris par le Maroc à l'égard aussi bien du Liban que de la Palestine. Nous sommes ici loin d'évaluer la dimension de cette guerre ouverte et d'analyser ses conséquences ainsi que ses retombées sur un monde arabe qui n'attend qu'une étincelle pour brûler. Mais ce que je dois préciser, c'est que les populations arabes ont été influencées par le comportement digne du peuple marocain. Les récentes mobilisations au Caire et à Sana'a sont les reflets de ce qui se passe dans la majorité des villes marocaines, a laissé entendre, Amr Moussa, le Secrétaire général de La Ligue Arabe, à un journaliste britannique basé dans la capitale égyptienne. Tout cela ne devra pas me pousser, moi le Libanais, à dire «Merci» à ce grand peuple, digne et courageux, qui n'a jamais manqué un seul rendez-vous ni de présenter les sacrifices. La bravoure des soldats marocains lors de la bataille des cimes de Jebel Al-Cheikh lors de la guerre du Ramadan en 1973, reste gravée dans la mémoire de chaque citoyen syrien et libanais. Ce n'est pas une chose qui peut-être oubliée.