Après des mois d'hésitation, Ahmed Osman a finalement accepté de quitter son fauteuil de président du RNI. Contraint et forcé, il a annoncé qu'il ne sera pas candidat à la présidence du parti en avril prochain. L'information a fait l'effet d'une bombe. L'éternel président du RNI, Ahmed Osman, a finalement décidé de passer la main et de quitter la tête du parti qu'il a créé. Cette décision est intervenue après moult négociations. Après une grande offensive de Mohamed Aujjar et de Mustapha Oukacha, Osman a essayé, par tous les moyens, de garder son poste. Mais il a dû se résigner et annoncer son départ après 30 ans de présidence du RNI. Au départ, il y avait un consensus autour de cette question. Même si ce dernier a sollicité l'intervention de l'Etat. Il a finalement accepté son destin en annonçant qu'il n'allait pas se présenter à la présidence. Cela dit, le président du RNI a bien manœuvré. En échange, il a obtenu un quitus du bureau politique concernant sa gestion. En d'autres termes, il ne sera pas inquiété concernant ses choix de gestion. D'ailleurs, ses détracteurs lui reprochaient ses dépassements. Abattu et affaibli, Osman quitte la vie politique en assurant une retraite paisible. Après cette annonce, deux personnalités centristes se sont précipitées et ont annoncé leur candidature à la présidence du RNI. Il s'agit de Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et Mustapha Oukacha, président de la deuxième chambre. Le premier a le soutien d'Osman et de ses fidèles alors qu'Oukacha est aidé par le clan des ministres. Un outsider devra se rajouter à cette liste. Le nom de l'ex-ministre des droits l'homme, Mohamed Aujjar, revient de plus en plus. Il serait soutenu par quelques députés et les jeunes cadres du parti. Pour plusieurs parmi ces derniers, le fait d'avoir trois candidats est très bénéfique à l'évolution du parti. Si la guerre des déclarations a déjà été lancée entre Oukacha et Mansouri, Aujjar reste, pour l'instant, discret. Les deux premiers ont ouvertement entamé leur campagne. Aujjar avait refusé avec le trésorier du parti, Bouhdoud Boudlal, d'assister à la réunion du bureau politique qui a donné le quitus à Osman. Aujourd'hui, chaque candidat essaye de rester dans la course et de préserver ses chances. Il est clair, que dans la configuration actuelle, il serait difficile de déterminer qui peut être élu. Mais il est certain qu'un gentelmen agreement devrait être trouvé avant même le congrès. Le Premier ministre, Driss Jettou, et son entourage sont pour une présidence d'Oukacha qui serait une présidence de transition. Les caciques du parti soutiendraient Mansouri. Quant à Aujjar, il mènera campagne, mais préfère fédérer les différentes fractions. Mohamed Aujjar est un homme d'appareil. Il a l'appui des parlementaires et des élus. De plus, il connaît parfaitement les rouages du parti et se positionne comme un réformateur avec une vision de rajeunissement des élites. Une approche qui peut être payante puisque Aujjar cherche, davantage, à mettre en avant d'autres jeunes capables de prendre la relève. C'est dans ce sens qu'il a organisé plusieurs débats sur le rajeunissement de la classe politique. Mais plusieurs voix, au sein même du RNI, essayent de trouver un compromis du style de celui préconisé par le Mouvement Populaire. C'est-à-dire, un Oukacha président et un Aujjar Secrétaire Général. Il est clair que le RNI vit une mutation, le prochain congrès sera décisif. Le parti centriste cherche à se débarrasser de l'étiquette de parti de «l'administration». Pourra-t-il réussir ce challenge ? Dans cette configuration, il est important de préciser que Mansouri réagira pour sauver sa place. Certes, il est considéré comme un homme compétent et jouit de soutiens considérables au sein du parti. Mais peut-il dépasser Oukacha ? Aujjar, qui cherche à éviter la confrontation entre les frères ennemis, préconise des primaires pour partager les différents prétendants. Mais celui qui a le plus de chance n'est autre que Oukacha qui peut se prévaloir du soutien du Premier ministre, Driss Jettou. Avant les élections de septembre 2007, le RNI change, certainement, de cap.