Les relations bilatérales entre le Maroc et la Turquie sont excellentes. Selon l'ambassadeur de la Turquie au Maroc, Haluk Ilicak, l'échange commercial entre les deux pays a atteint 719 millions de dollars en 2006 avec une augmentation de 40 % par rapport à l'année précédente. LGM : Quelle évaluation faites-vous à propos de la coopération bilatérale? M. HALUK ILICAK : Les relations bilatérales entre le Maroc et la Turquie sont excellentes. À vrai dire les deux pays s'appuient l'un et l'autre sur le plan international sur les sujets qui les intéressent. Ma première tâche au Maroc est de développer les relations bilatérales maroco-turques qui sont déjà excellentes. Je fais de mon mieux et je déploie tous mes efforts pour le développement de la coopération économique, commerciale et culturelle bilatérales. Je peux dire que les relations commerciales se développent rapidement. Par exemple l'année précédente, l'échange commercial entre les deux pays a atteint 719 millions de dollars avec une augmentation de 40% par rapport à l'année 2005. L'effet positif de la mise en vigueur de l'accord de libre échange est visible dans cette augmentation. Cela a donné un élan à nos relations commerciales bilatérales. Ajoutant à cela les exportations turques vers le Maroc qui sont de 551 millions de dollars, et des importations du Maroc vers la Turquie d'une valeur de 168 millions de dollars. À mon avis, pour créer la balance commerciale entre les deux pays, il faut encourager les investissements directs de la Turquie vers le marché marocain. Sachant que l'industrie turque est beaucoup plus compétitive que les autres pays. Donc, ma priorité est d'attirer les investissements turcs, ce qui peut aider à absorber le chômage et créer des emplois. Je pense que les sociétés turques qui vont s'installer au Maroc auront la chance d'avoir l'expérience et la connaissance du Royaume pour s'ouvrir aux pays subsahariens. Elles pourraient bénéficier de l'expérience marocaine pour s'ouvrir sur l'Afrique occidentale. Il ne faut pas oublier de dire aussi que les sociétés turques ont commencé à prendre leurs parts dans le marché marocain, et notamment dans les grands projets d'infrastructure, les autoroutes, les viaducs, la modernisation et l'extension de la raffinerie de la SAMIR. Le volume global des contrats des sociétés turques a dépassé 1 milliard de dollars. Comme vous savez, la Turquie est un pays qui exporte vraiment des capitaux par exemple en Roumanie, les opérateurs économiques turcs ont investi 3 milliards de dollars, et en Bulgarie plus de 1.5 milliard de dollars. Quelles sont les contraintes qui empêchent les investisseurs turcs à s'installer au Maroc ? On ne peut pas directement parler de contraintes. Je ne crois pas qu'il y ait vraiment d'obstacles qui entravent les investisseurs turcs voulant s'installer dans le marché marocain. Il y a plusieurs sociétés Sultan gaz, Inca qui produit des tables, des chaises. Nous exportons vraiment des capitaux. Le coût de main d'oeuvre est beaucoup plus intéressant que la Turquie. C'est un très grand avantage qui incite les sociétés à s'installer au Maroc. Pourquoi elles ne viennent pas ? Il y a deux choses : d'abord, c'est une réticence émanant d'un manque de connaissance. Ils ne connaissent pas le Maroc, ni les législations ou les procédures à suivre dans le marché marocain. Nous avons beaucoup de relations avec les Européens, que nous connaissons par cœur. Comment faire pour promouvoir les relations économiques bilatérales et inciter les investisseurs turcs pour investir au Maroc ? D'accord, il faut faire connaître le Maroc aux turcs. On peut organiser des foires, des rencontres entre les hommes d'affaires des deux pays. On fait ça à l'ambassade, il y a toujours les groupes d'hommes d'affaires marocains en Turquie, on les invite. Ils ont des réunions avec leurs homologues turcs. J'espère que nous pourrons faire la même chose avec les responsables marocains. Les turcs viennent voir le Maroc sur place. Je prends contact directement avec le ministère des affaires étrangères. Il faut organiser les conférences. J'ai besoin de l'aide et de l'assistance officielle. Cela fait 2 mois et demi que je suis au Maroc, c'est un de mes plans. Il faut faire de la publicité pour le Maroc en Turquie. Parce que l'année passée on a fait de la publicité pour la Turquie, et nous avons eu de bons échos au Maroc. Il y avait plus de 30 milles visiteurs en Turquie. Je crois beaucoup au contact direct. Parce que les deux peuples partagent les mêmes valeurs universelles et une histoire commune. Nous ne nous sommes jamais confrontés dans l'histoire. Quel est votre avis à propos des reformes entreprises par Sa Majesté le Roi Mohammed VI ? J'admire beaucoup le dynamisme et la rapidité de sa Majesté qui se fait ressentir partout au Maroc. Je vois à travers la presse qu'il inaugure, réforme en vrai leader très dynamique, fort et motivé pour le développement du Maroc. Ses actions sont devenues un phénomène social. Maintenant l'essentiel pour le roi est surtout l'initiative de développement humain. C'est une grande initiative pour les pauvres. Pour garder la stabilité, la différence entre les gens démunis et riches doit être réduite. Je suis allé à Casablanca au Cinéma, et comme je ne connais pas la ville, j'ai laissé la voiture au centre ville puis j'ai pris un taxi. En discutant avec le chauffeur, nous avions commencé à parler du roi, et il m'a répondu que c'est le roi des pauvres. Cela m'avait vraiment impressionné. Que pensez-vous du projet de l'autonomie élargie dans le Sahara Marocain? Franchement, je ne sais pas beaucoup de choses sur le plan d'autonomie, une délégation marocaine n'a pas encore visitée la Turquie et nous n'avons pas d'informations directes sur le plan, mais la Turquie appuie toutes les initiatives qui peuvent aider à trouver une solution à cette question. La Turquie appuie toujours une solution politique négociée et acceptée par toutes les parties dans le cadre des Nations Unies. Peut être que le ministère des affaires étrangères peut organiser un jour un briefing pour les ambassadeurs étrangers accrédités au Maroc, surtout où les délégations marocaines n'ont pas encore été en visite.