La fusion n'est certainement pas à l'ordre du jour. La Somed sera une participation comme toutes celles déjà détenues par la SNI, dont l'ONA, Lafarge, la Sonasid, Wana, Lesieur… Que fera la SNI de la Somed? «De manière générale, aucune fusion n'est envisagée entre la SNI et ses participations (ONA, Lafarge Maroc, Sonasid et Somed)», tient-on à signaler d'emblée auprès de la direction. Afin d'éviter les spéculations, la SNI a tenu à clarifier les objectifs poursuivis à travers cette opération. Selon la direction de la holding, «cette opération s'inscrit dans le cadre de la stratégie de gestion dynamique de son portefeuille à partir de 2006. Celle-ci implique de «faire vivre» le portefeuille par des acquisitions mais également par des cessions dès lors que les chantiers de création de valeur sont achevés». Concernant la rentabilisation de ses investissements, la SNI a des objectifs clairs. La holding se fixe comme objectif d'avoir un retour sur investissement supérieur à 12% dans ses acquisitions. Pour le moment, on est loin d'une telle rentabilité. La Somed a réalisé un bénéfice net de 200 millions de DH en 2006. La SNI a déboursé, dans le cadre de cette opération, 1,24 milliard de DH pour acquérir 32,9% du capital de la Somed, ce qui valorise cette dernière à quelque 3,65 milliards de DH en ce début février 2008. Donc, pour rester dans les objectifs de la SNI, il faudra qu'elle réalise un résultat net distribuable supérieur à 438 millions de DH à fin 2007, ce qui correspondrait à une croissance de près de 120% de son résultat net. A défaut de récupérer son investissement via le résultat de la Somed, l'introduction en Bourse pourrait être envisagée, comme c'est le cas des fonds de placement. Mais, là aussi, auprès du conseiller de l'opération, on écarte de facto cette éventualité pour le moment. Cependant, du côté d'Attijari Finance Corp, qui a été l'organisme conseil dans cette opération, on assure que le business-plan de la Somed permettra de coller aux exigences de rentabilité de la SNI. Parmi les axes de développement de la Somed, figure le tourisme. En plus d'être propriétaire de 6 unités hôtelières totalisant plus de 3.400 lits, la Somed est co-développeur de la station balnéaire de Mazagan (El Jadida) aux côtés du géant sud-africain Kerzner, d'Istithmar, de la CDG et de MAMDA/MCMA. Le potentiel de croissance de la Somed s'étend aussi vers «la métallurgie, le négoce de produits industriels, la pêche hauturière, la production d'huile d'olive…», souligne les responsables de la SNI. Même si la direction de la SNI n'en parle pas expressément, il est légitime d'envisager des synergies avec les autres participations du groupe ONA-SNI. En effet, on retrouve chacune des activités de la Somed dans le portefeuille du groupe. De fait, l'ONA, qui est contrôlée par la SNI à hauteur de 33,5%, est associée dans d'importants projets de développement immobiliers et touristiques, à travers sa holding Onapar. Ainsi, en partenariat avec le groupe Emaar, Onapar est dans le projet Amelkis à Marrakech. Il en est de même pour Orientis Invest à Bouznika. Le bon sens voudrait qu'Onapar puisse collaborer avec la Somed pour le développement d'autres projets touristiques. De même, concernant l'huile d'olive, il y a trois ans, la Somed s'était associée avec une société portugaise, Sovena, créant une structure appelée Soprolives. Cette dernière exploite aujourd'hui une superficie de l'ordre de 1.000 hectares pour la production d'huile d'olive. Là également, Lesieur Cristal a une longue expérience dans ce domaine, où il détient 21% de parts de marché au niveau national, avec une production qui a atteint 13.000 tonnes en 2005. De toute évidence, Soprolives et Lesieur peuvent gagner à développer un projet industriel. En ce qui concerne la métallurgie, l'activité de la Société des Fonderies de Plomb de Zellidja est légèrement différente de celle de la Sonasid qui, elle, opère dans la sidérurgie. En effet, le plomb est plus utilisé dans les batteries, la chimie, la peinture et, dans une moindre mesure, la métallurgie, alors que les produits de la Sonasid sont plutôt destinés au BTP. Il est difficile d'envisager une complémentarité, fut-elle dans le domaine de la distribution. En revanche, pour ce qui est de la pêche, la complémentarité ne fait aucun doute. La Somed, avec sa filiale UMEP (Union Maroc-Emirats Arabes Unis de Pêche), produit essentiellement des céphalopodes destinés aux marchés japonais et européen. L'ONA, avec ses filiales la Monégasque (spécialisée dans les conserves d'anchois) et les Conserveries des Cinq Océans (thon), a aussi une expérience dans les produits de la mer qui pourra toujours servir.