Dans la foulée du discours historique du Trône du 30 juillet dernier, fondateur de la normalité politique et institutionnelle dans le Royaume, celui prononcé le 20 août par le Souverain à l'occasion du 54ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, est, aussi, fondateur de l'indépendance de la justice. En effet, une justice impartiale, indépendante, intègre et citoyenne a constitué le point focal d'un discours qui marquera longtemps encore la récente histoire d'une nation qui s'applique à consolider ses atouts démocratiques irréversibles pour asseoir définitivement la normalité d'un Etat de droit et des institutions. «Cette lutte est la responsabilité de tous : autorités, institutions, citoyens et collectivités. C'est une action de salubrité publique qui doit s'inscrire dans le cadre de l'Etat des institutions, et dans celui de la bonne gouvernance», a dit, en substance, Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En soulignant avec force, dans une mise en garde qui place tous les acteurs face à leurs responsabilités, qu'il «est donc impératif de parer à toutes ces tendances pernicieuses, et de combattre tous les adversaires et les ennemis de la démocratie. Il nous faut, pour cela, un Etat fort, de droit et des institutions. Notre parade réside aussi dans le développement intégré, la sécurité ferme et intraitable, et l'autorité d'une justice indépendante. Une sécurité et une Justice fermement attachées au plein respect par tous de la primauté de la loi». Jamais, en huit ans de nouveau Règne, allocution souveraine ne fut aussi tranchante et ferme. Jamais discours royal ne fut aussi dénonciateur des mauvaises pratiques anti-démocratiques et anti-citoyennes en stigmatisant longuement, avec un choix des termes qui ne ménagent personne. C'est que l'engagement royal, à l'appui de mise en garde sévère et d'avertissement, a tenu à consommer définitivement la rupture totale avec le passé en décrétant la mobilisation de tous les Marocains, sans exclusive, pour observer, respecter et défendre l'indépendance de la justice et la régularité sans faille d'un scrutin décisif. Pas de démocratie sans partis politiques qui doivent être les protagonistes exemplaires d'une campagne des législatives propre et d'un déroulement irréprochable des élections du 7 septembre. «Il revient, donc, aux partis et aux candidats d'oeuvrer sur le terrain pour sensibiliser les électeurs et les inciter à participer aux élections, en leur proposant des programmes clairs et réalisables. A cet égard, Nous adressons à nouveau Nos Instructions à Notre gouvernement pour que, tout au long des différentes étapes de l'opération électorale, il continue à observer une stricte neutralité et à faire valoir la primauté de la loi, par une forte dissuasion et une ferme répression de toutes les infractions». Incontestablement, le baromètre de la normalité démocratique est mis sous la pression imminente de ces deux épreuves déterminantes, un scrutin honnête et sain et une justice indépendante, que le Souverain veut, de toutes ses forces et avec une sincérité désarmante, entourer de toutes les garanties de succès. Non sans déclarer une guerre implacable et sans merci en appelant à la conscience civique et à la responsabilité collective, gouvernement, autorités, administration, collectivités, société civile, partis politiques et citoyens, pour se mobiliser en vue de faire échec à tous les adversaires de la démocratie, où qu'ils se trouvent et quels qu'ils soient. «C'est pourquoi vous ne devez pas hypothéquer votre devenir en vendant vos voix et vos convictions à ceux qui sont dépourvus de conscience et indignes de confiance. Car agir de la sorte s'apparente à une abdication coupable et condamnable de votre droit constitutionnel au vote libre. Ce serait également un renoncement inacceptable à l'honneur de votre citoyenneté et à votre dignité», a insisté le Souverain. C'est à un véritable coup de semonce, envoyé en déterrant la hache de guerre contre toutes les mafias politiques et économiques, auquel furent conviés 30 millions de Marocains à l'écoute d'un discours qui a aussi bien étonné agréablement tous les partisans du progrès que décontenancé tous les détracteurs du changement. Un discours prononcé par un Roi dans la pleine force de sa jeunesse, intègre, incorruptible, «marzak», développeur, réformateur infatigable, démocrate convaincu et pratiquant, qui fera date et référence, où les avertissements abondèrent à travers un violent réquisitoire en règle contre tous les «manipulateurs» et «acheteurs» de conscience et de voix et une vigoureuse plaidoirie pour faire triompher un scrutin «sérieux et crédible» dont Sa Majesté se porte garant, et une Justice impartiale dont elle garantit l'indépendance. «Aussi, incombe-t-il à chacun de s'armer de civisme et de se prévaloir de la force de la loi pour s'opposer aux manipulateurs des élections, et afin de pourfendre ceux qui font commerce des voix et qui s'avisent de pervertir les consultations électorales par l'usage de l'argent illicite, la fraude, le trafic d'influence, la magouille et les tripotages». La dénonciation suprême de tous les travers et immoralités se poursuivit avec une rare détermination lorsque le Souverain affirma que dorénavant «il n'y a pas de place pour les pratiques illégales, dans quelque domaine que ce soit, et par qui que ce soit. Ensemble, nous devons nous engager dans une lutte sans relâche contre la corruption et la prévarication, l'abus de pouvoir et de biens sociaux, les féodalités rentières, les rapines et la pratique de partage des butins». Depuis le 20 août, donc, a été déclarée, du haut du Trône du Palais Royal de Tétouan, une guerre implacable et totale à tous les anti-démocrates et mafias politiques de tous genres pour s'appliquer à réhabiliter l'honneur et la dignité du citoyen, qui ne devra plus se montrer «madloul» en succombant aux tentations des corrupteurs et tous ceux qui instrumentalisent la volonté du peuple à des fins personnelles et déplacées. Citoyenneté, liberté et dignité, tels sont les attributs clés qui doivent désormais coller à tous les Marocains sous la haute protection souveraine.