C'est devant un parterre relevé de personnalités venues d'horizons divers, que l'ambassadeur Jean-François Thibault a élevé, au nom du Président de la République française, le mardi 19 juin 2007, Driss Guerraoui, au rang d'Officier de l'Ordre National de la Légion d'honneur. Un témoignage d'amitié et de considération pour l'œuvre louable d'un des plus brillants chercheurs et intellectuels du Royaume. Le moment valait le détour. Parmi les grandes figures de la société marocaine, il y avait le Président de la Chambre des représentants, Abdelouahad Radi, les Ministres Oualaou, Laenser, Bouzoubaâ, Mouhattane, le Wali de la région Hassan Amrani, l'idéologue du PJD Daoudi, Abdelhamid Aouad et tant d'autres encore. Ils ont, tous, tenus à venir, pour saluer le «héros» de la soirée, récipiendaire de l'une des plus prestigieuses distinctions de l'Hexagone. Et c'est avec beaucoup d'émotion, que Driss Guerraoui a vécu ces instants mémorables, qui lui ont valu la reconnaissance et l'estime de ses partenaires internationaux, la France en tête de peloton, eu égard à ses performances marquantes, en officiant au Département de la primature en charge de conseiller de Abderrahmane El Youssoufi, le symbole de l'alternance réussie au Maroc, et Driss Jettou sur les questions sociales. Et cette distinction, la modestie naturelle et l'humilité intellectuelle du conseiller du Premier ministre, lui ont dicté d'en partager le bénéfice avec ses collègues professionnels : «Au-delà de ma propre personne, cette distinction est un vibrant hommage rendu à mes collègues du Département du Premier ministre, à la fois du temps de si Abderrahmane Youssoufi et de celui de Driss Jettou, auxquels je dois les plus belles pages de ma vie professionnelle et de citoyen du Maroc nouveau». Sans oublier, bien sûr, tous ceux qui l'ont accompagné dans la recherche et les études dont il s'est fait un point d'honneur à associer à l'évènement : «C'est également un vibrant hommage rendu à toutes celles et à ceux qui, parmi mes amis universitaires, chercheurs et acteurs divers, qui ont toujours été à mes côtés et qui ont fait un travail remarquable des années durant, avec une grande générosité, une conviction affirmée et un engagement réel, pour la promotion du développement, de la démocratie et du rayonnement international de notre pays». En écho, Jean-François Thibault a fait mouche par des propos justes, allant droit au cœur et suscitant les grandes émotions de ces moments historiques de carrière : «Je ne saurai terminer ce rappel, pardon pour votre modestie, d'une carrière aussi brillante, pleine du souci du bien commun et de l'intérêt général». Pour ajouter dans la foulée qu'au «total, c'est votre engagement, votre expérience féconde, votre mobilisation au service des relations entre nos deux pays, vos qualités humaines et l'amitié que vous portez à la France, que la République française a choisi de vous récompenser. C'est, pour une part aussi, l'homme de cœur et d'esprit que j'ai plaisir à distinguer aujourd'hui». Des liens exceptionnels La grande expérience acquise par le professeur universitaire Guerraoui et chercheur en vue de l'espace euroméditerranéen dans les rapports intenses et riches qu'il a noués, avec des hommes politiques, militants associatifs, élus locaux, présidents de régions, intellectuels, chefs d'entreprise et les professionnels des médias, tout au long de ces dernières années, qui l'ont poussé à témoigner spontanément du «caractère exceptionnellement singulier de la relation entre le Maroc et la France». Et toujours en écho, c'est bien dans la logique cartésienne des choses, surtout s'agissant de notre partenaire stratégique et le plus constant sur l'autre rive, J.F. Thibault apporta sa pierre à l'édifice en déclarant en substance, à l'adresse d'un Guerraoui oeuvrant avec réserve et opiniâtreté : «Ces liens si forts qui vous ont mené d'une rive à l'autre, toujours au service de votre pays, ont forgé et forgent encore aujourd'hui, votre souci de développer la coopération franco-marocaine». En mettant l'accent sur les réalisations importantes du Conseiller de la primature à travers son «engagement actuel pour le nouveau partenariat bilatéral dans le champ de la protection sociale, avec la mise en place, oh! combien importante, de l'assurance maladie obligatoire au Maroc». Oui, en effet, l'AMO, voici une des plus grandes œuvres de démocratisation à très grande échelle du Royaume, dans son nouveau projet de société, où le nouveau credo fédérateur se traduit par «La santé, un droit pour tous», qui porte la signature pérenne de l'auteur des «Défis de la Méditerranée». Un auteur admirateur de Stendhal et du regretté Driss Chraïbi, dont il aime citer des passages du «Passé simple» qui ne peut être apparenté au rang exclusif de «technocrate», mais beaucoup plus rangé dans la catégorie des «humanistes» et de l'altruisme. Dans ce contexte chargé d'émotion, l'ambassadeur ne pouvait pas ne pas laisser échapper, avec une solennité dans ces propos : M. Driss Guerraoui, «vous êtes un artisan actif du partenariat franco-marocain». Une émotion partagée par la famille de l'heureux couronné, qui eût les larmes aux yeux, lorsque le diplomate évoqua le soutien et la solidarité, qu'apportent à Guerraoui son épouse Fatiha et ses enfants Soufiane et Zineb, qui furent «publiquement remerciés» par le chef de la cérémonie. Non sans avoir retracé les faits d'armes de son père, si Allal, ancien combattant de l'armée française, fait prisonnier, pour son courage et sa bravoure, par les Nazis, lors de la bataille de Verdun. Un parcours remarquable «Le Maroc m'a toujours habité» C'est dans le domaine de l'enseignement supérieur, que Driss Guerraoui a fait ses premières armes, en animant une chaire d'économie à l'université Lumière-Lyon II, entre 1978 et 1982. Il s'est distingué comme professeur agrégé d'économie de l'université Mohammed V de Rabat, l'école Centrale, l'université de Fès et celle de Rennes II. Il a accompagné son métier d'enseignant, par la production de nombreux ouvrages et travaux d'économie, qualifiés de «réputés». Membre du Comité scientifique du centre de Recherches et d'études en sciences sociales, Jacques Berque, Guerraoui est, depuis 1998, le conseiller social du Premier ministre et c'est dans les dossiers pris en charge à la primature, que les plus hautes autorités ont découvert et reconnu sa grande valeur. Patriote sans faille, l'Officier de la Légion d'Honneur a toujours fait preuve d'abnégation pour son pays, comme il aime à le rappeler souvent lui-même : «Le Maroc m'a toujours habité». Guerraoui ? Un homme d'écoute, de dialogue, à la fois intellectuel et homme d'action, chaleureux mais discret, avec le sens de l'amitié et de la loyauté chevillés au corps.