Avec le gap industriel entre le Maroc et les 8 pays de l'Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA), ces derniers étaient réticents à un accord de libre-échange entre les deux parties. Le sommet de Dakar de janvier 2007 permettra de clarifier ce projet resté en stand-by. Les 18 et 19 janvier 2007, se tiendra à Dakar une conférence entre le Maroc et les 8 pays de l'Afrique de l'Ouest, membre de l'Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA) plus la Mauritanie qui n'est plus membre de cette organisation depuis 1973. «Ce forum offre l'opportunité aux pouvoirs publics, d'examiner avec les opérateurs privés les obstacles qui entravent le développement des échanges entre le Maroc et les pays de l'Afrique de l'Ouest. L'objectif étant de faire contribuer toute la région afin de lever ou au moins atténuer ces entraves», souligne un haut fonctionnaire du ministère marocain du Commerce extérieur. Aussi bien du côté marocain que de l'UEMOA, les attentes sont grandes pour faire de cette rencontre un succès marqué par la participation de nombreux opérateurs représentant différents secteurs économiques. Ce qui pourrait déboucher sur des partenariats concrets en matière de transport aérien et maritime, dans les secteurs bancaires, le textile et la chaussure, l'artisanat, les industries de la pêche, les industries électriques et électroniques et les industries pharmaceutiques. Ce sommet, espère-t-on, sera un cadre de concertation et d'échange d'expériences permanent. «Il sera appelé à devenir annuel. On favorisera ainsi une meilleure compréhension mutuelle entre les acteurs économiques des pays concernés», ajoute la même source. Pour rappel, en 2005 les échanges commerciaux entre le Maroc et ces pays ont atteint plus de 2 milliards Dhs, soit un volume faible (0,7% du commerce extérieur marocain). Et ce montant est appelé à évoluer positivement. Accord de libre-échange Le gap industriel et technologique qui existe entre le Maroc et les pays de l'UEMOA n'est pas étranger au retard de ratification d'un accord de libre-échange entre les deux parties. En Afrique de l'Ouest, les opérateurs économiques sont conscients de cette réalité. Ils veulent plus de garantie pour protéger les productions locales. Du côté marocain, on estime que le gap industriel existant entre le Maroc et ses partenaires qui sont des PMA (Pays moins avancés) est pris en compte dans les négociations, étant donné que le principe de l'asymétrie dans l'échange des préférences est retenu. De même les projets de listes en négociation, tiennent compte de la sensibilité de certains secteurs, surtout dans l'UEMOA et répondent au souci de la concrétisation d'une vraie intégration économique entre le Maroc et ces pays. De plus, ceux qui pensent que le projet de l'accord de libre-échange est bloqué, au ministère du Commerce extérieur marocain, on répond : « On ne peut pas dire, pour l'instant, que ce projet est bloqué. Après une pause, les négociations pour la mise en place d'un Accord Commercial et d'Investissement ont été relancées en novembre 2005, à l'occasion de la visite au Maroc de Soumaila Cissé Président de la Commission de l'UEMOA. Un autre round a eu lieu en juillet 2006 à Ouagadougou. Ces négociations seront poursuivies durant le 1er trimestre 2007 en vue de finaliser l'Accord».Par ailleurs, il est à rappeler que les 34 PMA d'Afrique, dont les pays membres de l'UEMOA, bénéficient depuis 2001, de l'initiative royale portant sur l'exonération totale de droits d'importation pour une liste de produits de base regroupant : le bois, le coton, le café, les peaux brutes, le cacao, l'ananas, les goyaves, les mangues, les noix de coco, l'or et le diamant.Au niveau du ministère marocain du Commerce extérieur, on préfère parler plutôt de projet d'Accord Commercial et d'Investissement (ACI). D'ailleurs, ce projet d'accord en négociation depuis 2000 porte sur l'échange de préférences tarifaires dans le cadre des listes de produits. L'ACI est un instrument juridique important de nature à développer et diversifier des échanges avec les pays de l'Afrique de l'Ouest, étant donné qu'il prévoit des préférences tarifaires permettant l'amélioration de l'accès aux deux marchés respectifs. Il comporte également des dispositions visant la levée des barrières non tarifaires qui entravent les échanges. Au niveau du partenariat économique, le projet d'accord prévoit des dispositions visant l'encouragement et la protection des investissements entre le Maroc et les pays de l'UEMOA. Nouveaux secteurs cible Dans cette région si le Maroc est déjà présent dans la banque (Sénégal, Mali…), le transport aérien et maritime (Sénégal notamment), BTP, pêche, NTIC et le tourisme, on cherche à explorer d'autres niches. Les opérateurs marocains comme le Ministère du Commerce extérieur sont convaincus qu'il existe d'autres possibilités de développement dans d'autres secteurs. C'est particulièrement le ciment, l'assainissement de l'eau, les travaux d'ingénierie et d'infrastructure, le matériel électrique, les produits pharmaceutiques, la céramique, des voitures et des pièces détachées pour véhicules. En ce qui concerne la carence au niveau des complémentarités industrielles, on estime que les possibilités de relances ne manquent pas. Toutefois, on indique du côté marocain que pour le développement de l'initiative privée, il est nécessaire d'avoir un cadre juridique qui offre des horizons pleins de promesses pour le commerce et le partenariat. Ce dispositif juridique a été renforcé lors de la dernière visite royale au Sénégal en novembre 2006 par la signature d'un accord sur l'encouragement et la protection réciproque des investissements, d'une convention-cadre de coopération et d'assistance technique dans le domaine de la réglementation de l'organisation du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), d'un accord de coopération en matière de protection civile, d'un accord portant sur le transport aérien et de l'avenant n°2 relatif au plan de progrès et d'amélioration de la société Air Sénégal International.