Après l'assassinat du ministre libanais, Pierre Gemayel, et les quatre attentats dans la ville Al-Sadr à Baghdad, ces actes qui ont coûté la vie à plus de 200 personnes civiles, on ne se demande plus dorénavant à qui profitent ces crimes. De toute manière, ni les enquêteurs irakiens ni leurs homologues libanais, aidés par des dizaines d'experts, venus de tous les coins du monde, n'ont réussi jusque-là à mettre la main sur un seul de ces criminels hors normes. Ce qui est incompréhensible. Concernant le Liban, les dirigeants politiques du mouvement dit du 14 mars, actuellement au pouvoir, accusent rapidement, sans même avoir la moindre preuve, la Syrie. Ils sont relayés de suite par le président des Etats-Unis en personne. Ce dernier ne se contente pas de prendre Damas pour cible, mais lui rajoute l'Iran. Quant à ce qui se passe en Irak, les uns accusent les «équipes de la mort», les autres, le mouvement d'«Al-Qaïda». Ce, alors que ce cirque meurtrier se poursuit non-stop depuis maintenant plus d'un an. Les forces d'occupation dont le nombre est équivalent à 150 000 soldats, sans compter les milliers d'agents d'espionnage et de sécurité présents sur le terrain, qui n'arrivent jamais à intercepter un kamikaze ni un groupe de ceux qui enlèvent par centaines des innocents chaque jour, dont on trouve plus tard les cadavres naviguer sur les eaux du fleuve de Dijlah. Après avoir ouvert la boîte de Pandore en destituant le régime de Saddam Hussein en Irak, ce qui a permis, d'une part, à tous les services de renseignements du monde de s'y installer, ils ont, d'autre part, fait la même chose avec l'assassinat de l'ancien premier ministre, Rafic Hariri, pour assurer le retrait des troupes syriennes du Liban. L'objectif, est d'instaurer la démocratie dans le premier pays arabe, et la récupérer dans le deuxième. Malheureusement, ces deux Etats sont aujourd'hui très loin de ce but, mais plutôt à deux doigts de la guerre civile. La facilité avec laquelle a été assassiné le fils Gemayel, en plein jour, dans son fief, à bout portant à visage découvert, laisse trop d'interrogation. Ce qui confirme la thèse de l'existence des services de renseignements du monde entier dont les intérêts s'accordent et divergent. Une raison pour affirmer qu'un acte aussi odieux ne pouvait être exécuté que par des professionnels à la solde de ces services. Idem pour les quatre voitures piégées qui avaient explosé à quelques minutes prêts après avoir traversé les barrages et les points de contrôles dressés par l'armée américaine et les forces de polices irakiennes. En ayant recours à ces professionnels, les commanditaires de ces assassinats et attentats ne prennent, d'un côté, aucun risque d'implication au cas où il y aurait le moindre pépin ; et, de l'autre, ils sont quasi-certains que le succès de ces opérations meurtrières est garanti. Pour preuve, 99% de ces actes ont réussi, et l'échec de 1% n'a jamais laissé de traces permettant de remonter la piste pour arriver aux donneurs d'ordre. Il est donc inutile de s'interroger sur la nationalité des tueurs, moins encore de se demander à qui profite les crimes. De toute manière, personne n'aura jamais la réponse, plus encore dans un proche avenir où les situations se compliquent, et où le nombre d'intervenants ne cesse d'augmenter. En Irak, les Occidentaux feront tout pour préserver leurs intérêts géostratégiques. Idem pour les pays voisins qui, à plusieurs reprises, ont fait savoir qu'ils n'accepteront guère que le pays des Rafidaïnes se transforme en tremplin visant leur stabilité voire leurs régimes. Au Liban, la donne est différente. Ces Occidentaux, les voisins, la Syrie et Israel, les forces régionales arabes, veulent tous tenir un bout de la carte libanaise afin de l'utiliser, soit pour faire pression les uns sur les intérêts des autres ; soit pour garder la région dans une phase de tensions permanentes. La situation au Moyen-Orient n'a donc pas tendance à se stabiliser dans le court terme. De ce fait, il faut s'attendre maintenant à plus d'assassinats, plus d'attentats. Cela ne s'arrêtera désormais pas au Liban et en Irak. C'est ce qu'affirment beaucoup de diplomates en poste à Beyrouth. La guerre contre l' «Islam Fasciste», la défense farouche des intérêts en Irak, la libération des occupants américains, britanniques et autres en Irak et Afghanistan, et Israéliens en Palestine, sont des alibis suffisants pour des assassinats, des attentats, et même des guerres dans la région. Dans cette foulée, les professionnels, tueurs et marchands d'armes seront là pour répondre aux besoins.