Le sniper de Targuist a été entendu en début de semaine par le parquet de la ville d'Al Houceima et sera auditionné comme témoin à charge dans l'affaire des gendarmes corrompus. À son actif, l'arrestation de neufs gendarmes et autant de complices dans des affaires de corruption avérées. on identité n'est pas encore connue du grand public, mais elle l'est néanmoins pour la justice et pour ceux qui auront à répondre de leurs actes de corruption, vidéos à l'appui, devant la justice. Mardi 2 octobre 2007, El Kannas (le chasseur en arabe), comme il se faisait appeler, a été entendu, et non pas arrêté, par la gendarmerie royale et le parquet de la ville d'Al Hoceima. Suite à quoi, on lui a notifié de se mettre à la disposition de la justice pour un éventuel témoignage et une confrontation avec les accusés devant les juges chargés de l'affaire connue sous le sobriquet du «sniper de Targuist». D'un statut de coupable bien désigné, les investigations de la gendarmerie ont été tout d'abord axées sur comment le démasquer, le sniper de Targuist passe à celui de témoin à charge contre les neuf gendarmes arrêtés, indique une source à la Gendarmerie royale. Voilà pour les derniers rebondissements et place maintenant à la chronologie des faits. Tout a commencé le mois de juillet 2007. Lorsque le Maroc découvrira sur la toile une première vidéo, signée «El Kannas de Targuist». Le justicier du rif a posté sur le site d'upload américain Youtube une vidéo où l'on aperçoit des gendarmes encaissant de l'argent d'automobilistes et de camionneurs lors d‘un barrage de routine dans la région de Targuist. Un patelin situé entre El Hoceima et Chefchaouen, connu pour son trafic à grande échelle du cannabis, et qui abrite une population de 12 000 habitants. La vidéo fait des ravages, le téléphone arabe fonctionne bien, et le succès est au rendez-vous : pas moins de 500 000 visiteurs, marocains et étrangers, ont visionné en quelques jours la vidéo. Branle-bas de combat, le scandale éclate, la machine s'emballe et une enquête interne est diligentée par l'Etat major de la gendarmerie royale pour tirer toute cette affaire au clair. Résultat des courses :deux gendarmes arrêtés et inculpés pour actes avérés de corruption. Quelques jours après, le justicier du web récidive et poste une deuxième vidéo mettant en cause d'autres gendarmes en flagrant délit de corruption devant l'entrée du même patelin. La main dans le sac, les trois gendarmes, subiront le même sort, et feront l'objet de poursuites judiciaires devant les juridictions compétentes. Quelques responsables locaux de la gendarmerie royale seront même mutés pour les mêmes faits. Et ce n'était point de décourager le justicier de Targuist qui met en ligne, à la même adresse (le site youtube) une troisième puis une quatrième vidéo, filmant, en gros plan, d'autres gendarmes, en déclinant leur identité cette fois-ci, et va jusqu'à lancer, le jour même des élections législatives du 7 septembre dernier, un appel au Roi Mohammed VI pour, dit-il, sauver Targuist de la corruption de ses dirigeants. A ce jour, neufs gendarmes et autant de conducteurs corrupteurs sont traduits devant le TPI d'Al Houceima. Affaire à suivre.