L'Algérie était encore sous le choc jeudi au lendemain des deux attentats kamikazes, dont un avait pris pour cible le Palais du gouvernement en plein cœur de la capitale. L'Algérie s'est réveillée en état de choc après le double attentat à la voiture piégée qui a fait, mercredi 11 avril, 33 morts et 222 blessés. Touchant un des symboles du pouvoir, le Palais du gouvernement, l'attaque a ravivé l'angoisse d'un retour aux «années noires» du terrorisme. Les éditorialistes des principaux quotidiens algériens, partagés entre conjectures et certitudes, ont tenté jeudi 12 avril de décrypter le message véhiculé par ces actes de violence. Ainsi, pour Omar Berbiche du quotidien «El Watan», le choix de la cible - le Palais du gouvernement - répond à l'objectif «d'affaiblir d'abord l'Etat à l'intérieur vis-à-vis de l'opinion nationale en cultivant le doute sur ses capacités à rétablir la sécurité et au plan extérieur en cherchant à isoler de nouveau le pays». Le journal «L'Expression», lui, évoque un mini 11 septembre ébranlant Alger, tout en se demandant comment des attentats aient pu frapper au cœur du pouvoir exécutif. Pour le directeur du quotidien «Liberté d'Algérie», «les attentats d'Alger contre le symbole même du pouvoir politique sont destinés à maintenir les Algériens sous le joug de la peur et de la résignation». «Un signal aussi puissant que la déflagration pour nous dire que «ce n'est pas fini», qu'on doit se coucher avec la crainte et l'angoisse et se réveiller avec la peur au ventre. Un message aux Algériens pour démissionner» et «capituler face à la fatalité» , poursuit-il. L'éditorialiste de la «Tribune», estime pour sa part que «le GSPC, à travers ces crimes, est en train de régir et non d'agir aux coups durs qu'il a subi dans différentes régions du pays où il a perdu beaucoup d'éléments». La presse algérienne reproche, toutefois, aux autorités de n'avoir pas pris au sérieux la menace terroriste, d'autant plus que cinq jours auparavant, dix militaires sont tombés dans une embuscade à l'ouest d'Alger. «Après un tel drame, l'on se demande comment des charges explosives d'une telle intensité ont-elles pu franchir toutes les barrières de sécurité de la capitale pour venir exploser devant des cibles bien gardées ?», s'interroge le quotidien «El Watan». La majorité des journaux a publié les photos des trois kamikazes ayant exécuté les deux attentats. Il s'agit de trois hommes jeunes, enturbannés où le visage partiellement masqué : Mouadh Ben Jabel, Zoubeir Abou Sajida et Abou Dajjana. L'armée algérienne mène depuis une vingtaine de jours une vaste opération de ratissage en Kabylie (est d'Alger), dans la région de Bejaïa. Des milliers de militaires y traquent une centaine d'éléments armés appartenant à «Al-Qaïda au Maghreb», ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui s'est rallié en septembre au réseau de Ben Laden. Les attentats d'Alger interviennent, en outre, à cinq semaines des élections législatives devant permettre à 18 millions d'électeurs algériens de choisir les 389 députés de la Chambre basse. Ce scrutin est marqué par l'exclusion des islamistes radicaux dont les anciens dirigeants de l'ex-FIS, dissous. Ce dernier avait remporté les législatives de décembre 1991 et annulées ensuite, ce qui avait provoqué 15 années de violence ayant fait entre 150. 000 et 200.000 morts.