La Commission du 11 mars a révélé que José Maria Aznar, l'ex-président du gouvernement espagnol, détient toujours des documents importants qui lui ont été transmis peu après le 11 mars par la Commission nationale d'investigation. Ces pages dites «secrètes» peuvent inverser les données lors du procès du 15 février à Madrid. C'est Gaspar Llamazares, porte-parole de la Gauche Unie (Izquierda Unida), membre de la Commission du 11 mars, qui a exigé lors d'une intervention télévisée que «José Maria Aznar remette dans les plus brefs délais les documents de la Commission nationale d'investigation qu'il a en sa possession». Un impératif de taille si l'on prend en compte que lesdits documents sont qualifiés par la police scientifique comme «une mine d'informations». Le porte-parole de la Gauche Unie a qualifié d' «aberration» qu'Aznar se soit «approprié» des documents secrets de l'Etat. Ce dernier avait confessé à une radio colombienne qu'il détenait encore des documents de la CNI et qu'il ne comptait pas les divulguer. De quel droit ? Est-ce un secret d'Etat ou une entrave à l'enquête et au procès qui démarre ? C'est le sujet de plusieurs débats qui secouent la classe politique espagnole. Les autres partis représentés au sein de la Commission du 11 mars n'ont pas tardé à monter au créneau : pour le PSOE, c'est une autre preuve que «le PP a considéré l'Etat comme sa cour». Pour la Gauche Unie «le comportement d'Aznar cherche à cacher des éléments à la commission» et témoigne du «modèle autoritaire» pratiqué par son parti durant huit ans. Ce qui a donné lieu à une étrange confrontation avec Alberto Saïz, directeur de la Commission nationale d'investigation. Voici en exclusivité le détail de l'échange entre Jordi Jane, Alberto Cuesta, Vicente Martinez Pujalte et Alberto Saïz : Jordi Jane (Izquierda Unida) : Savez-vous si l'ex-président du gouvernement détient en son pouvoir des documents de la Commission nationale d'investigation ? Alberto Saiz : J'ai interpellé le 20 juillet l'ex-président Aznar pour qu'il jette la lumière sur ses déclarations qui se réfèrent à des documents ou à des informations sur le 11 mars qu'il détiendrait sans les avoir jamais communiqués. S'il s'agit de documents, il doit les rendre pour étude. (Alberto Saiz explique alors la procédure d'envoi de documents secrets aux plus hauts responsables de la Moncloa). Lorsque nous élaborons un document, nous désignons les destinataires qui ont le droit de connaître son contenu. A partir de là, ceux qui le reçoivent ont des obligations vis-à-vis de ces documents. Ils n'ont pas de raison de le détruire, n'ont pas le droit de le reproduire ni de le dévoiler… Jordi Jane : (en allusion aux dérapages de la police quant à la surveillance de Rafa Zouheir qui avait évoqué l'achat d'explosifs par des personnes suspectes plusieurs mois avant le 11 mars) Comment s'effectuent les contrôles des écoutes téléphoniques ? Alberto Saiz : Toutes les écoutes téléphoniques effectuées ont reçu l'aval et l'autorisation du ministère de la Justice. J'ai personnellement supervisé toutes les demandes de placement sur écoute téléphonique… Alvaro Cuesta (PSOE) : Quel est le niveau de risque pour de nouveaux attentats islamistes en Espagne ? Alberto Saiz : L'Espagne n'a pas cessé de représenter un objectif pour le terrorisme islamiste. Et il est impossible d'écarter à l'heure actuelle qu'un groupuscule ait la volonté de planifier un attentat en se servant de cellules dormantes insérées dans notre société. Vicente Martinez Pujalte (PP) : Avez-vous remis au gouvernement l'intégralité des rapports et des notes élaborés par le CNI entre le 11 et le 14 mars ? Alberto Saiz : Nous avons remis toutes les notes que la loi permet. La loi établit ce qui peut être communiqué et ce qui ne peut pas l'être. J'ajoute que je ne confirme ni n'infirme aucune certitude sur les documents et notes qui ont effectivement été remis à la Commission ou qui ne lui ont pas été remis…