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Performances médiocres du Maroc
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 12 - 2002

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) vient de rendre public son rapport sur le développement humain dans le monde arabe pour l'année 2002. Les conclusions de ce rapport ne sont pas à l'avantage du Maroc. Classé seulement 15ème parmi les 22 pays de la région, notre pays fait pâle figure. D'autant plus qu'à l'échelle planétaire, il n'arrive qu'au 126ème rang sur les 190 pays membres de l'ONU. Ces contre-performances interpellent les pouvoirs publics et nécessitent de leur part la mise en œuvre d'une politique économique et sociale de rattrapage accéléré pour mettre le pays sur la voie du développement durable.
Les principaux indicateurs de développement humain (IDH) analysés par le PNUD sont relatifs à la population, la santé, l'habitat et le logement, l'enseignement ainsi qu'à l'économie, le plein emploi et la réduction de la pauvreté. Le rapport souligne que l'état de développement humain dans les pays arabes est un sujet d'inquiétude. Les progrès enregistrés dans cette région, au cours de la dernière décennie, ont été inférieurs à la moyenne mondiale. Ainsi, par rapport à d'autres régions, le monde arabe a réalisé de meilleures performances en matière de croissance du revenu qu'en matière de développement. Autrement dit, les pays de la région se sont enrichis mais ne se sont pas développés dans la même proportion.
Il convient de noter, toutefois, qu'au cours des deux dernières décennies, exception faite de l'Afrique subsaharienne, le taux d'accroissement du revenu par tête d'habitant dans les pays arabes a été le plus faible du monde. Si cette tendance devait se poursuivre au cours des prochaines années, "il faudrait en moyenne, au citoyen arabe 140 ans pour doubler son revenu contre moins de 10 dans d'autres régions du monde". Par ailleurs, la productivité du travail a été faible et ne cesse de baisser. Ainsi, par exemple, la productivité de la main-d'œuvre industrielle arabe, qui représentait 32 % de celle de l'Amérique du Nord en 1960 est tombée aujourd'hui à 19 %. La baisse de la productivité s'est traduite par une détérioration des salaires réels et l'extension de la pauvreté absolue en termes de revenu, mais qui demeure cependant inférieure aux autres pays en développement. Malgré ces carences, le PNUD souligne que des progrès considérables ont été réalisés dans les services sociaux de base tels que l'éducation, la santé et le logement.
Après ces considérations d'ordre général, le rapport procède à l'analyse détaillée des principaux IDH. Ainsi, en matière de population, estimée à 280 millions en 2000 (28,7 millions au Maroc), soit près de 5 % de la population mondiale, trois données majeures se dégagent. Les Arabes sont plus jeunes que la moyenne mondiale : 38 % appartiennent au groupe d'âge 0-14 ans (au Maroc 32,3 % de la population ont moins de 15 ans). Le phénomène de l'urbanisation ne cesse de s'étendre : la moitié de la population vit actuellement dans les villes (55,2 % au Maroc). Le taux de croissance démographique annuel demeure élevé, même s'il a enregistré une baisse sensible dans certains pays comme le Maroc (1,7 % actuellement contre 2,3 % pendant la période 1980-90). De ce fait, la population arabe pourrait atteindre entre 410 et 459 millions en 2020 (34,9 millions au Maroc en 2014). Comme le souligne le rapport du PNUD : " le nouveau profil démographique sera porteur de défis et d'opportunités à la fois pour les pays arabes. La taille de la population, le taux de croissance et la répartition par groupes d'âge peuvent être soit une chance, soit un handicap. Ceci dépendra de la façon dont ces pays utiliseront leur potentiel humain pour répondre aux aspirations de leurs peuples à un niveau de bien-être satisfaisant ".
Progrès en matière de santé et d'éducation
Dans le domaine de la santé, des progrès significatifs ont été réalisés. L'espérance de vie des Arabes est supérieure à la moyenne mondiale, 67 ans (69,7 ans au Maroc). Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a été réduit pour atteindre en 1990 l'objectif de 70 décès pour mille naissances vivantes. Des disparités existent entre pays arabes et entre villes et zones rurales dans chaque pays. Ainsi, au Maroc, le quotient de mortalité infanto-juvénile s'est établi à 45,8 pour mille en 1997 (29,9 pour mille en milieu urbain et 59,9 pour mille en milieu rural). Quant aux dépenses de santé, elles avoisinent, dans la majorité des pays arabes, 4 % du PIB contre une moyenne de 5,7 % dans les pays à revenu moyen mais atteignent à peine 1,5 % au Maroc.
La couverture médico-sociale des populations arabes reste très limitée et insuffisante. Ainsi au Maroc, elle bénéficie actuellement à 15 % seulement de la population, en attendant l'entrée en application de l'assurance maladie obligatoire. En outre, le système de santé se concentre, dans la plupart des pays arabes, sur la médecine curative plutôt que sur la médecine préventive. Il en résulte un accroissement des coûts et le recours à des technologies médicales de pointe inaccessibles à une large partie de la population. Le Maroc constitue une des rares exceptions dans le monde arabe. En accordant la priorité à la médecine préventive au détriment de la médecine curative, il a réussi à atteindre un niveau très élevé de couverture vaccinale.
90,5 % des enfants âgés de 12 à 23 mois sont complètement vaccinés et 97,3 % d'entre eux ont reçu le BCG avant leur premier anniversaire.
Dans le domaine de l'enseignement, le PNUD note que les pays arabes ont fait des progrès importants. Le taux d'analphabétisme des adultes est passé de 60 % en 1980 à environ 43 % au milieu des années 1990, et le taux d'alphabétisation des femmes fut multiplié par trois depuis 1970. Les taux nets de scolarisation dans le primaire étaient supérieurs à 90 % pour les garçons contre 75 % pour les filles. Les taux enregistrés au niveau du secondaire étaient respectivement de 60 et 50 %, alors que le taux d'inscription dans l'enseignement supérieur n'atteignait que 13 % contre 9 % dans les pays en développement et 60 % dans les pays industrialisés. Comparativement, le Maroc est moins performant que la moyenne du monde arabe. Le taux d'analphabétisme de la population âgée de 15 ans et plus était de 52,4% en 1999 (66,3 %chez les femmes et 37,2 % chez les hommes). Les taux de scolarisation dans les 1er et 2ème cycle de l'enseignement fondamental en 1999-2000 étaient respectivement de 79 % et 26,6 %. Quant au taux net de scolarisation dans le secondaire, il avait atteint seulement 11,2 %. Dans l'enseignement supérieur, les effectifs ont dépassé les 300.000 étudiants, dont 43,8 % de filles. Ce qui représente à peu près 1 % de la population totale du pays.
Malgré ces progrès en matière d'éducation, le PNUD remarque que "la réduction des dépenses publiques, dans le contexte des ajustements structurels, conjuguée à l'extension de la pauvreté et à l'introduction des frais de scolarisation, ont eu des effets négatifs sur le capital humain, et ont affecté négativement les pauvres et les femmes. Il en résulte une tendance à monopoliser l'enseignement de qualité par les gens aisés. Ainsi, l'éducation a perdu son rôle, auparavant remarquable, d'outil de mobilité sociale dans les pays arabes ". De surcroît, la détérioration de la qualité de l'enseignement s'est traduite par une baisse de l'acquisition des connaissances et des compétences analytiques et créatives. Le manque d'interaction entre le système éducatif et le marché du travail, c'est-à-dire l'inadéquation formation-emploi, débouche sur un niveau bas de la productivité du travail, le chômage et une baisse des salaires réels pour la majorité de la main-d'œuvre.
En matière de logement et d'habitat, le rapport du PNUD note que 15 des 22 pays arabes restent en dessous de la "ligne de pauvreté" dans l'accès à l'eau potable, avec moins de 1.000 mètres cubes par personne et par an. Mais il n'apporte aucune indication sur l'habitat et les conditions d'habitation dans le monde arabe. Selon les dernières statistiques concernant le Maroc, 780.000 familles, soit plus de 4 millions de personnes, vivent dans des logements non décents. D'un autre côté, 63,4 % des ménages sont branchés au réseau d'eau potable et 65,9 % disposent de l'électricité. Enfin, dans le domaine de l'économie, de l'emploi et de la réduction de la pauvreté, le PNUD souligne que le PIB de l'ensemble des pays arabes a atteint 531,2 milliards $ en 1999, soit un montant inférieur au PIB de l'Espagne, 595,5 milliards $. Les politiques de stabilisation des économies arabes dans les années 1990 ont réussi à maîtriser l'inflation et à contenir les déficits budgétaires dans des limites tolérables (respectivement 2,5 % par an et 3 % du PIB au Maroc).
Faibles taux de croissance
Malgré des investissements considérables dans les infrastructures physiques pour stimuler l'activité économique, les taux de croissance sont restés faibles ou ont stagné, car ils demeurent tributaires des variations du prix du pétrole, dans un sens comme dans l'autre selon que le pays est producteur ou importateur de ce produit vital. Ainsi, en 1998 le revenu réel moyen en parité de pouvoir d'achat du citoyen arabe représentait à peine 13,9 % de celui d'un citoyen des pays de l'OCDE.
En matière de pauvreté absolue en termes de revenu (soit 1 $ par personne et par jour), les pays arabes enregistrent le niveau le plus bas parmi les pays en développement. Néanmoins, un arabe sur cinq vit avec moins de 2 $ par jour, alors qu'au Maroc une personne sur cinq subsiste avec moins d'un dollar par jour. Pour sa part, le chômage demeure très élevé dans le monde arabe. Il était estimé à 15 % en 1995 (entre 12,5% et 14% au Maroc selon les années). Le PNUD explique la faible création d'emplois dans les pays arabes par l'existence de barrières institutionnelles : " les marchés du travail sont traditionnels, gravement segmentés et dysfonctionnels. La mobilité au sein du marché du travail, par voie d'échanges d'emplois, reste sans effets significatifs. Les PAS n'ont pas favorisé des réformes à même d'organiser des marchés du travail efficients et compétitifs, ce qui est un pré-acquis à la croissance ". Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la moitié des jeunes veuillent émigrer vers d'autres pays, essentiellement vers les pays industrialisés.
Le rapport souligne que la pauvreté ne doit pas être mesurée seulement en termes de revenu mais également en termes de potentialités et d'opportunités qui résulte de trois manques : absence de liberté de choix, défaut de promotion des femmes et insuffisance en matière de connaissances et de savoir. Dès lors, " les défis futurs impliquent de relever l'enjeu des potentialités humaines et du savoir. Ils requièrent des systèmes de bonne gouvernance aptes à favoriser, soutenir et rendre viable, à long terme, le bien-être humain qui repose sur le développement des potentialités humaines, des choix, des opportunités et des libertés (économique, sociale et politique), notamment pour les plus pauvres et les plus marginalisés parmi les membres de la société. La promotion des capacités des femmes doit être favorisée et traitée en profondeur ".


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