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Algérie : Les attentats-messages
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 04 - 2007

Les déclarations ambiguës des responsables algériens sur les commanditaires et les exécuteurs du double attentat qui a frappé deux cibles privilégiées à Alger, ont rendu la population de plus de plus inquiète sur l'avenir.
L'avertissement diffusé, samedi dernier, par l'ambassade des Etats-Unis à Alger sur des attentats imminents, pouvant avoir lieu le jour même à la Grande-Poste et au boulevard des Martyrs, devant le siège de l'ENTV, a apparemment déstabilisé l'appareil sécuritaire algérien.
Ce qui l'a poussé à demander le même jour au ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni de monter au créneau. Croyant rappeler les Américains à l'ordre, ce dernier, qui n'a pas réussi à cacher sa perturbation, affirma que des parties internes et externes sont impliquées dans ces actes. Il est allé, plus tard, un plus loin notamment après la sortie du président de la République, Abdelaziz Bouteflika de son mutisme, pour critiquer la «désinformation» de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique. «On nous prend tous pour des canards sauvages», souligna Zerhouni, accusant en des termes à peine voilés les Américains. Il ajouta, en s'adressant aux médias algériens invités à sa rencontre : «Montrez qu'il y a une manœuvre». Ceux-ci n'ont pas tardé à presser sur les boutons et se lancer dans une attaque sans merci contre ces Américains qui savent tout ce qui va se passer d'avance.
Ce, en laissant comprendre qu'ils ont probablement joué un rôle indirect dans ces attentats. Pour sauver la face devant une population montrant qu'elle ne croit pas à la version officielle des faits, le autorités sécuritaires ont ordonné au ministère des Affaires étrangères de convoquer le chargé d'affaires de l'ambassade où une «ferme mise au point lui a été faite à propos de l'annonce». Dans ce même ordre de mobilisation contre les Etats-Unis, l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahyia, a pris le relais dans le cadre de sa campagne électorale.
L'homme de la Sécurité militaire, qui s'exprimait au Forum de l'ENTV, a qualifié le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis de «plus que bizarre» et a affirmé, à son tour, que les attentats du 11 avril «ont été commandités de l'extérieur». Ce qui laisse entendre que les services américains, sans bien entendu les citer, pourraient être impliqués.
Il est clair que l'establishment algérien a sauté sur l'occasion offerte par l'ambassade américaine pour donner une dimension beaucoup plus importante à ces attentats. Et par là, minimiser l'efficacité du groupe appartenant à Al-Qaïda dans les pays du Maghreb.
Ce qui sauve, en quelque sorte, la face de l'appareil sécuritaire qui, malgré les énormes moyens mis à sa disposition, était incapable d'éviter une telle catastrophe. D'autant que ces attentats prouvent que le projet de réconciliation avec les Islamistes, initié par Bouteflika, est tombé aujourd'hui à l'eau. Chose que ce dernier ne veut en aucun cas admettre, car cela constituera un échec cuisant pour ses projets d'avenir dont le premier consiste à modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat.
Les proches de l'institution militaire commencent déjà à faire porter le chapeau à ceux qui n'avaient pas voulu entendre les conseils et se sont entêtés croyant tirer profit en tentant de récupérer le mouvement islamiste. Allusion faite au pouvoir politique et à son patron, le chef de l'Etat. En tout état de cause, ces attentats vont changer beaucoup de choses au niveau de l'équilibre interne. Des voix émanant de certains centres de décision appellent d'ores et déjà à confier, à nouveau, la sécurité de la capitale à l'armée qui avait, par le passé, montré ses preuves.
Cela ne peut s'effectuer qu'au détriment des services du ministère de l'Intérieur et, par là, aux dépend de Bouteflika en personne. Car, en fin de compte, Zerhouni est le pur produit de la sécurité militaire.
Certains analystes politiques, qui travaillent dans le cadre des centres européens de recherche, se doutent maintenant de la fiabilité de la première version des autorités algériennes. Celles-ci confirment qu'Al Qaïda dans les pays du Maghreb est le seul commanditaire et exécuteur du double attentat d'Alger. Les déclarations, relativement contradictoires, des responsables algériens auxquelles s'ajoutent les informations et rumeurs en provenance des milieux politiques et sécuritaires, ouvrent la voie aux spéculations et même à la science-fiction.
Faits et spéculations
Parmi ces constatations, l'ouverture par le pouvoir algérien de plusieurs fronts en même temps, sans pour autant bien mesurer les conséquences. En d'autres termes, Alger aurait mis sur le dos des grands joueurs tels que les Etats-Unis, la France et l'Espagne, ce, en prenant des positions économiquement, politiquement et stratégiquement hostiles. Ces analystes, en spéculant, estiment que ces trois grands pays ne peuvent encaisser, sans riposter, la série des initiatives négatives prises par le pouvoir en place, toutes ailes confondues. Washington, ne semble pas pardonner à Abdelaziz Bouteflika son retour sur la loi des hydrocarbures postulant l'ouverture du secteur à l'investissement étranger, plus particulièrement, à ses compagnies pétrolières et gazières. Encore plus, l'imposition aux sociétés installées en Algérie, des taxes sur les profits exceptionnels (TPE). C'est le cas aussi des Européens. Dans ce même ordre de crainte, ces trois pays ont vu de mauvais œil la signature, le 21 janvier dernier, du protocole gazier entre le géant russe, Gazprom et la poule aux œufs d'or, la Sonatrach. De plus, ils ont considéré les déclarations des responsables algériens, Bouteflika en tête, portant sur la participation à un cartel gazier avec la Russie et l'Iran comme étant un défi d'avenir vis à vis à leurs intérêts stratégiques. «Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à la déclaration du chef de l'Etat algérien, le 13 mars dernier, dans laquelle il ironisait en disant qu'une OPEP du gaz n'est finalement pas une si mauvaise idée», soulignait un responsable de la CIA en marge du congrès sur le gaz tenu à Doha (Qatar), il y a un peu plus de dix jours. Egalement, ces mêmes pays ne cachent pas leur inquiétude à l'égard de la naissance de l'axe Alger-Moscou en matière d'armements et d'énergie. En effet, ces Occidentaux craignent que les Algériens aient recours aux Russes pour les aider à assurer la sécurité et la stabilité de leur pays. Cela dit, le travail de plus de dix ans visant à débarrasser complètement ce pays, le plus riche d'Afrique du Nord, de ses «anciennes liaisons dangereuses» par rapport aux intérêts occidentaux et le rattacher à la locomotive de l'OTAN, risque aujourd'hui d'être voué à l'échec.
Dans ce même ordre de crainte, les Français n'ont pas jusque-là avaler le report aux calendes grecs, voire même l'annulation implicite, du Traité de paix et d'amitié qui devrait être signé avant la fin de 2006 avec l'Algérie. Ce traité qui a été remplacé par un climat de tension qui s'est répercuté très néfastement, non seulement sur les relations bilatérales, mais aussi dans le domaine géostratégique. Les sociétés pétrolière et gazière françaises trouvent, à l'heure actuelle, des difficultés pour bien se positionner sur le marché des hydrocarbures algérien. L'acquisition d'armements, notamment les avions Rafales et les Chars Leclerc par l'armée algérienne est dorénavant chose inconcevable. Paris misait sur ce traité pour pouvoir écouler ce genre de bijoux et, par là, amortir les frais et pertes et éviter des licenciements de grande envergure dans ce secteur. De leur côté, les Espagnols ont très mal pris les menaces algériennes visant à punir Madrid pour sa position pro-marocaine dans l'affaire du Sahara. Le gouvernement espagnol n'a guère apprécié la position prise par Alger consistant à vendre son gaz plus cher à leur pays. Tous ces facteurs pourraient, selon ces analystes politiques, jouer en défaveur des intérêts de l'Algérie. De ce fait, ces derniers n'hésitent pas à spéculer, surtout après les déclarations des responsables algériens affirmant que des «parties étrangères» sont impliquées dans ces derniers attentats ciblant les locaux de la Primature comprenant une aile du ministère de l'Intérieur et un commissariat lié à la Sécurité militaire. Ce que les observateurs les plus avisés en la matière considèrent comme un message politique au pouvoir algérien. Celui-ci, est le seul à être capable de décrypter et agir en conséquence. Les prochaines semaines vont, sans doute, donner plus d'éclaircissements sur ces faits voire plus de réponses si les Algériens décidaient de pousser le bouchon plus loin.
Seul à savoir
Le pouvoir algérien est le seul à savoir les commanditaires et les exécuteurs de ce double attentat. Il est le seul capable de montrer du doigt les coupables, s'il veut, bien entendu, dévoiler la vérité au peuple algérien que les déclarations à demi-mots de ces responsables lui ont fait perdre la confiance à nouveau. Dans tous les cas de figures, ce pouvoir n'a aucun choix. Soit, il arrête ceux qui ont commis ces actes terroristes et les présenter à la justice, soit il laisse prévaloir le flou. Dans le premier cas, l'Algérie sera obligée de révéler les noms et les parties impliquées. Sur ce point, les observateurs se doutent de la capacité du pouvoir algérien d'aller trop loin, notamment, s'il est avéré qu'un service d'un grand pays serait, d'une manière directe ou indirecte, impliqué. Reste à savoir pourquoi le ministère de l'Intérieur a changé sa version officielle en rajoutant la possibilité de l'implication d'une partie étrangère et aussi, revenir sur le fait qu'il y avait un kamikaze et que l'attentat a été effectué à distance. Ces contradictions, suivies par un silence de la part des autorités, laissent croire que ces autorités sont déstabilisées, d'autant qu'elles sont incapables de donner les moindres informations sur ce qui s'est passé. La déclaration du Premier ministre, le soir même des attentats, sur les mesures secrètes prises par Bouteflika, qui ne tarderont pas à donner les réponses adéquates, ne semblent plus tenir debout. On arrive à peine à retenir de quelques médias algériens qui avaient rapidement accusé, d'une manière camouflée certes, les Américains d'avoir un quelconque rôle dans ces attentats et, qui pourraient, pour se rattraper, critiquer le ministre de l'Intérieur et ses services qui n'ont pu rien faire après quinze jours. L'essentiel, c'est que le pouvoir algérien est le seul à pouvoir connaître le contenu de ce message sanglant qui répond, peut-être, à des faux-pas politiques ou géostratégiques commis. Pour ce qui est d'Al-Qaïda dans les pays du Maghreb, elle ne fait pas partie de la science-fiction attendue ni des spéculations des uns et des autres.


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