Les prévisions sont peu réjouissantes sur le trend de la croissance, cette année. Les raisons : la pluie, toujours la pluie… C'est bien connu, les prévisionnistes et les politiciens sont rarement d'accord. Ils le sont d'autant moins que les grandes questions qui revêtent un caractère stratégique pour le citoyen fournissent toujours le moyen de le vérifier. En l'occurence, le CMC (Centre Marocain de Conjoncture) que vient de s'inscrire à contre-courant des thèses développées par certains responsables du gouvernement, à propos des ressorts de la croissance et, surtout, du trend de celle-ci. En effet, le Centre annonçait récemment à Casablanca, dans le cadre de ses débats annuels avec ses partenaires, «une quasi-stagnation de l'activité globale» dans le Royaume. Une annonce peut-être surprenante pour l'opinion publique ou les non-initiés, mais certainement sans surprise pour ceux qui suivent de près l'évolution de la machine économique nationale. Selon une enquête diligentée par le CMC, et dont les résultats viennent d'être rendus publics, les perspectives de croissance au Maroc, cette année, seront peu réjouissantes. N'en déplaise aux ministères de l'Economie, de l'Agriculture et au HCP (Haut Commissariat au Plan), l'économie du pays est toujours fortement ancrée à la providence du ciel. Corollaire : les précipitations de pluies, qui sont catastrophiques cette saison-ci, ont lourdement plombé les ressorts de la croissance, ce qui fait tirer aux analystes du CMC une prévision contenant la croissance dans à peine 0,4%. Pour mesurer le gap négatif de ce chiffre, il faut se rappeler que cette croissance avait été, en 2006, de l'ordre de 7,8% selon le CMC (voire 8,1%, d'après le HCP). En tout cas, un niveau-record dans l'histoire du pays où les meilleures années n'ont que rarement dépassée les 6%. Que la courbe de croissance tombe aussi brutalement, d'un exercice à l'autre, a de quoi donner à réfléchir aux responsables des politiques de développement sectorielles. En effet, et alors que l'on engrange une des pires saisons agricoles de l'après-Indépendance, le sentiment qui prévaut est celui d'une «fatalité» dont on ne sait pas trop comment s'affranchir. Si les secteurs industriels et les activités de services (tout ce qui est non-agricole, en fait) se portent bien, l'agriculture suspend plus que jamais son «épée de damoclès» sur l'ensemble de l'économie. Les pronostics, y compris ceux du très sérieux HCP, disent que le PIB hors-agriculture devrait atteindre près de 390 milliards de DH à la fin de 2007, voire plus de 400 milliards en 2008, selon les analyses du CMC. Quand on sait que l'agriculture représente près de 18% du PIB global, on a une idée plus claire sur le manque à gagner en cas de mauvaise récolte, comme ce sera le cas cette année…