Elle compte parmi les plus anciennes comédiennes au Maroc, aux côtés de Habiba El Medkouri, Fatima regragui, Amina Rachid et bien d'autres descendante d'Eve sur les planches ! Quand on ne fait pas appel à ses services, elle survit avec sa petite famille avec le peu de moyens dont elle dispose. Toutefois, la bonne dame demeure fière et digne et vit surtout avec ce grand amour pour son art. Un amour qui nourrit continuellement ses grandes espérances. Femme et artiste de condition disons très modeste, Safia Zyani a un coeur plein de générosité. Elle est aussi spontanée dans ses paroles et gestes. C'est avec ce grand coeur et cette spontanéité dans les propos, qu'elle répond aux différentes questions qui lui ont été posées dans le présent entretien. LGM : Peut-on dire, aujourd'hui, que Safia Zyani est contente de son sort d'artiste ? Absolument ! Très contente même. Dans ce contexte, n'avez-vous jamais flairé dans le milieu une odeur de sabotage ou de jalousie après l'interprétation et la réussite de l'un de vos rôles ? ...Et même si je flaire quelque chose, comme vous dites, dans ma nature, je ne tiens nullement rancune. Si les gens se mettent à vous dévisager avec curiosité lorsque vous êtes dans un lieu public, cela vous dérange-t-il un peu ou bien vous passez votre chemin sans attribuer à ce comportement la moindre attention ? Cela ne me dérange guère. Si quelqu'un parmi le public vous dévisage, c'est qu'au fond de lui-même il éprouve envers vous une certaine admiration, un certain amour. Voilà. Dans votre vie artistique, comme dans la vie de tous les jours, est-ce que l'échec vous fait tellement peur? Et comment! J'ai toujours peur d'échouer dans une tentative. Mais, si cela arrive, je ne me plains pas et je me dis au fond que je le mérite. Pardonnez-vous facilement à ceux qui vous découragent, vous dénigrent et tentent de vous mettre les bâtons dans les roues? En un mot, oubliez-vous vite le mal dont vous êtes la cible ou bien adoptez-vous une attitude rancunière ? Généralement, j'oublie vite le mal dont je suis la cible. Je ne tiens pas rancune à ceux qui me font du mal. Ils se trompent sur mon compte et moi je pardonne toujours aux gens qui se trompent... Ce que vous faites, vous rapporte-t-il suffisamment d'argent pour mener une vie normale ? Je remercie dieu pour tout. Dans la vie, l'essentiel est de faire ce qu'on aime. C'est tout. Avez-vous une dent contre ceux qui vous adressent des critiques gratuites et non fondées dans la presse ? Dieu merci, de ce côté-là, je ne souffre pas. D'ailleurs, il est très rare qu'on parle de moi dans la presse et j'ignore les raisons de cette indifférence. S'il vous arrive d'être au milieu d'un groupe de personnes et que vous vous trouvez embarrassée par quelqu'un ou par une situation déterminée, préferiez-vous vider les lieux en douceur ou bien rester et affronter l'imprévu ? Comme je suis pacifiste et surtout fragile, je préfère m'éclipser et laisser chacun devant sa conscience. Laisser surtout le vide parler à ma place. Dites-nous, Safia, quel est votre plus grand regret dans la vie ? Je n'ai pas de regret. Je prends la vie comme elle vient. J'accepte la volonté divine. Avez-vous un jour été déçue par une amitié trahie ? Et quel sentiment avez-vous ressenti à ce moment-là ? De temps en temps, je suis déçue de ce côté-là. Mais j'oublie vite. Quelle définition donnez-vous à ces trois termes : Célébrité, Concurrence, Méchanceté ? à mon avis, la Célébrité c'est le fait de contenter son public et sa conscience. La Concurrence, elle doit être loyale. Quant à la méchanceté, c'est un véritable délit envers l'autre et envers soi-même. Ne croyez-vous pas qu'aux yeux du public, quand un artiste fait de la publicité à certains produits dans le commerce cela risque de lui coller à la peau ? Vous m'excusez sur ce point. Pour ne fâcher personne, je n'ai rien à dire là-dessus. Lorsqu'une troupe se déplace à l'étranger, on ne vous invite pas à faire partie du voyage. Est-ce qu'on vous déteste à ce point, côté confrères ? Non ! on ne me déteste pas. Tous les confrères me respectent et m'aiment. Peut-être qu'ils ont leurs considérations. Dans le domaine artistique, avez-vous un bon souvenir que vous gardez toujours jalousement dans un petit coin de votre mémoire ? Mon plus beau souvenir est celui d'avoir joué aux côtés de très grands comédiens marocains dont je ne dirais pas le nom de crainte d'en oublier quelques uns... Supposons que vous devenez subitement très riche, quel serait dans ces conditions le projet que vous allez concrétiser en premier lieu ? D'abord, ouvrir une école de théâtre et octroyer des Bourses aux jeunes marocains qui veulent y faire carrière. Ensuite, me porter au secours de nos artistes qui sont dans le besoin. Les gens trop jaloux de votre réussite dans le domaine artistique, celà vous inspire quoi au juste ? La jalousie est humaine mais c'est un grand défaut. Quant à ceux qui sont jaloux de ma longue carrière, je leur pardonne tout simplement. Côté habillement, êtes-vous dépensière, ou bien vous mettez sur le dos ce qui vous tombe sous la main ? Vous savez, la mode et moi ! dans ce rayon-là, je suis très traditionnelle. Dans votre vie artistique, y a-t-il suffisamment de temps libre pour votre petite famille ? Bien entendu. Du temps libre, j'en ai même beaucoup ! Quelle est la devise qui vous est chère et que vous adoptez dans la vie ? Semer toujours le bien autour de soi et ne jamais le regretter. Pour terminer, dites-nous en toute franchise s'il ne vous est jamais passé par l'esprit de laisser tomber le domaine artistique définitivement ? Une telle pensée ne m'a jamais effleuré l'esprit. C'est une pensée horrible !