À première vue, le Maroc se la coule douce. Rien ne perturbe le cours douillet de son quotidien. Mais, est-on vraiment dans le meilleur des mondes politiques ? Depuis la constitution du gouvernement Abass El Fassi, dans les circonstances désormais classiques, seules quelques bribes d'informations font les annales politiques. Le champ politique semble baigner dans une léthargie absolue: demandez aux gens des médias ! Cette torpeur, qui précède, sinon se substitue à un désamour massif des marocains vis-à-vis des dernières élections, ne semble pas effrayer les hommes politiques du pays, toutes formations confondues. Au contraire, on croit rêver en les voyant afficher une sérénité qui frise la béatitude. Grave, fatalement grave. On voit bien, que dans ces moments d'insécurité politique, presque volontaire, ce sont les marginaux qui créent l'événement : des fausses noces d'un efféminé de Ksar El Kébir ont réellement mobilisé la communauté et rythmé ses jours. La preuve que rien d'essentiel n'attire les foules ou draine les masses. La preuve également que la classe politique est loin de donner du tonus à l'actualité nationale, encore faut-il qu'elle le veuille ! L'opposition, plus nombreuse et diversifiée que pendant le mandat précédent, aurait bien dynamisé le champ politique et aller loin dans son agressivité. Rien n'y fait, au contraire. Le PJD, l'UC et l'UMP pourtant ayant plusieurs différends, d'ordre politique et idéologique avec la majorité actuelle, font un profil plus que bas ! Plutôt timorée, l'opposition manque de panache et est loin de faire l'actualité des gens. Sa fonction tribunicienne ainsi laminée, elle se morfond dans un discours de bois qui donne du vague dans l'âme au lieu d'intéresser le public ! Le PJD qui promettait une opposition très forte, semble se désengager: ses troupes surfent sur la vague populiste soulevée par les fausses noces d'un homo, marié et père de deux enfants, que sa mère lui lançait des youyous ! La majorité, elle aussi ne semble pas bien lotie : au contraire elle manque d'homogénéité et de sève, la relation entre ses composantes ne semble pas au beau fixe. Loin s'en faut: les socialistes de Mohamed Elyazghi, adoptent une distance claire vis-à-vis du gouvernement. La rumeur veut que les députés ne se concertent même pas avec la direction politique du parti ! De sa part, le gouvernement est presque oublié et peine à politiser vraiment le débat : les formations syndicales ont déserté le champ social pour une logique de consensus fatale pour la politique et la mouvance sociale. Bis pour les associations professionnelles ou patronales ! On dirait qu'une harmonie new age règne pour les deux camps, pourtant antagonistes par nature. La gauche, anti-libérale dite radicale aussi, affiche un désistement horripilant. On est aux antipodes d'un mouvement activiste sinon de transformation sociale du moins de débat public ! Le fait est que l'on ne voie pas actuellement les limites de cette logique de la désaffection politique, la logique qui fait qu'on anime l'actualité par le vide politique : Or, l'Etat est là, presque omniprésent, ce qui risque d'affaiblir encore plus l'espace public. Qui sonne le tocsin, alors ?