Une bande de malfaiteurs spécialisée dans l'arnaque a été démasquée récemment par la police judiciaire. Munis de menottes, trois malfrats se faisaient passer pour des policiers. Pour mieux intimider leurs proies, ils circulaient à bord d'une Palio noire. Yassine, un trafiquant de cigarettes de contrebande venait de s'approvisionner chez un fournisseur pour la somme d'environ 30.000 DH. Il charge la marchandise et se dirige chez lui, à Hay Chifa dans la rue n° 5. Il devait être 19 H 30. Quelques minutes après, il entend sonner à la porte. Il ouvre et se retrouve face à deux personnes souriantes, bien habillées et avenantes. Une Fiat Palio de couleur noire était garée devant la porte de la maison. Un homme était au volant. L'échange des « Salam Alaïkoum » a conduit le contrebandier à faire un pas dehors et voilà que les deux types se jettent sur lui. L'un d'eux sort des menottes et ils l'embarquent à bord de la Palio. A l'américaine, deux des trois individus font irruption dans la maison en vue d'effectuer une perquisition. Yassine, enfermé dans la voiture, se voit conduire vers le commissariat de police. Quelques mètres plus loin, les occupants de la voiture lui enlèvent les menottes moyennant une somme d'argent et le relâchent. «Va te faire foutre maintenant. Sache que tu es activement recherché par nos brigades. La prochaine fois, on te mettra 50 grammes de chira dans la poche et tu verras de combien tu vas écoper», lui dit l'un d'eux. Yassine descend de la voiture et retourne chez lui, presque heureux d'avoir échappé à la prison pour trafic de cigarettes de contrebande. Une fois à la maison, il sort de sa torpeur. Plus de cartouches de cigarettes, plus de portables ni de téléphone fixe. Yassine découvrira aussi que les 110.000 DH qu'il cachait soigneusement dans une boîte avaient disparu. Les bijoux en or de sa femme aussi. Aux bords de la folie, Yassine se dirige vers le commissariat de police pour raconter ce qui lui est arrivé. Il narre son histoire et donne quelques signalements. Il lui a fallu un bout de temps pour qu'il comprenne qu'il a été victime d'une arnaque et que les trois individus qui l'ont embobiné n'étaient pas des policiers. L'enquête a commencé par la recherche d'un soupçon de piste. Car d'autres plaintes ont été déposées dans ce sens. C'est l'un des portables de Yassine qui trahira les malfaiteurs. Parce que ces derniers, lorsqu'ils ont volé les deux téléphones cellulaires de la maison, n'ont pas changé de puce. Ils les ont utilisés dans l'état. Aussi ont-ils été localisés et arrêtés. Passant aux aveux, les trois malfrats ont déclaré qu'ils ont mûrement réfléchi à une manière d'arnaquer les gens. La meilleure était pour eux de se faire passer pour des policiers. Pour réaliser ce projet, ils ont commencé par acheter des habits corrects, une paire de menottes à 600 DH et ils ont loué la Fiat Palio à laquelle ils ont modifié les numéros de la plaque d'immatriculation. Pour faire croire à leurs proies qu'ils étaient de véritables policiers, ils avaient monté un scénario qu'ils ont enregistré sur une cassette audio. Ainsi, lorsqu'ils accostaient quelqu'un, l'un d'eux actionnait le bouton marche et la cassette ressemblait à un poste-radio de liaison avec la salle de trafic des commissariats de police. «Allo. Contact est pris avec l'unité 5. La voiture 17 est sur la route telle pour opération vol. Maintenez contact…etc». La proie restait bouche-bée. Leur technique marchait à merveille sur les couples, avec des trafiquants d'alcool « Guerraba » à la sortie des supermarchés…Ils s'attaquaient aussi aux buralistes qui vendent les cigarettes au détail. Les sommes demandées variaient entre 150 et 5000 DH. Les mis en cause ont avoué la complicité d'autres personnes. Ainsi, Salah (né en 1976), Abdelhafid (1972), Abdellah (1980), Mohamed (1960), Yassine (1965), Said (1983), Hicham (1981) et Jaouad (1985) ont été déférés devant la Cour d'appel sous les chefs d'inculpation d'association de malfaiteurs, vols qualifiés associés aux circonstances aggravantes, enlèvement et séquestration, torture, vol, usurpation de fonction publique, escroquerie et violation du domicile d'autrui. à noter que la plupart des accusés sont des illettrés. Salah, par exemple, a déclaré avoir vécu à la campagne entre dix frères et sœurs. Né à Douar Yacoub à Bouznika, il a été cultivateur pendant un moment et a vite fait de céder après la rencontre de Abdelhafid dit « Jilou », un couturier. Depuis, Salah s'adonnait à l'escroquerie et au vol. En 1996, il a écopé à Ben Slimane de deux ans de prison ferme pour usurpation de fonction. En 1999, trois mois de prison ferme à Oukacha pour trafic de stupéfiants et usurpation de fonction aussi. En 2002, huit mois de prison ferme pour escroquerie et usurpation de fonction. Tout laisse croire que ce multirécidiviste n'est pas prêt d'arrêter, à moins qu'un miracle se produise !