«De mieux en mieux», «Tous les feux sont au vert», «Tous les indicateurs oscillent à la hausse», «Activités en croissance continue», «Une croissance à deux chiffres soutenue», tous les qualificatifs sont passés en revue pour évaluer les bilans d'activité de l'ONCF ces dernières années depuis l'amorce du renouveau du rail. Les résultats 2007 n'échappent pas à cette logique durable de trend haussier du chemin de fer marocain. Il faut dire que la saga des beaux jours du chemin de fer national continue sur sa lancée en alignant des performances en constante amélioration que la session du Conseil d'administration tenue le vendredi 7 mars sous la présidence du ministre de l'Equipement et du Transport. Il faut bien souligner que le multiple lauréat des concours nationaux aux éditions des Prix nationaux de la Qualité et de la Sécurité au travail, et qui rafle les mises au palmarès des certifications ISO 9001 version 2000 toutes catégories d'entreprises confondues, n'a pas fini de nous étonner. Surtout, que les ambitions de l'opérateur public ferroviaire prennent plus d'appétit avec un nouveau contrat-programme de développement mobilisant 40 milliards de DH selon les certitudes du Secrétaire général du département de l'Equipement, Abdeljabbar Youssefi qui en avait fait l'annonce à l'occasion de la récente rencontre entre hommes d'affaires espagnols et marocains en février dernier. Le nouveau contrat-programme 2009-2013 inclut les premières phases de chantiers s'inscrivant dans la faisabilité du schéma directeur de TGV dans le Royaume. Ces nouvelles ambitions sont confortées par les préparatifs en cours des chantiers de la grande vitesse ferroviaire conclus après l'accord convenu, il y a de cela 5 mois, entre le Maroc et la France, sous le parrainage direct des deux chefs d'Etat, le Roi Mohammed VI et le Président de la République Nicolas Sarkozy. Comme le croit Arnaud Dauphin, Directeur délégué Afrique du Nord de Systra, en charge des études de faisabilité des LGV (Lignes à grande vitesse), «Avec la signature d'un protocole financier entre les gouvernements marocain et français, en octobre 2007, le projet d'une ligne à grande vitesse au Maroc a pris corps et l'objectif d'une mise en service autour de l'année 2013 est désormais d'actualité». Le projet de TGV a focalisé l'attention des membres du conseil d'administration au moment où le Directeur Général de l'ONCF, annonçait l'état d'avancement des études de faisabilité qui sont bien avancées avec les partenaires internationaux experts en la matière. Rappelons que le schéma directeur de réseau ferroviaire à grande vitesse devrait atteindre un linéaire de 1500 kilomètres de LGV à l'horizon 2030-2035 en étant dominé par ses deux corridors majeurs : l'axe atlantique reliant Tanger à Agadir via Rabat, Casablanca, Marrakech et Essaouira, et l'axe maghrébin Casablanca-Oujda via Rabat-Fès-Meknès. Les temps de parcours seront considérablement réduits avec l'adoption de la vitesse de 300 km/h pour relier, au départ de la capitale économique du Royaume, Marrakech et Agadir en trois fois moins de temps. Mohamed Rabie Khlie a notamment souligné «l'ambitieux projet de grande vitesse ferroviaire au Maroc est à l'ordre du jour sous ses divers aspects et que les études et préparatifs de lancement bien avancés pour sa phase prioritaire de 200 km de LGV reliant Tanger- Kénitra». L'ONCF à l'heure de la grande vitesse A l'ordre du jour du Conseil de vendredi dernier, d'autres points ont été examinés, notamment les résultats provisoires de l'ONCF pour l'année 2007, les prévisions budgétaires pour l'exercice 2008 et l'état d'avancement de l'exécution du contrat- programme Etat-ONCF pour la période 2005-2009. Le ministre Karim Ghellab a fait part de la satisfaction du gouvernement à la lecture de ces résultats de trafic et financiers en amélioration continue, ainsi qu'à l'évaluation de l'avancement des projets inscrits dans le cadre du contrat-programme Etat-ONCF pour la période 2005-2009 mobilisant 17,2 milliards de DH et visant l'accroissement de la compétitivité du rail et l'amélioration de la qualité de ses services. Il ne faut pas oublier que 2007 avait vu la mise en service du doublement Casablanca-Fès dans sa globalité, avec l'ouverture à l'exploitation de son tronçon final Meknès-Fès. Comme cette année a également été marquée par la mise en circulation des nouvelles rames automotrices à deux niveaux, qui ont substantiellement amélioré l'offre de transport (objectif : +40%) et le confort à bord des trains. Quant aux résultats provisoires 2007 présentés par le Directeur général Khlie, le chiffre d'affaires a franchi le cap des 3 milliards de DH, en progression de près de 6% par rapport à 2006. Non sans marquer un nouveau record dans les recettes voyageurs qui, désormais, dépassent le seuil du milliard de DH. Sur le volet trafics, l'Office a transporté, cette même année, plus de 26 millions de voyageurs et 36,5 millions de tonnes de marchandises (phosphate compris), confirmant ainsi la croissance à deux chiffres amorcée il y a quatre ans. En outre, les performances économiques et financières ne cessent de croître en confirmant le trend haussier observé depuis 2004. Cette tendance est confortée par la réalisation d'une valeur ajoutée atteignant 2, 391 milliards de DH en progression de 7% et l'excédent brut d'exploitation 1, 634 milliard de DH en augmentation de 10%. Les investissements ont atteint un montant de 4,6 milliards de DH en 2007, correspondant à un taux de réalisation de 65% du programme d'investissement 2005- 2009, dont le montant global s'élève à 17,2 milliards de DH. Le taux d'engagement de ce programme a atteint 95%. Et le meilleur est à venir puisque M.R Khlie a fait part de son optimisme pour l'avenir en assurant que «les prévisions de trafic tablent sur un accroissement du transport des voyageurs et des marchandises, y compris les phosphates et dérivés, aussi bien en volume qu'en recettes». Le budget table sur une enveloppe d'investissements de l'ordre de 4,2 Milliards de DH allouée à la poursuite de la réalisation des grands projets d'infrastructure visant la mise à niveau et l'extension du réseau ainsi que l'augmentation de sa capacité, notamment, les chantiers structurants de lignes nouvelles Taourirt-Nador et la connexion ferroviaire du port de Tanger-Med, auxquels s'ajoutent la liaison Sidi Yahia / Mechra Bel Ksiri, ainsi que le doublement de la voie entre Sidi El Aïdi et Settat. Les investissements intéresseront, par ailleurs, les travaux d'électrification et de renforcement de la sécurité des circulations, la modernisation des installations de télécommunication et de signalisation, la rénovation et la construction de nouvelles gares ferroviaires, notamment à Marrakech et Casa-port. 133 millions de voyageurs attendus au Maroc Ghellab persiste avec le TGV Le ministre de l'Equipement et du Transport a tout misé dans ce chantier du siècle qui révolutionnera l'univers des transports dans le Royaume dans les lustres à venir. Et le «technopolitique» Istiqlalien pèse bien la mesure de ses ambitions, lorsqu'il affirme que «le projet de TGV que lance le Maroc est, certes, ambitieux, mais il est nécessaire en raison de la progression de la demande qui évolue deux fois plus vite que l'offre sur le marché national de transport de voyageurs et qui ne pourrait être résorbé à terme par le réseau actuel». Karim Ghellab n'hésite pas à franchir un palier supplémentaire pour assurer que ce projet est tout ce qu'il y a de plus réalisable : «Il est réaliste car il s'inscrit naturellement dans la continuité des actions de modernisation des services et du réseau ferroviaire national que mène l'ONCF depuis le début de la décennie». Nécessaire ou réaliste, l'option s'affirme impérativement, en tout cas, pour des considérations stratégiques de développement durable, d'aménagement du territoire, de mobilité et de transport propre et efficace. Son optimisme redouble lorsqu'il se projette dès maintenant, à l'horizon 2030, pour constater que Tanger sera reliée à Agadir via Rabat-Casablanca-Marrakech et Essaouira en moins de 4 heures sur le corridor atlantique ; et que Casablanca desservira, en moins de 3 heures, Oujda via Rabat, Meknès et Fès, sur l'axe maghrébin où circuleront des TGV à 300 km/h. Un horizon qui décuplera l'offre et la demande en transport de passagers qui seront des dizaines de millions à être séduits par des délais raccourcis de trajet. Foi de Ghellab : «Aujourd'hui, le TGV se précise avec 133 millions de voyageurs attendus, des temps de parcours réduits de plus de la moitié par rapport à l'offre existante ou comparable, et des services de haute qualité», autrement dit des horaires cadencés, systèmes d'accueil, d'information et de réservation au top de la modernité, confort de haut standing… Dans une première étape, sera mis en service, en 2013, le tronçon LGV Tanger-Casablanca couvert en 2h10 au lieu de 5h 45 actuellement et mobilisant un coût de 1,77 milliard d'euros, auquel succèdera en 2015, la seconde liaison Casablanca-Marrakech avec 3 fois moins de temps pour être comprimé à 1h20.