À quelques mois des élections, le ministère de l'Intérieur et les partis politiques se sont mis d'accord sur le lancement des inscriptions des listes électorales. Deux mesures marquent les esprits: l'inscription des jeunes à partir de 18 ans et celle des Marocains résidants à l'étranger. Le début de la semaine dernière, les salons feutrés du ministère de l'Intérieur, ont connu un évènement hors du commun. Toute la classe politique, y compris les partis qui ne sont pas représentés au Parlement, a assisté à une rencontre avec les responsables dudit ministère concernant les listes électorales. Des exposés techniques ont été faits aux représentants des partis sur la campagne de communication qui va accompagner l'opération d'inscription, ainsi que sur les techniques de consultation et de vérification des inscriptions sur Internet et par SMS. Ces rencontres ont par ailleurs constitué l'occasion de débattre du rôle de sensibilisation, que sont appelés à jouer les partis politiques, conformément à leur mission constitutionnelle d'encadrement des citoyens, pour la réalisation des deux grands objectifs fixés à l'opération de révision, à savoir l'encouragement de nouvelles inscriptions, notamment au sein des jeunes de 18 ans et des Marocains résidant à l'étranger des deuxième et troisième générations, ainsi que l'assainissement et l'épuration des listes. Après la présentation du nombre des inscrits, deux points importants ont été soulevés. Le premier est relatif à la compagne médiatique que doit lancer le ministère de l'Intérieur, pour inciter les citoyens à aller s'inscrire pour pouvoir aller voter. Le second concerne le vote des Marocains résidants à l'étranger. Deux points qui semblent anodins, mais qui pèseront lors de l'élection du 7 septembre prochain. Et pour cause. Le nombre de votants déterminera incontestablement la carte politique de demain. Si l'Etat et les partis politiques insistent sur l'importance d'aller voter, c'est uniquement pour mobiliser les troupes afin de redonner de la légitimité à la classe politique. La révision des listes électorales reste d'une importance capitale. D'abord, celles de 2002 sont incomplètes et comportent certaines carences. Il faut inscrire la majorité des Marocains et actualiser ces listes. Dans un premier temps, le PJD avait demandé l'utilisation de la carte nationale au lieu des cartes d'électeurs. Cette approche ne dérange pas les grandes formations, tels que l'USFP, l'Istiqlal, le RNI et le Mouvement Populaire. Mais, le ministère de l'Intérieur a préféré l'utilisation de la carte des électeurs, en arguant que la carte nationale n'est pas encore généralisée. Finalement un compromis a été trouvé. L'Etat doublera d'effort pour convaincre les Marocains d'aller s'inscrire. A partir de cette semaine, des centaines de bureaux d'inscription ouvrent leur porte. Après cette opération, l'Etat disposera de listes complètes. Le tournant que connaissent les prochaines législatives est, sûrement, le rabaissement de l'âge du vote à 18 ans au lieu de 21 ans. Une mesure forte qui changera la donne. D'ailleurs, tous les partis politiques se sont adaptés à ce virage. Leur discours s'est rajeuni et ils visent l'électorat jeune. Cette catégorie de la population doit s'inscrire aux listes électorales. L'Etat et les formations politiques, espèrent convaincre les jeunes pour qu'ils adhèrent à ce processus indispensable à la démocratie. L'autre volet important qui marquera ces élections, est l'inscription des Marocains résidants à l'étranger aux listes électorales. Les consulats et les ambassades se chargeront d'inscrire les Marocains de l'étranger, pour pouvoir voter dans leurs circonscriptions au Maroc. Au départ, on voulait permettre aux MRE d'avoir des représentants au Parlement. Mais, dès l'annonce du code électoral, un changement de taille a été mis en avant. Le ministère de l'Intérieur a abandonné cette idée et a rectifié le tir en permettant aux MRE de voter au Maroc. Ce changement de cap est dû à certaines statistiques. Les résidants marocains à l'étranger voteraient en masse pour le PJD. Cette idée est confortée par des rapports des renseignements généraux français. En Espagne, Belgique, Italie et Hollande, même son de cloche. Le PJD qui ouvert des bureaux dans tous ces pays. Les responsables de ce parti savent pertinemment qu'ils peuvent surfer sur la vague du retour aux origines et à l'Islam d'une grande partie des jeunes issus de l'immigration. De plus, la première génération serait acquise et comblée par le message du PJD. Le plus grave est que les autres partis sont inexistants à l'étranger et n'ont aucun relai. Pour éviter le basculement des représentants des MRE vers le PJD, on a abandonné cette idée remplaceé par un vote local. Une tactique subtile qui évitera un raz de marée islamiste. Mais dans tous les cas, le processus établi par l'Etat est intéressant à tous les niveaux. Le rajeunissement des listes électorales permettra une participation plus grande. L'objectif : réussir 2007 qui sera un tournant historique. Sortir le Maroc de la transition démocratique vers la démocratie. Un challenge difficile, mais réalisable.