L'examen normalisé de la 6ème année du primaire est devenu une source d'anxiété pour les élèves. Les experts appellent à une nouvelle évaluation ludique des connaissances de base. Détails. Qui, à présent, ne se remémore pas l'intensité des émotions d'avant et d'après le premier examen normalisé de sa vie estudiantine ? Cette anticipation, qui fait battre le cœur ainsi que la joie ou la déception qui suivent, reste gravée à jamais dans les mémoires. Tout le monde a forcément pataugé dans la même gadoue, éprouvant une journée chargée d'anxiété, où chaque minute semblait durer une éternité et où les craintes ainsi que les espoirs se mêlaient dans un tourbillon d'incertitude. Car oui, la réussite de cet examen représente la première victoire de l'enfant que nous étions. Au fil du temps, ce rite de passage, qui devait initialement symboliser l'évaluation des acquis, est devenu une source d'anxiété pour les enfants. Les examens sont souvent perçus comme des épreuves redoutables. Cette pression, qu'elle provienne des attentes parentales, des normes scolaires ou même de la compétition entre pairs, entraîne des inquiétudes qui ternissent l'excitation de l'apprentissage qui anime l'enfant. « Mon enfant, 8 ans, entend déjà parler du normalisé de la 6ème année du primaire et dont les résultats sont déterminants pour son avenir. Il ne cesse de me poser la question sur son destin au cas où il échoue », note une mère. Cet état d'esprit est déplorable, au regard de Mohamed Guedira, Professeur universitaire, expert en politiques éducatives et ingénierie des compétences, qui regrette que l'examen normalisé, simple procédé d'évaluation, soit une source de frustration pour les élèves. En effet, l'examen normalisé de la 6ème année du primaire fait suite à l'évaluation souvent subjective des élèves en classe, selon Guedira. Il est conçu pour répondre à la nécessité d'instaurer un filet entre les cycles, permettant une évaluation objective des acquis des élèves et de leur capacité à assimiler les connaissances de base, afin d'assurer un passage fluide vers le cycle suivant. Ce concours s'avère incontournable dans un contexte où les élèves souffrent d'une insuffisance significative dans l'assimilation du programme scolaire. Le Maroc fait ainsi partie des pays qui ont adopté l'examen normalisé pour le passage au cycle collégial. À la différence d'autres Etats, notamment l'Italie, où le passage de l'école primaire à l'école secondaire se fait automatiquement, sans examen. Ce dernier doit être passé à la fin de ce cycle pour accéder au niveau suivant. Evaluer ludiquement. Cependant, Guedira critique la façon dont l'examen est présenté dans la société, soulignant qu'il génère une frustration chez l'enfant. « C'est souvent perçu comme une mesure pour intimider l'élève et non pas comme un procédé pour l'évaluation de ses connaissances », regrette notre expert. Cette perception négative des examens crée un climat de peur et d'anxiété qui nuit à la qualité d'apprentissage. Les élèves perçoivent l'évaluation comme un jugement définitif de leur valeur académique. Cette approche peut entraîner un désengagement vis-à-vis de l'école, car les enfants craignent davantage l'échec que l'apprentissage lui-même. Face à cette situation, l'expert rappelle l'adoption par les écoles d'une nouvelle grille d'évaluation modulable, visant à évaluer les objectifs à atteindre, tout en procédant à une évaluation pédagogique ludique des connaissances de base. Pour ce faire, « il faut en finir avec les conditions anti-pédagogiques qui règnent toujours dans l'école publique, notamment l'encombrement des classes », souligne Guedira. Il est également question, selon notre interlocuteur, de promouvoir une nouvelle pédagogie à l'école, en vue de minimiser l'impact de l'évaluation sur les élèves. Cette approche pédagogique vise à transformer la manière dont les enseignants perçoivent et procèdent à ces évaluations, en les considérant moins comme un simple outil de classement et plus comme un moyen d'encourager le développement des compétences et l'engagement des élèves. L'importance de la formation continue de l'enseignant devient alors primordiale. En effet, pour mettre en œuvre cette nouvelle pédagogie, les enseignants doivent être formés à des méthodes d'enseignement plus flexibles et inclusives. « Cela inclut des techniques d'évaluation formative et ludique, qui permettent d'évaluer objectivement le progrès des élèves tout au long de l'année scolaire. Ces méthodes encouragent un apprentissage actif et collaboratif, où l'erreur est perçue comme une opportunité d'apprentissage », conclut Guedira. PLF2025 : Casablanca se dotera d'un centre de formation en automobile Le gouvernement prévoit d'élargir le réseau d'établissements universitaires pour un montant de 556,9 millions de dirhams, dont 156 millions de dirhams seront alloués dans le cadre de la Loi de finances pour l'année 2025. Il s'agit de deux écoles nationales de commerce et de gestion (ENCG) à Meknès, d'un montant de 70 millions de dirhams, et d'une autre à Ouarzazate pour un budget de 100 millions de dirhams, selon une note émanant du ministère de l'Economie et des Finances. Le gouvernement envisage également de construire et d'équiper des instituts thématiques de recherche et des espaces de programmation (Code 212) ainsi que des centres d'excellence. Concernant les établissements en cours de réalisation, il s'agit du complexe universitaire d'Al-Hoceïma, de l'école supérieure de formation et d'éducation d'Oujda, et de l'école supérieure de formation et d'éducation de Kénitra, ainsi que de l'école nationale des sciences appliquées de Beni Mellal. De plus, le gouvernement entend, en 2025, continuer la construction d'un institut de formation en création et gestion d'entreprises, d'un autre pour les métiers de l'industrie pharmaceutique et de l'innovation, d'un centre clé pour former des formateurs et enseignants dans le secteur automobile à Casablanca, ainsi qu'un institut de formation dans les métiers de l'eau, de l'assainissement et de l'environnement à Fès. Le réseau des établissements d'enseignement supérieur a été renforcé en 2024 par l'achèvement de la construction de cinq nouvelles institutions pour un coût total dépassant 420 millions de dirhams. D'autres établissements sont aussi en cours de réalisation, il s'agit du complexe universitaire d'Al-Hoceïma, de l'école supérieure de formation et d'éducation d'Oujda, et de l'école supérieure de formation et d'éducation de Kénitra, ainsi que de l'école nationale des sciences appliquées de Beni Mellal.