Mohamed Sassi vient de lancer un pavé dans la mare post-électorale. Il vient de rendre publique, effectivement, sa démission du poste de secrétaire adjoint du PSU. Les raisons sont, comme le mentionne la lettre de démission, d'ordre électoral, éthique et politique. L'essentiel reste la question en soi de la démission dans le champ politique national. Fait rare, démissionner n'est pas un sport national??! Sous d'autres cieux, une démission est un fait de toutes les échéances. À droite comme à gauche, les hommes politiques rendent le tablier une fois qu'ils jugent inopportune leur présence ou leur responsabilité. Qu'en est-il au Maroc ? La question a une réponse : une autre question ! Combien sont-ils, ces hommes politiques qui ont osé démissionner ? Abderrahman Youssoufi, en 2003, et puis rien jusqu'en 2006, année où Mohamed El Gahs a décidé de quitter le bureau politique du même parti, aux destinées desquelles présidait Youssoufi, pour des «raisons personnelles» qui, en réalité, n'ont rien de personnel ! L'exercice est si rare qu'on peut même se rappeler les termes de chacune de ces démissions ! En fait, pourquoi les hommes politiques doivent présenter leurs démissions ? Primo, pour une raison d'alternance politique, l'âge et les facultés intrinsèques y sont la raison majeure. Secundo : l'échec politique est une autre raison qui ne requiert aucune complaisance envers soi. En clair, un homme politique, qui n'arrive pas à bon port, doit quitter la scène et libérer, de son ombre et de ses méthodes le champ d'action de ses compagnons d'armes. Peut-être pour les principes qu'il défend. Jack Lang, l'ancien ministre de la Culture sous le gouvernement Mitterrand, avait balancé un communiqué à l'encontre de Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. On y lit surtout «Aujourd'hui, je ne me reconnais plus à travers les méthodes de direction qui sont les tiennes, en conséquence je te présente ma démission de Secrétaire National et je suspends ma participation aux travaux du Bureau national. Militant socialiste, je suis militant et je reste fidèle à mon idéal de toujours». L'idéal y est et le cœur aussi ! Dans la vie nationale, la démission est presque un acte de déshonneur, un affront ! Alors que c'est un acte hautement digne quand on est un homme responsable qui s'assume. D'autre part, si les hommes politiques s'accrochent, c'est qu'ils sont souvent sommés de s'éclipser : en fait, dans un pays où l'amour propre compte beaucoup, on ne pousse pas un homme public à démissionner, cela risque de le froisser, il doit, par contre le faire de son propre gré ! Chose rare effectivement ! C'est un peu comme la définition de l'amour, pour l'écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton : «Le meilleur moyen d'aimer une chose est de se dire qu'on pourrait la perdre».