Capital-risque marocain Un nouvel outil de capital-risque vient de voir le jour à Casablanca. Baptisé SINDIBAD, ce fonds d'amorçage pour les entreprises en création ou en phase de démarrage de leurs activités, est mis en place à la faveur d'un partenariat d'excellence noué entre la Caisse de dépôt et de gestion marocaine et la Caisse de dépôt et consignation française. Uneinitiative salutaire et une expérience prometteuse, dirait-on, qui vont ouvrir la voie à une multiplication de ce type d'outils de financement encore inexistants au Maroc. La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) marocaine et la Caisse de dépôt et consignation (CDC) française, via sa filiale CDC PME, innovent pour favoriser, soutenir et accompagner l'innovation et les créateurs d'entreprises. Elles s'associent dans l'excellence et lancent un fonds d'amorçage, SINDIBAD, pour financer les jeunes entreprises innovantes. En partenariat avec deux grands groupes marocains, l'ONA et Maroc Telecom, et la Banque européenne d'investissement (BEI), les deux caisses viennent ainsi de constituer et de mettre en place le premier fonds d'amorçage au Maroc. SINDIBAD, doté de 50 millions de dirhams, se propose d'opérer des mises de fonds moyennes de 1,5 million de dirhams dans une jeune pousse, en création ou en phase de démarrage, en prenant au maximum 35% du capital. “Le fonds aura son existence juridique et sera opérationnel d'ici à la fin du mois de septembre” souligne Noureddine Tahiri, de la CDG. L'équipe de gestion est en cours de constitution. Elle aura la charge, précise-t-on, d'accompagner techniquement et financièrement les jeunes entrepreneurs, porteurs d'idées créatrices de richesse. En effet, elle ne se contentera pas d'apporter que des ressources financières, elle fera bénéficier les entreprises de ses multiples compétences. L'étude des dossiers de financement sera réalisée par un comité d'investissement, lequel est désigné par les actionnaires et composé entre autres par des entrepreneurs et des financiers. Les différents membres du comité seront amenés à juger de la fiabilité du projet, de son aspect novateur, de sa faisabilité, de sa rentabilité moyenne et de la compétence de l'équipe dirigeante. Par entreprise innovante, l'équipe de gestion du fonds désigne “toute entreprise ou projet d'entreprise reposant sur le développement de service, procédé technologique ou industriel novateur dont la viabilité repose sur un savoir-faire original et/ou sur des titres de propriété intellectuelle”. Il n y a pas de limitation des domaines dans lesquels peuvent exercer les entreprises candidates à un financement : le fonds est multi-sectoriel. Les 50 millions de dirhams dont est doté le fonds dans cette première phase pourront être augmentés par la suite, au fur et à mesure des nouvelles opportunités de financement qui se présenteront au comité d'investissement. La présentation du fonds a été faite lundi 9 septembre, au cours du séminaire organisé par les deux caisses sur l'investissement et le développement durable. Quelques participants, fervents défenseurs des pensées moutonnières, soutenaient dans les coulisses que le fonds est créé uniquement pour financer les entreprises des connaissances et fils de familles des promoteurs du fonds! Ils avançaient que l'opacité est de mise et qu'il est impossible d'être de la partie sans être un de ses faiseurs. À ces propos tenus en marge de ce colloque, l'équipe de gestion du fonds répond que le comité d'investissement est là pour prévenir tout dérapage ou gymnastique du genre. “ Le fonds SINDIBAD est créé pour soutenir et financer l'entreprise de tout entrepreneur porteur d'un concept nouveau pouvant générer de la richesse” note Tahiri. Et d'ajouter que “ l'objectif du management des deux caisses est de montrer l'utilité de ce type de fonds, inexistant jusqu'à aujourd'hui au Maroc, afin de créer une dynamique pouvant amener d'autres établissements financiers nationaux, bancaires ou non bancaires, à mettre en place des structures similaires”. L'idée de créer un fonds d'amorçage est venue après qu'il eut été constaté que les capital-risqueurs de la place n'intervenaient qu'en phase de développement d'une entreprise. Et jamais à la création ou au démarrage de ses activités. “ C'est alors qu'il est apparu judicieux au management de la CDG d'exploiter cette niche” souligne Tahiri. Voulant profiter du savoir-faire et de la technicité d'un organisme international dont les équipes excellent dans ces domaines, la CDG a associé la CDC à son projet. Les conditions générales pour bénéficier des financements du fonds sont fixées et connues de tous : projets innovants ; équipe dirigeante expérimentée ; rentabilité moyenne satisfaisante ; une participation à hauteur de 35% dans le capital ; une quinzaine d'entreprises à financer dans une première étape. Les conditions subjectives, elles, seront déterminées en fonction de l'impression que dégage chaque candidat, de son sens de persuasion et bien sûr, de sa capacitéà intéresser l'équipe du comité d'investissement à la faisabilité de son projet. Dans ce petit monde du capital-risque où l'épaisseur du carnet d'adresses se marie rarement avec la ténacité et le sens de la négociation, l'équipe de SINDIBAD veut donc faire l'exception. À bon entendeur salut !