La date est fixée. Les modalités mises au centre de l'échiquier politique, reste le grand enjeu: la politique, elle, est l'affaire de tous. Désormais, c'est officiel. Les élections législatives auront bel et bien lieu le 7 septembre prochain. Prennent ainsi fin, des tractations et des suggestions où l'éphémère le disputait à l'essentiel. Le Maroc politique, en conséquence, entame la dernière ligne droite : direction 2007. Jusqu'à la dernière minute avant la tenue du conseil du gouvernement, rien n'était définitif : chacun, paraît-il, espérait l'emporter. Chacun ? D'abord et surtout au sein de la majorité. Car, il est de notoriété publique que les partis de la coalition gouvernementale n'étaient pas sur la même longueur d'ondes. D'une part, l'Union des mouvements populaires qui était, ouvertement pour une date post-estivale et d'autre part, les partis de la Koutla, notamment l'USFP et le PPS, qui étaient pour une date plus proche. L'Istiqlal, lui, semblait être tiraillé entre les deux. Dans le microcosme politique, on ne fait pas de l'anecdote un secret : Abass El Fassi aurait déclaré qu'il était favorable à la date de juillet mais le conseil national est partant pour septembre. Pourquoi le 7 septembre ? D'abord , parce que c'est la seule date possible. Et pour cause le mois sacré du Ramadan est prévu pour le 11 ou 12 septembre. Ensuite ? Pour respecter le calendrier constitutionnel, le nouveau Parlement doit impérativement tenir sa première session le deuxième vendredi du mois d'octobre, le 7 septembre est la date la mieux appropriée. D'autant plus que la question du Sahara sera au centre de l'intérêt international. Et pour éviter tout chevauchement, ou interférence, entre les questions intérieures et celles extérieures, vaut mieux trancher avant. Le Maroc, également, a tout à gagner du respect de la normalité politique, lorsque sonnera l'heure de développer son argumentaire vis-à-vis de la question de l'intégrité territoriale. Les autres préparatifs ne sont pas en reste. Le Conseil de gouvernement a adopté trois projets de décret relatifs aux élections législatives. Le premier texte modifie et complète le décret portant création des circonscriptions pour l'élection des membres de la Chambre des représentants et fixant le nombre des sièges à pourvoir dans chaque circonscription. Le deuxième projet de décret fixe les délais et dates de l'opération de révision exceptionnelle des listes électorales générales, tandis que le troisième projet de décret porte sur la fixation de la date du scrutin. Le premier projet de décret vise à adapter le projet de découpage électoral à la réalité de la carte administrative et communale, «à la lumière des modifications intervenues depuis les élections législatives de 2002, particulièrement le retour au système de l'unité de la ville au niveau des grands centres urbains, la création de nouvelles préfectures et provinces et le changement de l'affectation administrative de certaines communes», selon le ministre de l'Intérieur. Le nombre global de sièges à pourvoir dans le cadre de ces élections est resté inchangé (295), «tout en révisant le nombre de sièges réservés à celles dont ont été issues de nouvelles circonscriptions», a poursuivi Benmoussa, dont les propos ont été rapportés par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah, lors d'une conférence de presse tenue au terme de la réunion du Conseil de gouvernement. Le projet de décret a aussi pris en considération la nécessité de réserver au moins deux sièges à chaque préfecture ou province, abstraction faite de leur étendue et de leur population et en harmonie avec le mode de scrutin de liste en vigueur, ce qui a, a-t-il noté, donné lieu à une importante représentativité pour certaines entités administratives à caractère rural. Reste que les partis politiques ne sont pas unanimes. Encore une fois ? En fait, les objections des uns et des autres ne portent pas sur le fonds, car les modifications restent «secondaires» comme l'indique ce responsable bâtant pavillon pour la Koutla. Le PJD, lui, fera certainement un cheval de bataille du découpage actuel. Déjà, Saâd Eddine El Othmani a critiqué la méthode. Listes électorales Le deuxième projet a trait aux listes électorales. Concernant ce projet, il est souligné qu'il «s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la décision royale visant à permettre aux nouvelles générations de la communauté marocaine résidant à l'étranger de jouir des droits de vote et de candidature, en concrétisation du principe de l'égalité dans la citoyenneté». L'opération de révision se déroulera du 5 avril au 24 mai et les demandes d'inscription doivent être présentées entre le 5 avril et le 4 mai, sachant qu'il s'agit de demandes déposées directement aux commissions administratives et de celles présentées par les membres de la communauté marocaine établie à l'étranger à partir de leur pays d'accueil. Suite, somme toute logique. Une deuxième étape prévue en juin prochain, «portera sur le traitement informatique des listes électorales en vue de leur contrôle et de leur épurement de toutes les failles ou erreurs matérielles, selon un échéancier fixé par un arrêté ministériel qui sera rendu conformément aux dispositions du Code électoral». Là, il faut reconnaître un consensus qui ne dit pas son nom. Rappel: l'opposition, tout aussi que la majorité appelait à une actualisation des listes électorales. Les raisons des uns, faut-il le rappeler, différaient de celles des autres. Il n'en demeure pas moins que le ministère de l'Intérieur a pris la question à bras le corps. Pour rassurer, les politiques ? Pas seulement. Mais aussi les électeurs. On comprendra mieux la suite. Effectivement. Il est également prévu d'organiser une vaste campagne médiatique en vue de permettre aux personnes qui ne sont pas encore inscrites à le faire, en particulier les jeunes et les Marocains résidants à l'étranger. La logistique est établie. Plus, après les enjeux «techniques», restant le grand challenge : la politique. Et celle-là, c'est l'affaire de tout un chacun.