En nommant les membres du CCME (Conseil de la communauté des Marocaine à l'étranger), le Souverain a brisé la glace en légitimant, au plus haut niveau, la représentativité active d'une diaspora à majorité berbère et rifaine qui prend, ainsi, une belle revanche sur les divisions d'un passé colonial et répressif. Enfin, une instance inclusive qui vient réparer le tort d'avoir tenu à l'écart de la vie nationale, plus de 3 millions de nos ressortissants immigrés. Comme promis, et par le truchement d'une méthodologie d'approche qui n'a rien laissé au hasard, une année durant, le CCDH d'Ahmed Herzeni s'est acquitté de sa mission de préparation d'un Conseil supérieur dont la création a été annoncée par le Souverain à l'occasion du discours Royal du 6 novembre dernier. Un discours qui fournissait les grandes lignes de la nouvelle instance à laquelle est dévolu un mandat transitoire de 4 ans au maximum avant que les nouvelles instances soient définitivement consolidées par la voie de la démocratie électorale. En nommant une quarantaine de membres issus de tous les pays d'accueil, en observant rigoureusement les quotas de représentativité selon le nombre d'immigrés établis, et en plaçant à la tête de l'institution son président Driss El Yazami et son secrétaire général Abdellah Boussouf, le Monarque a pris tous les soins de faire le bon choix fédérateur et respectueux des règles d'éthique et de légitimité des aspirations de la diaspora marocaine dans le monde. Le CCME devant compter 50 membres, 37 Marocains du monde ont été pour l'instant nommés en provenance, principalement d'Europe avec une France qui se taille tout naturellement la part du lion. Tandis que l'Amérique est représentée par le Canada et les Etats-Unis, l'Afrique par le Sénégal, le Maghreb par l'Algérie et le monde arabe par les Emirats Arabes Unis. Une carte pluridisciplinaire des compétences Ces membres du Conseil supérieur sont recrutés massivement dans l'intelligentsia, ce qui confère à l'instance une dimension culturelle et scientifique incontestable avec ses ingénieurs et médecins, avocats et juristes, psychologues et sociologues, chimistes, biologistes et opticiens, hommes de lettres et enseignants, consultants et gestionnaires, informaticiens et professionnels des médias ainsi que des universitaires, élus et acteurs associatifs. Bref, le dosage semble pertinent et les ingrédients réunis pour réaliser de l'excellent travail. Par pays d'accueil, la France est représentée par 14 ressortissants marocains, l'Espagne en compte 5, les Pays bas 4, la Belgique 3, l'Italie 2, le Canada, au moment où les autres se partagent le reste à raison d'un représentant par pays (Allemagne, Algérie, Sénégal, EAU, USA, Danemark et Royaume-Uni). Quant aux responsables se partageant la présidence et le secrétariat du Conseil, le choix Royal a été dicté par le souci de pourvoir l'instance de compétences de haut niveau et justifiant d'une connaissance approfondie des questions migratoires de par leur recherche, leur militantisme et leur activité en général.«Les membres du Conseil ont été choisis dans le cadre d'une approche concertée et participative, adoptée par Sa Majesté le Roi pour la gestion des affaires majeures de la nation, et des critères fixés par le Souverain en la matière. Le choix s'est fait au vu des qualités reconnues à ces membres, en l'occurrence leur attachement aux constantes de la nation et aux valeurs de l'identité marocaine unifiée et riche de ses multiples affluents, ainsi que leur apport remarquable en matière d'immigration et de défense des causes de la communauté marocaine à l'étranger», précisent des sources proches du cabinet Royal. En ajoutant que, par souci d'un équilibrage fondé sur l'équité représentative et les chances de chacun de faire entendre sa voix, «le Conseil reflète, dans sa première configuration, et autant que faire se peut, une répartition géographique et intergénérationnelle équilibrée, ainsi qu'une représentativité appropriée des femmes et de toutes les sensibilités spirituelles, culturelles et sociales des Marocains résidant à l'étranger, y compris des représentants des sujets de Sa Majesté le Roi, parmi les juifs d'origine marocaine, connus pour leur attachement à leur marocanité et aux valeurs sacrées de leur pays, et ce, dans le respect des exigences de probité, de compétence, d'efficacité et de crédibilité, dont doivent faire preuve les membres du Conseil». Avocats des droits de l'homme et de la diversité culturelle Le Souverain a réitéré ses hautes directives aux responsables et aux membres du CCME auxquelles il a rappelé les attributions et fixé la feuille de route pour les 4 années du mandat transitoire. L'incitation Royale est claire pour que tous les MRE, où qu'ils soient, soient mis en mesure d'exercer leurs droits politiques, économiques, culturels dans la plénitude de leur statut de citoyenneté Marocaine pleine et entière. Contribution au développement du pays d'origine et rayonnement international de la mère-patrie, sont les deux constantes stratégiques devant alimenter les comportements et les programmes d'action du Conseil. En écho, les marocains du monde ont salué le processus démocratique que connaît notre pays, comme cela fût souligné par Driss El Yazami, un fassi quinquagénaire, diplômé du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes de Paris et délégué général de «Génériques», une ONG active en matière d'immigration en Europe. Le président du Conseil est, aussi, rédacteur en chef de la revue «Migrance» dédiée à la cause des immigrés, et un militant des droits humains au sein de la Ligue française des Droits de l'Homme (LDH), du Réseau Euro-méditerranéen des DH, de la FIDH et au sein de la Fondation euro-méditerranéenne pour les défenseurs des droits de l'Homme. Pour le Rifain Abdellah Boussouf, natif de Nador, c'est un spécialiste de l'histoire des relations dans le bassin méditerranéen et directeur du Centre Euro-islamique pour la culture et le dialogue, basé dans la ville belge de Charleroi. Le secrétaire général du CCME a en charge la vice?-présidence du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) et s'est distingué par le rôle joué dans le projet de la Grande mosquée de Strasbourg. Par cette décision, le Souverain a fait d'une pierre deux coups: il a fédéré dans une démarche inclusive tous les Marocains du monde tenus en «marge» jusque-là des affaires de leur pays d'origine d'une part, et réhabilité, par une voie intelligente, le fait amazigh au plus haut niveau d'autre part, sachant que la composante berbère se recrute massivement dans les milieux migratoires pour des causes essentiellement politiques à l'origine du mouvement des départs massifs de l'époque.