Les deux mois de juillet et d'août 2007 auront marqué un tournant décisif dans les exactions qui frappent de plein fouet le patrimoine architectural de la ville de Casablanca. Plusieurs joyaux architecturaux ont été démolis pour faire place à des immeubles hybrides, de facture certainement moins bonne, et sans cachet aucun. Au su et au vu des autorités, avec des autorisations en règle, une partie du patrimoine est soldée. À qui la faute ? L'été meurtrier, était le titre d'un digest paru dans LGM (numéro 541), pour attirer l'attention sur un grand nombre de démolition qui ont touché quelques monuments du patrimoine urbain de Casablanca. Plusieurs zones ont fait les frais de ce type de spéculations propres à la saison estivale. À chaque départ en vacances de quelques responsables, d'autres, qui font l'intérim, délivrent des autorisations et condamnent la mémoire collective de tout un pays, par une simple signature au bas d'une page. C'est aujourd'hui trop tard pour rattraper quoi que ce soit. Les buildings en question ont fait les frais des bulldozers. Aucun retour en arrière n'est donc possible. Mais la question qui taraude de nombreux citoyens est la suivante : comment peut-on détruire le patrimoine avec autant de facilité, faisant fi des règles, des lois et des classements établis par le ministère de la Culture, organisme de tutelle qui se doit de protéger ce patrimoine en question ? Il ne faut pas chercher une quelconque réponse dans une explication intellectualisante. L'équation est simple : on s'en fiche du patrimoine. Autrement dit, c'est le dernier des soucis des responsables. Un chantier est semble-il plus important que la protection de plusieurs zones urbaines de la ville de Casablanca, dont tout le centre fait partie du patrimoine national et mondial comme monument unique, d'un style architectural précis. Aujourd'hui, ce sont de nombreuses villes et hôtels particuliers qui ont été bradés. La suite est plus terrible : le vélodrome, la gare Casa Port et d'autres sites de la ville. Les alertes données ne servent à rien puisque les signatures autorisant les démolitions vont bon train. L'opinion publique et la société civile se doivent de participer à cet élan de préservation et de protection du patrimoine. Parce que c'est là l'héritage de toute la population de la ville et, partant, du pays.