Tous ces détracteurs, et ils sont nombreux, qui prêtaient au chef du vieux parti nationaliste des ambitions « démesurées » de conquête du pouvoir exécutif, des « courbettes » devant le Makhzen pour de supposées accointances avec les centres névralgiques de décision dans le Royaume, une protection « familiale » pour le pousser en avant, ou encore une «élection» parachutée à la tête du parti de l'Istiqlal s'en mordront longtemps les doigts. Car, enfin, Abbas El Fassi tient sa formidable revanche devant l'histoire et le peuple, en gagnant un scrutin transparent et en étant, tout aussi logiquement, porté au pilotage de la Primature. Portrait d'un Premier ministre qui surprendra longtemps encore, mais qui a réussi l'incroyable pari de monter aux plus hautes marches du perchoir par la seule volonté des urnes exprimés par un peuple souverain. Une victoire à la loyale de celui qui a suscité tant de controverses et de convoitises de ses adversaires politiques, admirablement soutenue par la légitimité indiscutable du scrutin et approuvée par la volonté Royale qui s'est montrée le garant sur toute la ligne de la normalisation du processus démocratique dans le Royaume. Et qui est en mesure de contester, maintenant, à la lecture des résultats validés par les Départements de l'Intérieur, de la Justice, du CCDH et des observateurs nationaux et étrangers, la légitimité pleine et entière du leader istiqlalien s'inscrivant en pionnier des forces politiques instituant la normalité démocratique dans le Royaume à travers la formation des alliances majoritaires formant le gouvernement et le Parlement, deux entités entièrement issues, pour la première fois, d'élections libres et honnêtes et reflétant, en dépit d'un abstentionnisme record, la carte politique authentique et la réalité du terrain dans le Royaume. Qui pouvait imaginer ce remarquable développement de carrière du jeune militant précoce, d'origine fassie et berkani de naissance qui devint, très tôt, un militant précoce en conduisant les rênes de l'UGEM (Union générale des Etudiants du Maroc) au moment de la succession entre les deux Règnes de leurs Majestés Mohammed V et Hassan II, avant d'être nommé secrétaire général, en 1972, de la Ligue marocaine des droits de l'homme. Elu membre du Bureau exécutif du PI de l'Association marocaine des Juristes en 1973 et bâtonnier de Rabat deux années plus tard, Abbas El Fassi est promu membre du Comité Exécutif du parti nationaliste qu'il ne quittera plus depuis son entrée en 1974. Mais le point d'orgue d'une carrière partisane bien remplie qui l'ont conduit au sommet des instances exécutives de la plus ancienne et la plus imposante formation politique du Royaume avec ses plus de 200.000 membres militants et adhérents représentés dans la quasi-totalité des sections territoriales, toutes régions confondues, se fit jour un beau jour de février 1998 avec son élection par le Congrès extraordinaire istiqlalien, aux fonctions de secrétaire général du PI en remplacement de M'hammed Boucetta inscrit sur la liste des «départs volontaires» avec les autres figures emblématiques du parti regroupées au sein du Conseil de la Présidence. Le tournant démocratique Ce Congrès marqua un virage à 360 degrés dans le renouveau démocratique d'une formation qui allait rajeunir ses troupes et rendre son action plus ouverte à la critique et à l'autocritique interne des militants. Et si l'histoire retient l'option démocratique imprimée, en 1975, par Abderrahim Bouabid à l'USFP, la genèse plus récente des évènements de la vie politique dans le pays se souviendra longtemps du «tournant démocratique» impulsé à un PI relooké et remis en selle dans le nouveau processus de lutte pour la démocratie au Maroc. Un tournant démocratique qui porte la signature du nouveau Premier ministre nommé depuis le mercredi 19 septembre, Abbas El Fassi. Un homme ouvert à la critique et à la communication publique, partisan de la modernité et de la «technocratisation» de ses cadres, excipant d'un bilan gouvernemental de ses technostructures des plus consistants. Abbas El Fassi est aussi un homme de dialogue, mais aussi de rupture, comme lors du congrès qui a rénové la formation nationaliste. C'est aussi un politicien misant sur l'avenir et qui est un homme d'honneur en déclarant, au lendemain de sa victoire au scrutin du 7 septembre, de s'en tenir aux engagements et à la charte d'honneur signée avec les dirigeants de la Koutla. Un homme d'honneur et de parole, nous en sommes maintenant convaincus, qui en fera tout autant dans le respect de ses engagements gouvernementaux. Ce qui est un gage appréciable de confiance placée en sa personne par le chef suprême de la nation, le Roi Mohammed VI et une «police d'assurance» en béton au service de l'intérêt général et des attentes sensibles de millions de Marocains qui se reprennent à espérer en des partis crédibles, des dirigeants sérieux et des promesses qui ne tarderont pas à se concrétiser. Au Premier ministre Abbas El Fassi de jouer maintenant. Député, ministre, diplomate… Le parcours du combattant Le nouveau Premier ministre pour la législature gouvernementale 2007-2012 a bien roulé sa bosse en sa qualité d'homme politique, de Commis d'Etat et de diplomate qui s'est nourri d'une grande expérience aux affaires de l'Etat. Abbas El Fassi entame une carrière sous la voûte bicamérale en étant élu, en septembre 1984, député à la chambre des représentants de la circonscription de Larache. Un siège représentatif pour la même région qu'il a reconquis aux législatives du 7 septembre 2007. Sa carrière ministérielle démarre en prenant en charge, successivement, les portefeuilles de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire (octobre 1977-novembre 1981) et de l'Artisanat et des Affaires sociales (novembre 1981 - avril 1985). Après un intermède diplomatique, il est nommé par le Souverain dans l'équipe de l'Exécutif sous Abderrahmane El Youssoufi lors du remaniement du 6 septembre 2000 sous la casquette de ministre de l'Emploi, de la Formation professionnelle, du Développement social et de la Solidarité avant d'être reconduit au second rang de la hiérarchie gouvernementale en qualité de ministre d'Etat sans portefeuille, spécifiquement chargé de Missions officielles à l'étranger et de réception des délégations internationales pour les entretenir des questions fondamentales du Maroc, dont le Sahara marocain. Entre ces deux grands moments historiques de la carrière du chef istiqlalien, Abbas El Fassi a rempli des missions en poste de chef de la diplomatie marocaine à l'étranger en cumulant les fonctions d'ambassadeur du Royaume à Tunis en octobre 1985 et de Représentant permanent du Royaume auprès de la Ligue des Etats arabes. La diplomatie panarabe du leader nationaliste s'est poursuivie en tant que représentant de notre pays, en 1991, au secrétariat permanent de l'UMA avant de conduire les rênes de l'ambassade marocaine à Paris entre 1990 et 1994. Ses états de service lui ont valu d'être élevé au rang des insignes de Grand Officier de l'Ordre national du mérite de la république française et d'être décoré des insignes de Commandeur du Premier Ordre de la république tunisienne.