De nouvelles mesures de sécurité sont mises en place à Alger pour parer à de nouveaux attentats à la voiture piégée du genre de ceux qui ont frappé la capitale algérienne le 11 avril dernier ayant fait 30 morts et 222 blessés et dont le plus spectaculaire est celui visant le palais du gouvernement algérien au coeur de la ville. Outre le renfort en policiers et en agents de sécurité en civil qui sillonneront la ville, des caméras de surveillance ont commencé à être installées dans les principales artères de la ville et devant les principaux édifices publics et les ambassades étrangères, rapporte mardi le quotidien arabophone "El Khabar". Dans le même contexte, des systèmes de brouillage des téléphones mobiles seront mis en place, pour couper tout contact entre les poseurs de bombes ou les kamikazes et leurs commanditaires respectifs notamment près des quartiers administratifs abritant les ministères et autres établissements publics. Le brouillage des téléphones mobiles vise également à éviter d'actionner les bombes à distance, une méthode très utilisée par les groupes armés algériens notamment en Kabylie (centre du pays). Des artificiers ont découvert le 11 avril dernier, juste après le double attentat aux véhicules piégés, dans un quartier résidentiel à Hydra (centre d'Alger) une voiture de marque mercèdes avec à son bord 500 kg d'explosif, qui devait être actionnée à distance. Cet attentat déjoué visait le domicile du directeur général de la sûreté algérienne. L'ambassade du Danemark se trouvait à une centaine de mètres de ladite voiture piégée. Parmi les mesures de sécurité prises par les autorités dans la capitale, l'octroi à la police, dans chaque point de contrôle (barrage), des appareils manuels de détection d'armes ou d'explosifs alors que des véhicules équipés de matériel de détection d'explosifs sillonneront la capitale pour repérer les véhicules en stationnement susceptibles de transporter des charges explosives. La police a déjà interdit le stationnement des véhicules sur une distance de 200 mètres à proximité des commissariats, cible privilégiée des groupes armés notamment le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), qui a fait allégeance au mouvement Al Qaida le 11 septembre dernier. Le stationnement des véhicules est également interdit devant les casernes militaires, visées par des attentats à la voiture piégée à Alger, en Kabylie et à l'est du pays. Les piétons sont également priés de ne pas se rassembler même en petit groupe devant les édifices publics et les établissements scolaires et universitaires. Certains responsables de collèges et lycées à Alger, procèdent à des fouilles des cartables pour prévenir des attentats à l'explosif. Ces mesures de sécurité draconiennes visant à prévenir de nouveaux attentats, interviennent, en outre, à quelques jours des élections législatives, prévues le 17 mai prochain. Des hommes politiques algériens craignent une reprise des attentats au fur à mesure que l'échéance électorale approche, un scrutin dont sont exclus les éléments radicaux à leur tête les anciens dirigeants de l'ex-FIS dissous et qui espéraient se présenter avec la création d'un nouveau parti, une idée rejetée par les autorités algériennes. Ces groupes radicaux avancent l'adoption de la charte de la paix et la réconciliation nationale, qui leur a accordé le pardon contre la déposition des armes et le retour à la vie normale. Les mêmes groupes affirment avoir été privés du pouvoir qu'ils étaient à deux doigt de conquérir après avoir remporté haut la main les législatives en décembre 1991. Ce scrutin remporté par l'ex-Fis, a été annulé donnant lieu à une quinze années de violence ayant fait entre 150.000 et 200.000 morts. Le ministère algérien de l'Intérieur a rejeté les candidatures d'anciens chefs de maquis islamistes qui voulaient se présenter aux élections directement ou sous l'étiquette de partis légaux. Parmi ces repentis figure Madani Merzag, ancien chef de l'Armée islamique du salut (AIS) qui a rendu les armes en 1997. Il a été gracié dans le cadre de la loi sur la concorde civile de 1999. Il fait ajouter à Merzag, une autre figure de proue de l'islamisme radical, Abdallah Djaballah. Ce dernier n'a pas été autorisé à participer au scrutin, après avoir été évincé, en 2004, de la direction de son parti El Islah (réforme), disposant de 43 sièges dans l'assemblée sortante. Djaballah, qui espérait occuper le vide laissé par l'ex-FIS, a renoncé à se présenter au scrutin du 17 mai appelant au boycott des élections. En l'absence de partis concurrents, l'actuelle alliance présidentielle, composée du FLN, RND et du MSP (islamistes modérés), devront remporter les législatives du 17 mai, pour reconduire l'assemblée nationale (chambre basse du parlement), dominée par cette alliance qui soutient le président Bouteflika.