La visite qu'effectue le Président Français Sarkozy au Maroc du 22 au 24 octobre 2007, constitue un évènement d'importance majeur pour deux raisons fondamentales. Sur le plan bilatéral, cette visite est de nature à donner une nouvelle impulsion aux relations riches et diversifiées sur les plans économique, politique, culturel et humain. 'importante délégation d'hommes d'affaires de l'hexagone qui accompagne le Président, les importantes conventions signées lors de cette visite, confirme la volonté française de pérenniser sa place de premier partenaire du Maroc. Parmi les conventions conclues, figure la construction d'un train à grande vitesse (T.G.V) qui reliera Marrakech et Tanger en permettant au Maroc d'être mieux outillé pour faire face à l'afflux des touristes dont le nombre s'accroît d'une année à l'autre pour atteindre selon l'objectif du plan Azur, dix millions en 2010. Outre les relations bilatérales qui sont exemplaires dans de très nombreux domaines, SM le Roi Mohammed VI et le Président Français ont procédé à des échanges de vue sur les grands problèmes qui agitent notre planète. Dans les entretiens entre les deux chefs d'Etat, une place privilégiée a été accordée aux maux dont souffre notre grande région : l'espace Euro méditerranéen. A cet égard, il convient de rappeler que parmi les thèmes qui ont nourri la campagne électorale du Président Sarkozy figure une idée forte : la construction de l'Union méditerranéenne. Que faut-il penser de ce grand dessein ? Tout méditerranéen qui aime « Mare Nostrum » ne peut que souscrire à l'idée avancée par le Président Sarkozy. En effet, plusieurs raisons se conjuguent pour conférer ce grand projet toute son importance aussi bien pour le versant Nord que pour le versant Sud de la méditerranée. En premier lieu, les vicissitudes de l'histoire et de la géographie ont mis en lumière que le dessein de la rive Nord et celui de la rive Sud de la méditerranée sont intimement liés. Dans ce cadre, il est difficile de penser que les habitants du Nord de la méditerranée continueront à baigner, pendant longtemps, dans la prospérité, la démocratie et l'épanouissement si les habitants de la rive Sud de cette même mer évolueront dans un univers caractérisé par le sous emploi, la misère, l'absence de l'épanouissement individuel et collectif. L'émigration en général et l'émigration clandestine en particulier, l'un des grands fléaux de notre époque, constituent une illustration magistrale de ce destin commun. Les moyens de communication permettent aux citoyens du Sud de la Méditerranée d'être informés au quotidien de la situation qui prévaut dans le Nord de la même mer : les hommes et les femmes ont un travail, une maison, une voiture, leurs enfants vont à l'école ils ont les loisirs et tous ce qui semble contribuer au bonheur de l'homme. Beaucoup d'habitants de la rive Sud de la Méditerranée entreprennent une aventure périlleuse pour aller trouver l'Eldorado. L'émigration a porté sur quelques centaines de candidats, elle porte aujourd'hui sur des milliers de candidats. Elle peut concerner des dizaines, voire des centaines de milliers dans un proche avenir sur le déséquilibre profond entre les deux rives de la Méditerranée qui perdure. A cet égard, il est fondamentalement important de souligner que les habitants du Nord de notre mer ont un droit légitime à la sécurité et à la paix. Ils doivent être à l'abri de toute menace physique, morale ou intellectuelle. En revanche, les habitants du Sud doivent pouvoir aspirer dans leur pays à un travail, à une maison, à fonder un foyer. Construction de l'unité Il en résulte que les responsables politiques des deux rives doivent conjuguer leur efforts pour assurer aux habitants des deux versants ce, à quoi ils aspirent. Si l'Union de la Méditerranée avancée par le Président Sarkozy va dans cette direction, les citoyens des deux rives ne peuvent qu'applaudir. Une seconde raison majeure confère à l'idée de l'espace Méditerranéen sa pleine justification. En effet, les profondes mutations des trois dernières décennies ont démontré que sur le plan économique, l'avenir n'appartient plus aux Etats Nations mais à des blocs. Tout porte à croire que ces mutations sont appelées à se poursuivre et à s'intensifier. Dans l'avenir, on pourrait assister à l'existence globalement à trois blocs : l'Amérique, l'Asie et l'Europe. Dans ce cadre, l'Europe doit, si elle veut se donner des chances de faire face aux deux autres blocs, se préoccuper de son prolongement naturel, l'espace Méditerranéen rive Sud et l'Afrique. Par ailleurs, cette même Europe est menacée par la dénatalité et le vieillissement de la population. Or, une population vieille consomme moins. Les citoyens du Sud de la Méditerranée doivent devenir des consommateurs solvables pour leurs partenaires du Nord. Il est donc fondamentalement important de les aider à promouvoir leur développement économique, à les fixer chez eux par la création des richesses et des emplois. La Méditerranée sur le triple plan économique, politique et culturel semble entrer dans une phase concrète, dans la mesure où le Président Français a lancé à partir de Tanger le 23 octobre 2007, un appel à tous les Présidents et Chefs de gouvernements des deux rives, pour une réunion préparatoire à Paris en Juin 2008. Il convient de souligner cependant, que la réalisation d'un si grand dessein ne manquera pas de se heurter à de nombreux obstacles. Le premier écueil est constitué par les clivages et les animosités politiques qui existent entre de très nombreux pays du versant Sud de la Méditerranée. Le second obstacle réside dans les cicatrices de l'histoire entre les deux rives du bassin Méditerranéen et qui sont profondément ancrées dans les mémoires collectives des peuples. Il convient de rappeler à cet égard, que les abyssales cicatrices de l'histoire entre trois pays leaders de l'union européenne la France, l'Allemagne et l'Angleterre, ont bien été transcendées. Nous avons le sentiment et ce sentiment tend à se traduire en certitude, qu'avec la prise de conscience de l'enjeu, la volonté politique de tous les partenaires et leur détermination, ce grand dessein peut émerger au profit des habitants des deux rives de (Mare Nostrum). La Méditerranée retrouvera alors sa vocation initiale : un havre de paix et le berceau de la civilisation humaine. Quels seraient alors les objectifs fondamentaux que s'assignerait l'union Méditerranée ? Outre le volet politique, il y a trois champs qui devraient mobiliser les acteurs de l'union projetée. Environnement La Méditerranée ne représente que 10% de la surface maritime de notre planète alors que plus de 30% du trafic maritime transite par elle. Elle souffre de la pollution de la surexploitation de ses ressources trahetiques. Des actions importantes et urgentes doivent être entreprises pour soulager la pression qui s'exerce sur notre mer. L'émigration, sous toutes ses formes, constitue un fléau dont les conséquences sont vécues au quotidien par les habitants des deux rives de la Méditerranée. Cependant, l'approche sécuritaire a montré ses limites. Il convient donc de s'attaquer aux véritables causes génératrices de l'émigration. Dans ce cadre, seule une véritable politique de co-développement qui se traduirait par d'importants transferts de technologie et de ressources du Nord vers le Sud, permet de venir au bout, à terme de ce terrible fléau. Le troisième champ doit parler du dialogue des cultures. L'ouverture d'esprit, la tolérance sous toutes ses formes y compris religieuse, le respect de l'autre, constituent des valeurs qui doivent être enseignées aux enfants dans les écoles des deux rives de la Méditerranée.