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MUNICIPALES FRANçAISES : Un exemple de réussite
Publié dans La Gazette du Maroc le 07 - 03 - 2008

A 49 ans, l'ancien champion de Full contact est candidat dans la ville de Creil, une commune de plus de 30 000 habitants située dans l'Oise. Et il est plus que jamais décidé à fédérer les Creillois autour de sa candidature. A-t-il des chances de gagner ? Rien n'est moins sûr selon lui. Et ses nombreux soutiens, dont le président de la République Nicolas Sarkozy, en sont convaincus.
La gazette du Maroc : Nourredine Nachite, qu'est-ce qui vous a incité à vous engager en politique ?
Nourredine Nachite : Je me suis présenté pour la première fois aux élections régionales en 2004 sur la liste de Gilles de Robien (ex-UDF ndlr) soutenu par l'UMP. J'étais un candidat sans étiquette placé en dix-septième position, je n'avais donc pas de chance d'être élu. Après ce coup d'essai, j'ai remarqué que ma ville se dégradait, qu'il n'y avait aucun leader et je n'aimais pas ce qui se passait. Dès lors, j'ai eu envie de me lancer en m'appuyant sur le fait que je vis à Creil depuis de longues années et sur la légitimité que me donne mon statut de chef d'entreprise. J'ai donc décidé de demander l'investiture à l'UMP. Nous étions cinq à la solliciter, mais mon profil était particulier : j'étais le seul chef d'entreprise, le seul à être issu des minorités visibles et également le seul à ne pas avoir de cartes UMP. J'ai obtenu le soutien du parti grâce à mon parcours exemplaire dans le sport et le secteur associatif. J'ai en effet ouvert mon premier club de full contact en 1983 puis créé plusieurs clubs de kick-boxing et je suis à l'initiative du premier match de football entre agents de police et jeunes des quartiers. Et, le 6 novembre 2006, le président de la République Jacques Chirac m'a décoré de la Médaille de l'Ordre national du mérite pour mon engagement dans l'association que j'ai fondée «J'aime ma banlieue». Après dix ans d'action associative, j'ai ressenti cet honneur comme étant une reconnaissance.
Pourquoi avez-vous choisi l'UMP ? Votre engagement sous les couleurs du parti du président signifie-t-il que vous adhérez à tout ce que prône le gouvernement ?
J'adhère à beaucoup de valeurs de l'UMP mais pas à tout, c'est pour cela que je n'ai pas de carte d'adhérent. Je veux garder ma liberté d'expression et le parti l'a compris : on m'a proposé de prendre une carte mais on ne m'y a pas forcé. Je partage avec l'UMP les valeurs du volontarisme, du mérite, du travail, de la transparence dans la gestion de la politique et de la culture du résultat pour une politique plus saine. Je suis Français et je veux tout donner à ce pays. Dans ce parti, tout le monde a sa chance, ce qui n'existe pas à gauche : on tire les gens vers le bas, on ne leur propose que des emplois de médiateurs ou des postes dans la sécurité en disant qu'on ne peut faire plus. Il n'y a pas de place pour les minorités. Mais nous devons faire plus. De plus, je regrette que la gauche fasse de l'assistanat : je préfère faire du social, en 2007 j'étais parrain du Secours Populaire dans l'Oise par exemple.
Vos origines marocaines ont-elles une influence sur votre manière de faire de la politique, d'envisager votre candidature ou d'aborder certains thèmes ? Sont-elles un handicap pour être élu ou dans votre parti ?
Je suis Marocain et je n'oublierai jamais mes origines. Je suis arrivé en France en 1967 et la double culture est importante, c'est une richesse pour la France. Je suis fier de voir dans le gouvernement des ministres issues de la diversité telles que Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara qui ont été nommées pour leurs compétences. Mes origines m'apportent beaucoup, avec ma religion, elles sont un plus. Je veux être un exemple. Je suis musulman, je vais à la mosquée quand je le peux, je veux montrer qu'être musulman c'est être droit et aider les autres. Je n'ai pas eu de problème avec les personnes de mon parti mais je dois me battre deux fois plus parce que mes origines sont parfois considérées comme un handicap, cela dit, je refuse la victimisation. Je sais qu'étant donné mon parcours, je n'aurais rien à prouver si j'étais d'origine française. Mais j'aime la compétition et les challenges. Je gère deux centres de remise en forme, NJ Forme, qui comptent plus de vingt salariés et plus de 2000 adhérents et j'ai reçu en 2001 le Mercure d'Or, prix décerné à la société la plus performante et la plus innovante de France, le Trophée de l'entreprise innovante en 2002 et le Masters 2003, qui m'a été remis au Sénat. Lorsque les adhérents choisissent mes clubs, ils oublient mes origines et viennent parce que je suis le meilleur, je voudrais que ce soit pareil en politique.
En réalité, j'ai davantage de difficultés avec des personnes qui ont les mêmes origines que moi. Je pense que c'est à cause de la jalousie, elles se demandent pourquoi je suis arrivé à faire de la politique alors qu'elles n'y ont même pas pensé. Par exemple, alors que j'étais au marché, un homme d'origine marocaine m'a dit qu'il ne voterait jamais pour un candidat marocain parce qu'il était en France et préférait donc un candidat français. D'autres m'ont demandé des postes de maire adjoints que je leur ai refusés, parce que certains de mes collaborateurs étaient plus compétents et donc plus légitimes, ils n'ont pas compris mon refus et n'ont pas accepté mes autres propositions. Dès lors, certains d'entre eux ont dit que j'étais le plus mauvais des candidats. Je ne mène pas une liste communautaire et pour réussir, je dois me démarquer des autres, d'autant plus que je suis examiné à la loupe et que chacun de mes faux pas serait largement dénoncé. Heureusement, je me tourne vers l'avenir, j'avance avec le soutien de nombre de personnes de ma communauté qui n'ont pas une mentalité d'arriérés.
Si je gagne, ce sera un chamboulement colossal au niveau national ! Mon succès ouvrira la porte à d'autres personnes issues des minorités qui penseront que tout est possible, il bouleversera la politique. Si je remporte les élections, je serais le premier maire d'origine étrangère d'une ville de plus de 30 000 habitants ! C'est, dans une moindre mesure, aussi important que la candidature de Barack Obama aux élections américaines. En revanche, mes préoccupations et les thèmes que j'aborde sont les mêmes que ceux des autres candidats. Je veux travailler avec bon sens, je suis nouveau mais pas novice.
Pensez-vous avoir de réelles chances de gagner et que répondez-vous à ceux qui vous considèrent comme étant un alibi ?
La droite a échoué aux dernières municipales à Creil mais aujourd'hui, tout le monde me donne gagnant. Je suis sûr de gagner, si j'avais un seul doute quant à ma réussite, je ne me serais pas engagé. Le président Nicolas Sarkozy m'a invité à un déjeuner le 25 février dans un restaurant parisien, nous étions une dizaine de convives, j'ai rencontré des maires sortants, des nouveaux candidats. C'est dans un cadre très agréable et une ambiance amicale que le président m'a assuré de son soutien et m'a encouragé dans ma démarche. Aujourd'hui, les maires de gauche des villes alentours se sont ligués contre ma candidature et appellent à un vote «anti-sarko», alors que l'élection est à une autre échelle que l'échelle nationale.
Toutefois, il est vrai que ma ville est importante pour la droite à cause de sa taille et je sais que l'on croit beaucoup en mon succès. Il paraîtrait même qu'une victoire m'ouvrirait les portes du gouvernement (un remaniement ministériel est prévu après les municipales ndlr) et travailler pour la politique de la ville me plairait bien, je collabore déjà avec Fadela Amara depuis plusieurs années.
Quelles attaches avez-vous avec le Maroc ?
Je suis Marocain. Je suis né à Casablanca, la tombe de mon père se trouve au Maroc et ma famille y vit. J'y retourne très régulièrement et je n'oublierai jamais mes origines.
Enfin, à l'heure où l'on parle d'identité nationale, votre candidature signifie-t-elle que vous vous sentez complètement Français?
Je me sens totalement Français. Pour avancer, on doit être fier d'être Français, mais bien entendu, sans oublier ses origines. Les deux sont complémentaires. Et mon élection me permettra d'être le meilleur ambassadeur qui soit pour le Maroc.


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