Le communiqué du Bureau politique de l'USFP d'une virulence caractérisée n'a pas satisfait toutes les critiques, au sein du parti. Il met cependant les participationnistes dans une situation intenable. Les rédacteurs du communiqué du Bureau politique de l'USFP n'ont pas eu la tâche aisée. C'est un communiqué de rupture qui n'annonce pas la rupture. Que dit ce communiqué ? «L'inquiétude devant la nouvelle tendance de la vie politique». Laquelle??? Pêle-mêle «le non respect des partis et de leur autonomie, le trop-plein de ministres SAP imposé, les personnalités externes aux partis «colorées» etc…. Mais c'est Fouad Ali Al Himma qui a droit à tout un paragraphe. Dénommé «le nouvel arrivant au Parlement», il est accusé d'user de méthodes «que l'on croyait abolies par le consensus». La phrase est lourde de sens, parce qu'elle remet en question la période politique ouverte par l'alternance. A partir de tout cela, le parti va «prendre ses distances avec le gouvernement, son soutien sera critique», un exercice d'équilibriste qui sied à l'Istiqlal, pas nécessairement à un parti de militants comme l'USFP. Mais il n'y a pas que «les autres» qui ont été attaqués. La sévère auto-critique Le communiqué responsabilise clairement le bureau politique, dans les résultats du scrutin du 7 septembre et surtout dans ceux de la négociation pour la participation au gouvernement jugé «en deçà du contenu de la délégation donnée par le conseil national». La couleur est annoncée, l'objectif fixé «la préparation du congrès, national qui doit être celui du renouveau et du redressement». Nous sommes réellement face à un communiqué historique parce qu'il exprime le désarroi de l'appareil face aux critiques des bases. L'USFP ne sera jamais un parti totalement normalisé. L'échec du 7 septembre, la manière dont les négociations ont été dirigées, ont secoué ce parti. L'attitude d'un pied dedans, un pied dehors est intenable parce que tous les militants USFP sont déjà dans l'opposition. Radi et El Yazghi auront toutes les difficultés du monde à imposer un minimum de discipline au parti et peut-être même au groupe parlementaire dégarni des grosses pointures mais dont le président est connu par son autonomie. Le dernier souffle Ahmed Zaidi n'est pas un godillot et reste très proche des groupes critiques, il «prendra ses distances avec le gouvernement». Cette nouvelle donne au sein de l'USFP interpelle tous les acteurs politiques. D'ici le congrès, deux grands courants s'affronteront, celui qui estime nécessaire de rester en dedans pour peser sur les choses et réinverser la tendance «inquiétante», celui de Radi et Yazghi et l'extrême majorité qui pense que le contexte impose le retour à l'opposition. Pour une coalition minoritaire savoir que l'un de ses membres tangue chaque instant entre le soutien et l'opposition n'est pas la meilleure des nouvelles. A l'intérieur du parti, on assiste à un véritable retour de flammes, souvent enveloppé de discours contradictoires qui en disent long sur la crise identitaire du parti. Il est cependant clair que tous les militants veulent retrouver un positionnement critique qui leur permette de recoller aux fameuses «aspirations populaires» de jadis. Le prochain congrès sera aussi celui du renouvellement des cadres, ceux qui sont au devant de la scène sont victimes des dix années de participation gouvernementale. Leurs arguments, même censés, ne sont plus audibles. Il est évident que toute tentative de manipulation de la part de l'appareil signifiera l'éclatement du parti. Le renouveau passera par le retour à l'opposition ce qui occasionnera des reclassements importants. L'USFP même meurtri reste au centre de la vie politique, est-ce un hasard ?